Aujourd'hui, la délinquance est un des sujets récurrents dans les médias. On a alors l'impression qu'il s'agit d'un phénomène nouveau. La délinquance (c'est-à-dire selon le Petit Larousse 2005 l' « ensemble des infractions commises, considérées sur le plan social », le délinquant étant une « personne qui a commis un délit, auteur d'une infraction ») est en fait une régularité qui affecte les actions humaines depuis plusieurs siècles. Elle peut être considérée comme une déviance, une transgression d'une norme sociale, Robert Karl Merton caractérisant le déviant comme celui qui ne respecte pas les normes, vues comme des règles définissant les moyens légaux d'atteindre des valeurs, des buts. La délinquance est, en plus d'un comportement ne respectant pas les lois, un comportement qui s'écarte des normes admises (la norme étant le comportement majoritaire selon Durkheim) et/ou valorisées (la norme au sens moral) par la société. Par exemple : « on » doit respecter le travail des autres, donc ne pas voler ; la violence n'est pas un mode d'action valorisé... Cependant, comme le précise Howard S. Becker dans Outsiders, Études de sociologie de la déviance. Fumeurs de marijuana, musiciens de jazz, entrepreneurs de morale, policiers et délinquants , « ce ne sont pas les mêmes actions que les différents groupes qualifient de déviantes » (chapitre 1 « le double sens de « outsider »), ainsi, si la société en général en France considère la délinquance comme une déviance, la délinquance peut aussi être considérée comme le respect d'une norme dans un groupe ou une cité. Elle dépend donc aussi de la situation de jugement, de ceux qui jugent tel ou tel comportement, acte.
Hugues Lagrange, dans le chapitre 1 « De l'errance aux violences collectives » de son ouvrage De l'affrontement à l'esquive. Violences, délinquances et usages de drogues (2001) dresse donc un diaporama de la délinquance des mineurs depuis le XIXème siècle. Il la définit comme l'ensemble des « illégalismes » mais elle comprend aussi au sens large « les conduites de rupture avec l'ordre et la morale» (aspect de la déviance). Il aborde dans ce texte les évolutions à la fois quantitatives et qualitatives de la délinquances du XIXème siècle à la fin du XXème siècle siècle et s'attarde surtout sur le phénomène de violences à la fin de cette période. La délinquance a augmenté et a changé de « type » au cours du temps. Comment l'expliquer ? Son étude se base sur de nombreuses données statistiques et sur des entretiens.
[...] Le changement concerne les violences non meurtrières : les mises en cause pour coups et blessures volontaires se multiplient. La violence et délinquance expressive (dégradations, destructions, conflits avec les polices, vols ludiques qui ne visent pas le profit, incendies, caillassages de bus . ) se détache de la délinquance d'appropriation des mineurs mis en cause en 1977 l'étaient pour des violences, ils sont 12% en 1998 et la part des mis en cause pour vol sans violences passe de 79% en 1977 à 48% en 1998. [...]
[...] Ce n'est pas la construction HLM qui importe le plus mais sa situation géographique (excentrée), les locataires HLM situées en ville ayant un taux de délinquance quasiment de même ordre que les locataires/propriétaires non HLM en centre-ville. Il semble aussi que la délinquance expressive soit le fait de personnes désormais plus jeunes, inexpérimentées. II. Explications du phénomène Un contexte économique et social qui influence l'action des délinquants On a dans ce texte de nombreuses descriptions, ce qui empêche parfois de discerner les explications que peut en donner l'auteur. [...]
[...] Dans les zones qui s'enrichissent, la délinquance augmente plus vite que dans les zones qui restent à l'écart de la modernisation. Elle se sédentarise. Elle concerne de moins en moins systématiquement les catégories pauvres. En effet, les jeunes délinquants sont issus désormais de toutes les catégories sociales : ils se recrutent de façon proportionnelle par rapport à leur poids dans la Population Active. Même si les cadres «fournissent» moins de délinquants et les employés plus, le déséquilibre est compensé si on regroupe cadres et employés d'un côté et catégories moins aisées de l'autre. [...]
[...] Des années 1950 à la fin des années 1970 (Trente Glorieuses) On pourrait parler d'une délinquance d'opportunité durant cette période de croissance économique (les Trente Glorieuses). La délinquance socialement diffuse qui augmente chez les jeunes prend la forme du vol (surtout dans les régions qui s'enrichissent). Elle est une délinquance prospérité», les délinquants ne sont pas nécessairement dans le besoin mais les opportunités sont plus nombreuses dans un contexte économique favorable. Il y a donc des «bonnes raisons utilitaires» à commettre un vol, on recherche le profit qui est atteignable, la consommation. [...]
[...] La délinquance consiste à bouger sans que les institutions ou entreprises le demandent. Des années 1950 à la fin des années 1970 La délinquance de ces années est une délinquance prédatrice, c'est-à- dire que le vol constitue largement le délit majeur. On parle de délinquance d'appropriation. Des années 1980 à la fin du XXe siècle De nouvelles formes de délinquance (violences, notamment collectives) apparaissent à côté de celles des années 1960 (vols, qui constituent encore néanmoins la part la plus importante des délits). Les homicides n'augmentent pas de manière significative. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture