A l'époque où Tozzi écrit cet article, on voit émerger de nouvelles interrogations concernant l'enseignement de la philosophie. Cette discipline traditionnellement réservée à une élite connait pour la première fois une diffusion de masse et cela s'avère problématique. Pour la première fois le prestigieux enseignement se trouve confronté à la diversité culturelle de ses enseignés. Ne doit-il donc pas envisager de s'organiser autrement ? Comme le souligne Chervel, historien des disciplines scolaires, une discipline modifie ses contenus soit parce que ces derniers doivent être renouvelés, actualisés (les enseignements d'ordre scientifique par exemple), soit parce que son public l'exige. A l'époque où Tozzi écrit cet article, il semblerait que la philosophie connaisse cette deuxième inflexion.
Mais la massification scolaire et la diversification du public accueilli en classe de terminale n'expliquent pas à elles seules l'intérêt suscité par une didactique de la philosophie. Comme toutes autres disciplines, la philosophie est soumise à "l'irrésistible développement" des didactiques des disciplines. Comme le montre notre auteur, à l'époque où il écrit cet article, divers points de vue s'opposent sur cette question : il y a ceux qui considèrent que la philosophie est sa propre didactique puisqu'elle interroge directement celui qui s'y intéresse et met en branle chez lui toute une série de raisonnement et de réflexion ; et il y a ceux qui estiment "qu'il ne suffit pas que la pensée apparaisse pour faire penser". Pour ces derniers, il est nécessaire de concevoir une didactique de la philosophie qui en réalité serait une didactique du philosopher. Pour notre auteur, cette diversité est une richesse à exploiter.
L'hypothèse d'une didactique du "philosopher"
Comme notre auteur en fait l'hypothèse, il y a un véritable écart entre "philosopher devant un élève" et lui apprendre à philosopher. Dans le cadre de son doctorat, il a pris cet écart pour objet d'étude. Au final il propose une "approche des objectifs philosophiques et de leur évaluation", il propose également qu'une "différenciation pédagogique" puisse se mettre en place dans ce cadre il a développé plusieurs hypothèses (...)
[...] Il suffirait cependant d'interroger les enseignants de philosophie pour se rendre compte qu'une telle assertion ne tient pas la route, nombre d'entre eux font en effet le constat du fait qu'une solide connaissance disciplinaire ne suffit pas pour enseigner (en particulier dans certaines sections d'enseignement). La pertinence du modèle didactique Tozzi a isolé trois figures fondamentales du philosopher : conceptualiser, problématiser, argumenter. Mais peut-on décomposer ainsi la complexité de la pensée philosophique, peut-elle réellement réduire cette dernière à un ensemble de processus mentaux qui s'enchaineraient quasi mécaniquement ? [...]
[...] Pour ces derniers, il est nécessaire de concevoir une didactique de la philosophie qui en réalité serait une didactique du philosopher. Pour notre auteur, cette diversité est une richesse à exploiter. L'hypothèse d'une didactique du ‘philosopher' Comme notre auteur en fait l'hypothèse, il y a un véritable écart entre ‘philosopher devant un élève' et lui apprendre à philosopher. Dans le cadre de son doctorat, il a pris cet écart pour objet d'étude. Au final il propose une ‘approche des objectifs philosophiques et de leur évaluation', il propose également qu'une ‘différenciation pédagogique' puisse se mettre en place. [...]
[...] Tozzi fait l'hypothèse que chacun de ces processus comporte une dimension proprement philosophique. Il pose également le fait que chaque processus soit lié aux deux autres. Chacun peut être travaillé indépendamment des deux autres mais le travail fourni s'avère utile pour les trois processus. On pourrait se demander pourquoi ce modèle didactique s'articule autour d'opérations intellectuelles se présentant comme méthodologie de la pensée philosophique'. Tozzi a développé le concept d'objectif-noyau qu'il pose comme un compromis dynamique entre ce que l'on doit apprendre de la discipline ( ) et ce que l'apprenti-philosophe peut en assimiler compte tenu de ses potentialités d'élèves . [...]
[...] Pour Tozzi à l'époque où il écrit l'article, il s'agit là d'un double défi : un défi éthique et politique d'abord, parviendra t-on en effet à assumer pleinement la démocratisation de cet enseignement ? Un défi intellectuel également, car un tel projet nécessite la collaboration étroite entre plusieurs ‘disciplines' universitaires, notamment entre philosophie et sciences de l'éducation, ce qui, nous l'avons vu plus haut est en soi un véritable défi. Bibliographie complémentaire TOZZI .M (sous la direction Apprendre à philosopher par la discussion, Pourquoi ? [...]
[...] Pas vraiment car il s'agit d'abord d'une distinction artificielle qui n'a pas de réalité dans l'acte de philosopher (on conceptualise un objet, on le problématise on ne peut faire cela sans objet). De cette imbrication naît justement l'intérêt d'une didactique qui puisse donner à l'élève des repères, des jalons dans son apprentissage du philosopher. Conclusion : vers une didactique de l'apprentissage du philosopher ? Un défi à la pensée complexe C'est d'abord parce que la philosophie constitue une discipline institutionnalisée qu'elle doit se ‘didactiser'. [...]
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