[...] Larry Diamond, professeur de sociologie et de sciences politiques à l'université de Stanford définit la société civile comme le « domaine de la vie sociale civile et organisée qui est volontaire, largement autosuffisant et autonome de l'Etat ». Elle est ainsi constituée de groupes et d'individus associés librement
et, contrairement au secteur privé, elle aspire à trouver un terrain d'entente ainsi que des modes d'action alliant intégration et coopération. Elle légitime indirectement, la fragmentation du corps social en fonction des
préférences individuelles. Ces dernières, à leur tour, tendent à refléter les schémas existants de classe, d'appartenance ethnique, de croyance, d'idéologie et de cohésion sociale, suivant les affinités volontaires des
individus.
Robert Putnam, professeur émérite de relations internationales à l'université de Harvard se place d'ailleurs dans cette perspective en soulignant le rôle essentiel joué par une société civile forte pour montrer l'importance de la cohésion et le dynamisme des sociétés. Mais il doit surtout sa notoriété à son constat argumenté de la disparition de « l'Amérique civique ».
En effet, dans un long article publié en 1995 dans le Journal of Democracy et qui fera cinq ans plus tard l'objet d'un livre, intitulé Bowling Alone (Seul au bowling), cet universitaire étudie le déclin de cette société civile aux Etats-Unis à travers le concept de "capital social". Par cette expression, il désigne tout le réseau associatif, traditionnellement dense et actif dans ce pays, y compris les associations de loisirs, de sports, de parents d'élèves, de militantisme ou de bienfaisance, toute la dynamique qui fit l'admiration de Tocqueville.
[...] Trois éléments définissent le capital social : les valeurs, la culture et les relations sociales.
- Les valeurs :
Ceux sont des normes morales et éthiques qui ont pour point commun une certaine tempérance des désirs individuels au profit de la prise en compte des intérêts d'autrui. C'est en cela que les notions de don et de prise en compte d'autrui sont étroitement liées à celle de valeur. Le capital social peut donc être considéré comme un ensemble de normes qui régissent les liens et réseaux de citoyens au sein de la communauté. A ce titre, la famille est la forme la plus primitive de capital social. En effet, elle est un creuset de valeurs et un lieu où la confiance entre les membres est établie naturellement.
[...] L'arrivée massive des femmes sur le marché du travail
C'est est la principale raison pour laquelle le temps de travail de l'Américain moyen a augmenté depuis les années 1970-1980. Dès lors, le temps et l'énergie disponibles à fabriquer du capital social sont considérablement réduits. Ce phénomène se traduit également par une chute importante des adhésions des femmes dans les organisations civiques : dans les années 70, le taux d'adhésion des femmes a été divisé par
deux. Toutefois, ce taux d'activité des femmes croissant n'est pas le seul facteur du déclin du capital social. (...)
[...] Lutter contre l'atomisation de la société n'est pas seulement une thèse susceptible de flatter les sensibilités démocrates. Il a été au centre d'un débat soulevé par un certain nombre d'intellectuels américains que Bill Clinton a consulté avant de rédiger son discours du 23 janvier 1996 où il a répété à plusieurs reprises : ensemble en équipe en communauté et au sein des églises et des groupes civiques des mots en voie d'extinction à en croire Robert Putnam L'érosion du stock de capital social Chiffres à l'appui, le professeur Putnam déplorait que les Américains, soient de plus en plus nombreux à aller jouer au bowling, le fassent désormais seuls ou à deux, et non plus en équipe. [...]
[...] Mais en réalité, je ne suis pas spécialement optimiste . Alan Wolfe Professeur de sociologie à la Boston University Propos recueillis par Sylvie Kaufman 20 Livres : HARISSON Victor, RATSIMBAZAFY Claudine. Les mutations entrepreneuriales BERNARD Amanda. La société civile et le développement international JACQUEMAIN Marc, HOUARD Jean. Capital social et dynamique régionale Presse : KAUFFMANN Sylvie. Le poids de la thèse de Robert Putnam sur la disparition de l'Amérique civique Le Monde Janvier 1996. ROSANVALLON Pierre. Le mythe du citoyen passif. [...]
[...] En effet, cette dernière passe de 400000 membres en 1960 à 33 millions de membres en 1993. Ces nouvelles organisations, que Putnam appelle associations tertiaires comprennent un nombre important d'adhérents et ont donc un rôle politique non négligeable. Néanmoins, leur capacité à favoriser l'insertion dans un réseau social vivant est très limitée. La plupart des adhérents se contentent de payer la cotisation : il n'y a aucune conscience de l'existence de l'autre, et par conséquent, aucun lien entre les personnes. [...]
[...] Mais il est vrai qu'une relative prospérité économique constitue un moment très propice à l'élargissement du débat public. La bonne santé politique, sociale et même économique des Etats-‐Unis sur le long terme dépend peut-‐être de la rapidité avec laquelle des hommes de pouvoir se présenteront, désireux de passer moins de temps à discuter de la taille de l'économie américaine et davantage à débattre en toute honnêteté de la valeur de la démocratie. Rien d'étonnant qu'à l'instar des gens bien portants les démocraties ne vivent pas seulement de pain une vérité de toujours que cette année électorale vient confirmer dans le malaise paradoxal d'une Amérique en pleine prospérité. [...]
[...] Les Echos Mai 2010. ALLEMAND Sylvain. La distinction entre voyage virtuel et physique devient absurde. [...]
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