Enfants et guerres, protection de l'enfance, humanité, génocide, meurtres, enlèvements, conflits armés, violence sexuelle, enfants soldats, violence, relations intrafamiliales, croyances, personnalité de l'enfant, errance psychique, processus thérapeutique, justice, processus extrajudiciaires, politique, droit d'asile
La prise de conscience de la présence des enfants dans les guerres est récente en dépit de l'ampleur du phénomène. Au cours de la dernière décennie, les guerres ont fait de nombreuses victimes parmi les enfants : deux millions d'enfants tués, six millions de blessés, un million devenus orphelins. Aujourd'hui même, au Darfour, des enfants sont victimes de meurtres, de viols, d'enlèvements. Il existe pourtant des instruments juridiques de protection de l'enfance.
Dans ce colloque, deux figures emblématiques ont été évoquées : les enfants victimes de violence sexuelle et les enfants soldats.
[...] La question des enfants soldats pose cependant un dilemme à la justice. D'un côté, les enfants ne sont pas censés posséder en principe la capacité de discernement suffisante pour les tenir pleinement responsables de crimes qu'ils auraient pu commettre lors de conflits armés ; d'un autre côté, les atrocités qu'ils peuvent commettre et la considération des victimes plaident pour une reconnaissance de leur responsabilité pénale. Conformément à son statut, la CPI est incompétente pour juger les enfants ; la tâche incombe donc aux juridictions nationales. [...]
[...] Leur surgissement vient rompre la chaîne signifiante du psychisme de l'enfant, créant un traumatisme. L'enfant est confronté à un évènement qui ne fait pas sens, qu'il lui est impossible de se représenter. Au-delà du traumatisme spécifique, les guerres viennent détruire les croyances fondamentales de l'enfant, notamment la croyance en la toute- puissance des parents. Les guerres font ainsi éclater les relations intrafamiliales ; les enfants se mettent à détester ces parents qui n'ont pas su le mettre à l'abri, qui n'ont pas su fuir la guerre quand il était encore temps. [...]
[...] Le combat pour les droits est ainsi fondamental. VI. Agir pour une meilleure protection des enfants Pour que ce colloque ne soit pas simplement un colloque de plus, il faut donc désormais agir pour une meilleure protection des enfants. Myriam Costa, pédiatre et référente du groupe enfance de Médecins du Monde, a émis à la fin du colloque une série de dix recommandations : - exiger que les besoins psychologiques et sociaux des enfants soient intégrés, au même titre que leurs besoins physiques, dans les programmes d'aide en temps de paix ; - interdire et sanctionner l'enrôlement des enfants de moins de dix-huit ans dans les troupes armées ; - protéger les enfants des violences sexuelles et du sida dans les situations de conflits et prendre en charge ceux qui en sont victimes ; - accorder une protection particulière aux enfants qui sont victimes de situations de conflits ou de crises internes dans leur pays d'origine, à travers le droit d'asile notamment ; - créer un centre d'information et de formation pour les professionnels travaillant en France auprès d'enfants issus de zones de conflits ; - instaurer un défenseur européen des enfants ; - faire de la place de l'enfant dans la société et du respect de ses droits, un indicateur d'alerte précoce ; - réclamer une meilleure prise en charge des enfants victimes de guerre dans les politiques d'aide européennes ; - exiger l'application des textes existants concernant la protection des enfants victimes de conflits armés ; - créer un observatoire indépendant sur les enfants dans la guerre. [...]
[...] La question qui ne manque pas de se poser est celle de la place des jeux de guerre. N'est-il pas néfaste pour des enfants traumatisés par la guerre de reproduire des situations de violence dans leurs jeux ? Il semble en fait que si les jeux de guerre ne sont pas à encourager, ils sont utiles lorsqu'ils permettent d'exorciser la violence subie et d'exprimer les peurs. Il y a en revanche danger lorsque les jeux de guerre deviennent répétitifs et traumatiques, et que s'efface la frontière entre le réel et le symbolique. [...]
[...] Les mineurs étrangers qui fuient des zones de conflit arrivent en France généralement dépourvus des documents exigés par l'administration française (passeport, visa, etc.). Ils peuvent alors faire l'objet d'un refus d'entrée sur le territoire. Ils sont maintenus en zone d'attente pendant que leur demande d'asile est examinée. En 2003, plus de 94% des demandes d'asile à la frontière ont été déclarées « manifestement infondées » et ont débouché sur le renvoi des intéressés. De nombreux enfants sont ainsi refoulés avant même d'avoir pu expliquer en détail leur situation. [...]
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