Ce document est un commentaire critique entièrement rédigé qui analyse le fond du film en le mettant en relation avec des lectures en sociologie, et il propose une réflexion critique sur la forme du film,
Voici son plan :
I / Une œuvre riche tant du point de vue émotionnel que social.
a) Un regard différent porté sur un phénomène passionnel
b) Un documentaire entre anthropologie, sociologie et militantisme politique
c) L'absurde et le dénuement mis à nu
II / Des choix formels effectués pour renforcer le portée du documentaire
a) Le réel, une construction du regard
b) Le paradoxe du huis-clos : entre introspection et ouverture d'esprit centraux
[...] Du point de vue des personnages, les auteurs jouent la carte de l'identification avec Colette, Caroline et Juliette, dont les traits de caractère sont forcés par la mise en scène. La première est présentée comme une militante engagée, expérimentée et bordélique ; la deuxième est la passionaria stressée révoltée par les conditions dans lesquelles on lui demande de remplir ses missions (la scène où elle craque est le paroxysme de ce portrait) ; la dernière est le stéréotype de la juriste altruiste, à la fois jeune, calme et très professionnelle. [...]
[...] I / Une œuvre riche tant du point de vue émotionnel que social. Un regard différent porté sur un phénomène passionnel Pour resituer le documentaire dans son contexte, il faut rappeler que nous sommes en 2008, à l'époque où le concept d'immigration choisie fait la une de l'actualité. Ainsi, ce documentaire offre un regard décalé et cru sur une réalité (l'arrivée des migrants en France) qui est perçue par beaucoup de Français comme une menace, pour des raisons de méconnaissance du sujet et d'insécurité sociale. [...]
[...] Il génère paradoxalement, par sa subjectivité, un mouvement de réflexion qui peut amener le spectateur à s'extraire de certaines représentations stéréotypées et passionnelles pour aller vers davantage d'objectivité. [...]
[...] En conclusion, on peut légitimement se demander si « Les arrivants » est un documentaire ou un film. Se voulant documentaire social, l'œuvre de Claudine Bories et Patrice Chagnard est plutôt à classer dans le genre du documentaire romancé, au regard de la construction des personnages et du suspens latent qui est créé. Toutefois, cette subjectivité et ces choix cinématographiques semblent assumés par les auteurs et ils n'enlèvent rien à la force de ce documentaire, à la vérité qu'il révèle et à la prise de conscience qu'il provoque. [...]
[...] Le huis-clos généré par l'enfermement de ces problématiques d'accueil dans les 80m[2] de la CAFD place le spectateur dans une forme d'empathie forcée, l'obligeant à se glisser dans la peau de Colette, de Juliette, de Caroline et dans celle de ces migrant dont les histoires et la détresse ne sont plus que des titres à la Une des journaux ou des slogans politiques. Cette perspective renforce également la dichotomie entre l'altruisme intrinsèque à la notion d'accueil et une réalité administrative hostile et absurde, faite ce que la psychologie décrit comme des injonctions paradoxales. Elle met en évidence de manière crue le double choc que représente ce contact initial entre les arrivants et la France : un choc culturel doublé d'une suspicion à leur égard, un choc pour les travailleurs sociaux qui doivent encaisser ces situations chargées d'émotion et de tensions. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture