Nous avons fait le choix de repartir d'un conflit social particulier, celui ayant opposé travailleurs de l'entreprise de verrerie Splintex (Groupe AGC Automotive) à leur direction suite à l'annonce de la restructuration du site de Fleurus en 2005. Nous aurions pu nous pencher sur d'autres conflits récents ayant égrenés l'actualité de ces 10 dernières années: Renault Vilvorde, Arcelor Liège, SABENA, VW Forêt, etc. Le mouvement entrepris par Splintex Fleurus, conflit au long court (105 jours de grève) avec occupation de l'usine est néanmoins resté peu médiatisé. Dans le cadre de notre mémoire, nous avons pu rencontrer plusieurs jeunes militants FGTB et CSC salariés ou ex salariés de cette entreprise, deux ans après les événements. C'est à leurs témoignages, leurs critiques que nous nous intéresserons.
La rencontre avec ces jeunes acteurs syndicaux met en avant un conflit singulier (par sa longueur) et cependant marqué par de nombreuses lignes de similarité vis-à-vis des contextes plus récents de VW Forêt et Opel Anvers. L'incertitude de l'engagement syndical basiste et la morosité face à des lendemains qui déchantent ressort des propos récoltés lors des entretiens ainsi que de l'ouvrage publié par un collectif de militants FGTB et CSC ayant pris part à l'occupation de l'entreprise.
[...] Notre réalité est multiple et les personnalités sont à choix multiples. Avant quelqu'un était travailleur et avait une culture de travailleur et le message était simple à faire passer aujourd'hui t'es travailleur, t'es aussi consommateur, on consomme et par nos actes de consommateurs on participe à plein d'injustices sociales : nord-sud, écologique, et puis t'es pas seulement ça, tu travail tu as une assurance groupe, peut être une pension privée donc indirectement tu fais partie directe du système capitaliste mais heu . [...]
[...] Ceux-ci se montrent désemparés par les nouveaux impératifs de flexibilité. Ils mettent en avant la compétence, le savoir faire, le travail d'équipe bien fait, l'efficacité; les nouvelles logiques de l'entreprise leur répondent par la compétitivité entre travailleurs au sein de team restreints, la démarche qualité faisant de chaque team, voire de chaque OS ou OQ (renommés "opérateurs") le client mais aussi le concurrent de ses pairs, ou encore par le fonctionnement en flux tendus. Avant de se caractériser par une rupture avec les grandes idéologies, la postmodernité révèlerait une rupture avec les anciennes institutions au premier rang desquelles on retrouvait l'entreprise de type fordienne. [...]
[...] ) il y a des théories chez les maîtres du monde, les dominants, les cosmocrates comme tu veux . qui disent que la société future au niveau global ce sera les 20% inclus dans le circuit de production, de travail au niveau mondial et les 80 autres % il faut les entretenir quoi les "mettre au sein" et qu'ils la ferme qu'ils consomment, ça c'est la réflexion des élites et face à ça, c'est difficile de reconstruire un rapport de force. La question c'est comment on voit la société? [...]
[...] Pour ce dernier: Partout, les nouvelles donnes de la vague néolibérale créent un repli sur soi, une nécessité de répondre aux problèmes immédiats et quotidiens, un individualisme promu comme valeur fondamentale d'une société performante ou au contraire fruit d'une volonté de survie. Il en résulte un certain cynisme vis-à-vis des solidarités7. Le développement de ces formes de subjectivités plus individualistes met en question les formes de solidarités ayant longtemps prévalu dans le cadre du mouvement syndical: Le problème aujourd'hui, c'est que la solidarité, c'est pas ça qui te fais bouffer quoi! C'est un grand problème : avec la grève chez AGC Splintex ben l'entreprise au bout d'un moment ça été loin quoi! [...]
[...] La vie n'est pas une fatalité, je pense que chacun a un rôle à jouer pour faire changer les choses en mieux. L'avenir pour moi, c'est d'aligner les pays où les travailleurs sont exploités sur notre modèle de démocratie et de sécurité sociale et pas le contraire. Je n'ai pas envie de m'aligner sur les gens pauvres . ce que je veux, c'est qu'ils s'alignent sur nos richesses. Pour atteindre ce but au comité TSE on a un outil: internet. L'organisation dont j'aimerais me revendiquer ce serait Résistance Ouvrière Universelle. [...]
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