Parer aux risques de demain, Le Principe de Précaution, Dominique Bourg, Jean-Louis Schlegel, crise environnementale
L'ouvrage présenté ici a été publié en mars 2001, à la suite du Sommet du Millénaire de l'ONU de 2000, dans un contexte de prise de conscience internationale de l'actuelle crise environnementale. Les auteurs reviennent ainsi sur l'histoire de cette prise de conscience collective, tout particulièrement sur l'apparition récente du principe de précaution. Exposant les conditions scientifiques, politiques et juridiques de son usage et « reven<ant> sur ses origines et ses raisons » (p. 13), ils tentent ainsi de démystifier ce terme souvent utilisé à contre-emploi par les médias et les décideurs politiques, notamment à propos des attentats du 9/11 ou plus récemment de la grippe H1N1. Invitant le lecteur à une réflexion éthique sur la notion de risque et de danger (cf. p. 35-40), D. Bourg et J.-L. Schlegel entreprennent à travers cet essai philosophique de « mettre en lumière les enjeux multiples» (p. 175) de la précaution, afin d'élargir la réflexion scientifico-politique à une politique de précaution visant à la « sauvegarde d'une Terre vraiment humaine et bonne à vivre pour les générations <futures> » (p. 180).
[...] les auteurs en appellent ainsi à une politique de précaution. Pour une démocratie écologique[ii] L'expertise est une pièce fondamentale du principe de précaution. Adoptant la même position de non-savoir, elle ne peut éclairer une situation qu'à la vue de ses contradictions. Ainsi, c'est la prise de conscience en retard des grands problèmes d'environnement qui fonde la légitimité du principe de précaution Il revient donc au citoyen et au politique de décider. Face à la perte de légitimité des autorités du savant et du politique (cf. [...]
[...] 146) et requiert la production de nouvelles connaissances pour lever in fine l'incertitude, tout comme le rappelle le rapport Kourilsky-Viney de janvier 2000. Elle s'oppose néanmoins à une certaine idéologie radicale du progrès (cf. III. B.). Pourquoi aujourd'hui un principe de précaution ? A. L'avènement de sociétés du risque (U. Beck) Paradoxalement, le principe de précaution est apparu dans nos sociétés contemporaines qui sont les plus sûres qui aient jamais existées, en termes de santé et de confort matériel (p. 15-22). U. Beck parle cependant de l'avènement de sociétés du risque Ce paradoxe sécurité/risque peut être expliqué par les facteurs suivants. [...]
[...] 150-156) Mais loin de faire consensus, la précaution fait polémique quant à sa définition et l'utilité de sa fonction. A cet égard, les auteurs distinguent quatre significations de la précaution : Une simple approche philosophique inspirant l'action du législateur et du décideur. Tel est le sens retenu par la Communauté internationale. Un principe juridique contraignant de politiques publiques, permettant d'attaquer un Etat en son nom. Reconnue comme telle en Europe, cette vision est cependant rejetée par l'ORD de l'OMC. Un principe fondamental du droit d'effet direct, permettant à un juge ou à une ONG telle que Greenpeace d'incriminer directement les décideurs technologiques. [...]
[...] Ewald, la précaution, loin de renforcer l'autorité de l'Etat, prive la décision publique de sa légitimité. En effet, dans un contexte d'exagération médiatique des émotions, elle place la société dans une situation d'urgence de surévaluation de la menace (ex la grippe H1N1), menant de facto à la déception des citoyens. La précaution renforcerait donc le délitement démocratique. Ainsi, on peut remettre en doute l'efficacité de la démocratie participative au regard du taux d'abstention des dernières élections régionales malgré une offre politique sensibilisant aux problèmes écologiques. [...]
[...] Schlegel entreprennent à travers cet essai philosophique de mettre en lumière les enjeux multiples» (p. 175) de la précaution, afin d'élargir la réflexion scientifico-politique à une politique de précaution visant à la sauvegarde d'une Terre vraiment humaine et bonne à vivre pour les générations (p. 180). Définir le principe de précaution (p. 145-164) 3 De l'origine du principe de précaution (p. 139-144) Le principe de précaution s'est progressivement institutionnalisé en droit international. C'est l'Allemagne qui, en premier, l'a consacré à travers un Vorsorgeprinzip dans les années 60. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture