L'utilisation du terme socialisme est avérée dès le XVIIIème siècle. Ce n'est qu'à partir de 1830 qu'il est couramment employé cependant, reflétant l'essor des théories qui se rattachent au socialisme dit utopique. L'industrialisation que connaît la France à partir des années 1830 constitue un facteur favorable à l'essor du socialisme. Un nouveau mode de production fondé sur la recherche du profit et qui s'appuie sur les théories du libéralisme économique, se développe. Il s'ensuit des mutations considérables sur le plan social : l'ère de la production de masse liée à la mécanisation transforme les conditions de travail de la main d'oeuvre, soumise à une accélération des cadences, à l'intensification de la production.
C'est la prise en compte des conditions d'existence désastreuses de ces populations qui alimente la pensée des socialistes utopiques.
A sens strict, le socialisme renvoie aux théories qui visent à rénover l'organisation sociale dans un but de justice. Cette définition très générale n'épuise pas toutefois la diversité des courants socialistes. Plutôt que d'un socialisme, il convient en effet de parler de socialismes au pluriel. Les adjectifs qui leur sont liés servent à les identifier : on parle ainsi d'un socialisme utopique, d'un socialisme révolutionnaire, réformiste, libertaire, etc.
Ce cours visera donc à décliner ces différents courants du socialisme. L'un des axes qui sera développé consistera à expliquer comment l'on passe entre le début du XIXème siècle et 1914, date terminale de ce cours, de la dispersion à une unité relative symbolisée par la création du parti socialiste-SFIO en 1905. Au début du XXème siècle, les socialismes français (courant réformiste et révolutionnaire) coexistent en effet au sein de ce parti, qui reste un parti de tendances, mais offre un visage uni. Seul en fait le courant anarchiste maintient son autonomie à l'égard de la SFIO au début du XXème siècle, constituant un courant à part.
Comment cette unification s'est-elle réalisée ? Comment les différents courants du socialisme ont-ils été absorbés au sein d'un parti unique ? Quelles sont les étapes de ce rapprochement ? Quel rôle ont joué les grandes figures de la pensée socialiste dans ce processus ? (...)
[...] Babeuf prône en effet la prise de pouvoir par un acte révolutionnaire. Il se fixe donc un triple objectif : réaliser un coup d'Etat violent pour mettre à bas le pouvoir politique en place le Directoire) : permettre ainsi au peuple d'exercer une dictature ; mettre en œuvre une réforme agraire ayant pour but l'abolition de la propriété privée. Egalitarisme et communisme agraire sont les maîtres mots de la pensée de Babeuf. Pour réaliser son programme, il met sur pied une conspiration dite des Egaux 4 qui regroupe une poignée d'hommes comme Sylvain Maréchal et l'Italien Philippe Buonarroti. [...]
[...] C'est à cette occasion qu'il découvre la grande industrie et la classe ouvrière. En 1834 il s'installe à Paris et devient journaliste. En 1839 il fonde La Revue du progrès ; il y publie un article intitulé L'organisation du travail, qui est un gros succès au point qu'il le publie l'année suivante (en l'augmentant) sous la forme d'un livre. Cette publication connaît à son tour le succès : il y aura dix éditions avant 1848. Louis Blanc gagne une grande popularité parmi les ouvriers, ce qui est exceptionnel parmi les utopistes. [...]
[...] Il a évolué vers le socialisme au contact de la misère ouvrière. Pour Cabet en effet, la société industrielle engendre une forme d'esclavage moderne, l'ouvrier étant dépendant du patronat. Le symbole de cette domination qui s'exerce d'une classe sur une autre reste le SALAIRE, qui est pour Cabet l'instrument de la puissance du patronat. L'ouvrier privé ainsi de liberté est en outre placé en situation de concurrence par rapport aux autres ouvriers, dans la mesure où le patron fixe les salaires lui-même et peut donc les diminuer. [...]
[...] Cet optimisme dans la bonté de la nature de l'homme va de pair avec une confiance accordée à la raison et au progrès. Une autre des idées communes aux Lumières comme aux utopistes est enfin l'idée des inégalités sociales qui prévalent dans la société. Les Lumières n'abordent toutefois ces questions que du point de vue moral. Ils ne proposent pas de solutions réelles, notamment sur le plan social, alors que les utopistes sont soucieux d'élaborer des réponses censées régler le problème des inégalités exacerbées par la Révolution industrielle. [...]
[...] Des idées socialistes au socialisme utopique L'influence de la pensée des Lumières L'une des questions qui hante les philosophes au XVIIIème siècle est celle de la réalisation du bonheur sur terre. Les solutions mises en œuvre par les utopistes pour soulager la misère ouvrière doit être resituée dans le sillage de cette ambition, héritée des Lumières. Les utopistes partagent également avec les Lumières leur optimisme. Rousseau surtout a contribué à enraciner l'idée que l'homme est bon par nature. Selon Rousseau, c'est la société qui l'a corrompu en instaurant une organisation politique et sociale qui engendre le vice. [...]
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