A peine réélu en 1995 Président de la République du Pérou avec une majorité de 64% des voix, Alberto Fujimori commence alors à prendre des décisions radicales concernant le contrôle de la natalité. Le calcul d'Alberto Fujimori serait simple : pour réduire la pauvreté, il faut réduire le nombre de naissances par femme, surtout des plus pauvres. C'est là la base de la politique dite AQV (Anticoncepción Quirúrgica Voluntaria), lancée par Alberto Fujimori le 9 septembre 1995 devant le Congrès péruvien par le dépôt d'un projet de loi modifiant la « loi de politique nationale sur la population » du 14 février 1985. Dans le texte adopté par le Congrès le 10 novembre 1995, la stérilisation est conçue comme un moyen de réguler l'augmentation de la population péruvienne au même titre que l'usage de la pilule contraceptive, la pose d'un stérilet ou même l'usage du préservatif. L'art. VI de la loi de 1985, non modifié, prévoyait l'incitation et la récompense matérielle des personnes limitant, par ces moyens, le nombre d'enfants dans leur foyer.
[...] D'autre part, en réaction à la position catholique, les associations de féministes ont soutenu avec une certaine vigueur le programme du Président Fujimori en estimant que lui seul permettait aux femmes péruviennes de toutes les catégories sociales de choisir leur fécondité. Il semble que même lorsque les premières stérilisations forcées ont été dénoncées, ces associations ont maintenu leurs positions tout en dénonçant les abus. En parallèle à cette dénonciation institutionnelle, d'autres mouvements de la société civile ont manifesté leur opposition, voire ont fait acte de résistance. [...]
[...] Jusqu'à la première transition démographique des années 1965, les taux de fécondité étaient élevés, comparables à ceux de l'Europe de l'Ancien Régime, à savoir de l'ordre de 6 à 7,5 enfants par femme en âge de procréer. Cette forte natalité a perduré jusque dans les années 1965 et entraîna, conjuguée à la chute de la mortalité infantile depuis les années 1930, une forte augmentation de la population de 1940 à 1965. La première transition démographique concerna essentiellement les populations urbaines et socialement favorisées. [...]
[...] Sa fuite au Japon avait pour but d'éviter l'incarcération qui faisait suite aux poursuites judiciaires que la destitution pour crime contre l'humanité, prévue par la Constitution péruvienne, entraînaient automatiquement. Le Japon a alors refusé d'extrader Fujimori, malgré la demande du Gouvernement péruvien en septembre 2003, arguant de l'impossibilité d'extrader un citoyen japonais en l'absence de convention bilatérale d'extradition entre les deux pays. En mars 2003, le Juge de la Cour suprême José Luis Lecaros lançait un mandat d'arrestation internationale par le biais d'Interpol, espérant que Alberto Fujimori quitte un jour le Japon et soit arrêté dans un aéroport international. [...]
[...] Lorsque Fujimori lance son projet de loi modifiant la loi de politique nationale sur la population , la couche moyenne voit d'un oeil bienveillant l'ouverture des moyens de contraception aux couches les plus défavorisées pour enrayer une natalité prolifique considérée comme un obstacle au développement. La loi du 10 novembre 1995, qui présentait la stérilisation comme un moyen de contraception alternatif à l'usage de la pilule contraceptive, la pose d'un stérilet ou même l'usage du préservatif, ayant conservé les incitations matérielles prévues à l'art. VI de la loi de 1985, la couche moyenne de la population ne trouva rien à redire. [...]
[...] A partir des années 1965, légaux ou non, l'avortement ainsi que la stérilisation, plus radicale, ont influé de façon significative la fécondité urbaine dans tous les pays, la fécondité rurale restant importante. Si en vingt ans, la plupart des pays d'Amérique Latine avaient entamé une transition significative, le Pérou connu un retard de 5 à 10 ans par rapport à ses voisins. C'est au début des années 1990 que les milieux ruraux et les milieux les plus défavorisés (souvent les mêmes) du Pérou ont vu leur taux de fécondité réellement baisser grâce aux moyens de maîtrise de la fécondité offerts par les planning familiaux, subventionnés jusqu'à la gratuité. [...]
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