L’insécurité sociale : qu’est-ce qu’être protégé ? - Robert Castel - sécurité civile, sécurité sociale et problématique du risque

Résumé du document

Robert Castel souligne un paradoxe, auquel il va tenter de répondre dans le développement de cet ouvrage : alors que nous vivons dans une « société assurantielle » garantissant à l'individu un cadre protecteur par le biais d'un système de « protections civiles » (état de droit) et de « protections sociales » (maladie, vieillesse, accidents, etc.), un sentiment d'insécurité habite nos concitoyens. Il évoque (p 6) l'existence « d'une quête sans fin de protections ou d'une recherche éperdue de sécurité » et émet l'hypothèse que ce besoin de sécurité vient mettre à mal le système de protection existant : « Autrement dit, aujourd'hui être protégé, c'est aussi être menacé. Le défi à relever serait alors de mieux comprendre la configuration spécifique de ces relations ambigües protection-insécurité, ou assurances-risques, dans la société contemporaine ».

Extraits

[...] - De mettre en place un dispositif de formation et de mobilité sociale accessible à tous. Et de conclure ce chapitre C'est dans une large mesure selon que le travail sera, ou non, sécurisé que pourra, ou non, être jugulée la remontée de l'insécurité sociale Conclusion R. Castel reprend les points essentiels de son développement, celui de l'inflation du souci de sécurité, de la contradiction entre le tout sécuritaire (l'Etat de droit) et les bases de la démocratie, soit le respect des libertés individuelles (l'Etat social). [...]

[...] - de travailler sur les projets et contrats d'insertion liés à la création du RMI en 1988[14] , plaçant l'individu à priori comme acteur (à noter qu'une très faible proportion de ces bénéficiaires se voient proposer un accompagnement vers l'insertion, constat chiffré, que dénonce l'auteur). R. Castel propose que des collectifs d'insertion, sorte d'agences publiques soient créés. - D'assurer une continuité des droits et de résorber les zones de non- droits visant les plus démunis. Il pointe ici une un paradoxe de ce système en se référant à Tocqueville: le droit aux secours est accordé en raison d'une infériorité et donc la légalise Ainsi, le pauvre aurait des droits de par sa situation de déchéance sociale alors qu'il lui est demandé d'en sortir. [...]

[...] La propriété sociale se substitue à la propriété privée, incluant non pas des mesures d'assistanat, mais un droit construit à partir du travail prémisse d'une sécurité sociale généralisée et instituée par l'Etat au cours du XXe siècle. Une société de semblables La société salariale libérée de son insécurité n'est pas pour autant égalitaire l'égalité de fait selon Harmand) ; ainsi parlerions-nous non pas d'une société d'égaux mais d'une société de semblables dans laquelle l'État a exercé un rôle non pas de redistribution (les inégalités sociales et salariales demeurent) mais de réduction des risques sociaux : un droit à une protection sociale pour tous. [...]

[...] Ainsi assiste-t-on à un glissement de l'Etat social vers l'Etat sécuritaire. Chapitre IV : Une nouvelle problématique du risque ( p 57) Depuis les années 1980, une nouvelle problématique de l'insécurité est apparue suite à l'érosion des systèmes de protection fondés sur la base du travail stable, de sorte que l'insécurité sociale alimente l'insécurité civile. Risques, dangers et dommages L'auteur évoque l'apparition de nouveaux risques liés à la promotion de la modernité (cf Ulrich Beck) et au développement de nouvelles technologies non maitrisées: risques industriels, sanitaires, écologiques, naturels, etc. [...]

[...] La sécurité sociale dans l'Etat protecteur. 25) Mais qu'en est-il du statut social et de la sécurité sociale de l'individu non propriétaire ? La propriété ou le travail Comment passer d'une société où le clivage propriétaires/non- propriétaires se traduit par un clivage sujets de droit/sujets de non- droits , droit recouvrant tant la sécurité sociale que civile ? Robert Castel note deux points essentiels : A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le salariat confère un nouveau statut, comportant des droits et des protections au citoyen travailleur en termes de maladie, retraite, accidents, salaire minimum. [...]