Analyse sociologique du livre de Stéphane Beaud et Younes Amrany intitulé Pays de Malheur. Mise en lumière des difficultés rencontrées par les enfants d'immigrés. Le but n'est pas de juger mais d'essayer de comprendre ces jeunes des cités, déçus, désenchantés qui tombent dans la violence, la drogue, souvent malgré eux.
[...] Il racontera aussi son problème d'identité. Il ne se sent pas marocain mais pas entièrement français non plus. Il est pris entre la volonté de respecter les traditions et celle de vivre une vie adolescente normal sans pourtant en avoir les moyens. Il parlera de sa haine des Français qu'il avait lorsqu'il été jeune et qu'il regrette maintenant. Haine due en partie au désenchantement des jeunes face au chômage de masse et aux difficultés d'intégration, mais aussi par peur d'être francisé et de ne plus avoir sa place dans la cité seul refuge lorsque l'avenir professionnel n'est pas assuré. [...]
[...] Younes nous livre ici un témoignage riche. Il veut que le lecteur arrête de juger et essaye de comprendre ces jeunes des cités, déçu, désenchantés qui tombent dans la violence, la drogue, l'alcoolisme malgré eux. On note qu'au fil du livre une véritable complicité se noue entre Younes et Stéphane Beaud. Younes se confie, on n'a plus seulement affaire à une analyse sociologique mais à un récit de vie, poignant de vérité, de justesse, d'humour et très touchant. L'écriture directe de Younes permet de s'identifier à ce porte-parole d'une génération oubliée en chemin, une génération destinée à ne pas rencontrer l'ascenseur sociale. [...]
[...] La séparation du monde des filles et de celui des garçons dans les cités est d'après lui destructeur. Cette situation de non mixité est très dure à vivre pour les filles qui sont sous contrôle permanent, mais elle est aussi dramatique pour les garçons qui ne connaissent pas assez les filles pour avoir des relations de couple saine. A titre d'exemple il cite son copain Mousse, qui ne s'entend pas du tout avec sa copine possessive mais qui ne se voit pas la quitter c'est cuit mon pote. [...]
[...] Il ne se sent pas concernés par les réunions familiales par exemple. Comme l'écrit Stéphane Beaud, Younes s'efforce de se dépouiller de sa vieille peau sociale de garçon des cités pour endosser celle d'un apprenti intellectuel en voie de conversion vers un autre habitus social mais cela ne se fait pas sans douleur. Younes a bien vécu une double socialisation : celle de l'école qui lui permet de se confronter à sa culture et de l'analyser et celle du quartier profondément contradictoire avec la première. [...]
[...] Au départ c'est la religion qui sera salvatrice pour le jeune homme, mais très vite il se rendra compte des limites des thèses religieuses qu'il apprend plus ou moins par lui même. Intelligent Younes décrochera finalement son bac, une véritable prouesse face au capital social, culturel et économique dont il fut doté. Cependant cette réussite n'est pas acceptée à sa juste valeur dans sa famille, complètement étrangère au monde des études. Sa vie, représentative d'une génération et faite de désillusions. [...]
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