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Pour Alexis De Tocqueville, la particularité de la Révolution de 1848 fut son issue. Ce fut un double effet de surprise. Cette surprise permit d'ailleurs "aux passions" de ne pas se développer, à la guerre civile. Tocqueville résume cet effet de surprise par : "les vainqueurs avaient été pris à l'improviste par le succès, aussi bien que leurs adversaires par le revers ; leurs passions n'avaient pas eu le temps de s'allumer et de s'aigrir dans la lutte". Tout de même il précise que jamais on eut vu une telle terreur chez les bourgeois "la terreur de toutes les autres classes fut elle immense, je ne crois pas qu'à aucune époque de la révolution, elle ait été aussi grande". D'abord les vainqueurs (les prolétaires) ne s'y attendaient pas car c'est la première fois que le peuple prenait réellement le pouvoir contre la bourgeoisie (à la différence de la révolution de Juillet). La Révolution avait donc un caractère populaire qui effraya durant toute sa durée les bourgeois. Et cette surprise aura pour conséquence de provoquer un désordre total dans le gouvernement qui va suivre. Les bourgeois furent également étonnés de leur défaite car ils n'admettent pas que c'est le gouvernement qui a été la cause de cette Révolution.
Les causes de cette Révolution ont été toutes aussi particulières d'après l'auteur. Tocqueville les énumère : la révolution industrielle amène les ouvriers et cultivateurs à se regrouper ; les jouissances matérielles donnent envie au peuple ; la démocratie est instable ; les théories socialistes vont faire naitre l'idée d'injustice sociale et un mépris de la classe gouvernante qui vont conduire à des passions, jadis politiques, devenues sociales contre la propriété privée et pour la modification des bases de la société ; la centralisation opprime ; et la mobilité des travailleurs bouleverse.
Ces causes sont dues à un gouvernement indigne de gouverner et incapable. Indigne car il était la continuité d'un privilège jugé isolé, injuste, qui était la propriété privée. Et incapable car au lieu de changer les moeurs politiques pour un avenir stable et où la liberté serait garantie, ils continuent à changer les lois fondamentales qui faisaient la société pour aller vers plus d'inégalités. Incapables aussi dans le fait que la division des biens est injuste et la propriété non équitable (...)
[...] Tocqueville les considère comme les ennemis de la société car ce serait eux qui remettent à mal la liberté. Il parle aussi du clergé et des anciens bourgeois (ceux de la dynastie des Bourbons) qui plus tard seront ravis de la défaite de la Monarchie de Juillet, sans pour autant se rattacher à la droite bonapartiste. Cette analyse recoupe avec celle de René Rémond. Cet historien décrivait la France partagée entre trois droites : la droite orléaniste, ce que Tocqueville appelle la classe dirigeante, la droite des bourbons que Tocqueville appelle les anciens bourgeois, et la droite bonapartiste celle à laquelle se rattache le peuple d'après Tocqueville. [...]
[...] D'après Tocqueville, à la veille de la révolution de Février, il y aurait la classe bourgeoise (les nouveaux bourgeois issus de la dynastie orléaniste et qui ont fait la Révolution de Juillet 1830) qui serait la classe dirigeante représentative de la Monarchie de Juillet. Mais c'est une classe non digne du pouvoir car elle conserve un privilège : celui de la propriété privée. Tocqueville en parle comme le dernier reste d'un monde aristocratique détruit, lorsqu'il demeure seul debout, privilège isolé au milieu d'une société nivelée C'est aussi une classe incapable de gouverner. [...]
[...] Pour Tocqueville, la révolution de 1848 est la continuité de l'Histoire. C'est la continuité de la révolution française qui trouve ses causes dans le passé et à la fois à la suite d'accidents. Il dit les faits antérieurs, la nature des institutions, le tour des esprits, l'état des mœurs, sont les matériaux avec lesquels, il compose ces impromptus qui nous étonnent et qui nous effraient. La révolution de Février [ ] naquit de causes générales fécondées par des accidents ; et il serait aussi superficiel de la faire découler nécessairement des premières, que de l'attribuer uniquement aux seconds Tandis que pour Marx, la révolution de Février aurait dû être une rupture avec l'Histoire mais elle sera finalement la répétition de l'Histoire dans sa deuxième phase, elle est ridicule et grotesque d'après lui car c'est une seconde répétition de l'histoire. [...]
[...] Elles auront été pour lui le caractère essentiel et le souvenir le plus redoutable de la révolution de Février Dans les mains de ces théories, la république est alors un moyen et non plus un but où on supprime la liberté : en voulant plus d'égalité, cette égalité devient liberticide. Comparaison de la pensée de Marx et de Tocqueville sur la propriété privée. D'après Tocqueville, la propriété privée est un privilège accordé aux bourgeois. C'était le seul qui eut résisté en 1830 lorsque l'on se souleva contre la restauration et ses inégalités. Ce privilège est mis à mal par le peuple qui veut sa disparition. C'est donc le dernier obstacle de la révolution française qu'il fallait abolir pour arriver à la fin de ce processus. [...]
[...] Il dit bientôt, ce sera entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas que s'établira la lutte politique ; le grand champ de bataille sera la propriété Les possesseurs seraient la classe dirigeante, les bourgeois et les non possesseurs serait le peuple composé des ouvriers et des paysans qui depuis soixante ans veulent sortir de leur condition en prenant le pouvoir. Pour atteindre cet objectif ils sont nourris par les idées socialistes. Le rapport de Tocqueville au socialisme. Tocqueville analyse la progression du socialisme. Le socialisme né du fait que le peuple depuis soixante ans veut sortir de sa condition de pauvreté. [...]
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