Les universités françaises sont-elles ingérables et ingouvernables ? Cette question peut se poser face à deux éléments : le fameux classement de Shanghai qui, de manière récurrente, vient perturber nos certitudes sur l'excellence de notre système d'enseignement supérieur. D'autre part, ce classement a mis en avant le sous-financement des universités françaises et la faiblesse de leurs conseils, peu enclins à la conduite de projets.
Au regard des comparaisons européennes, on peut définir trois modèles de systèmes universitaires : 1) le modèle napoléonien, centralisé, propre aux pays du sud de l'Europe, où l'université a été utilisée comme outil de modernisation de l'Etat ; 2) le modèle humboldtien, propre aux pays d'Europe du Nord, mettant en avant l'indépendance de l'enseignement et de la recherche afin de favoriser la qualité de la connaissance ; 3) le modèle britannique, visant le même objectif d'indépendance, prévoit la délégation des fonds publics aux universités. Enfin, en dehors de l'Europe, le système américain met l'accent sur l'autonomie locale d'organisation et de financement, prônant un lien étroit avec l'économie.
Les systèmes européens se rapprochent depuis les années 1970-1980, au moins sur les problématiques : en effet, ils sont confrontés à la massification du nombre d'étudiants, et son incidence sur les coûts, les contenus des formations et le rôle des universités dans une société de la connaissance. Dès lors, on assiste depuis 25 ans à une série de vastes réformes avec trois objectifs complémentaires : décentraliser le management vers les universités, resserrer les centres politiques autour de leurs missions stratégiques, substituer à un contrôle de la conformité un contrôle de la performance. L'objectif de la décentralisation en Europe est la simplification des outils managériaux, permettant à chaque université d'ajuster ses options stratégiques à l'organisation de ses moyens.
[...] Les enseignants ne sont pas incités à consacrer leur temps à l'enseignement. Au lieu de prendre en compte les trois missions qui leur sont assignées par la Loi de 1984 (enseignement, y compris tutorat, recherche et sa diffusion, et administration des établissements), ils privilégient trop souvent l'évaluation des travaux de recherche et des publications. Il y a une déconnexion entre deux choix pris par le système français : le premier a été la décision d'amener 50% d'une classe d'âge au baccalauréat. [...]
[...] Une réforme devenait indispensable et inévitable pour que l'université puisse relever les défis du 21ème siècle. L'enseignement supérieur doit faire face à la professionnalisation massive des études universitaires. Ce changement est induit par l'augmentation du nombre d'étudiants s'inscrivant à l'université. Bien que cette mission ait toujours existé, elle prend aujourd'hui une nouvelle dimension. Dès lors, il s'agit de réfléchir au rôle de former une part de plus en plus importante d'une tranche d'âge à des formations de haut niveau si celles-ci n'ouvrent sur aucune activité professionnelle. [...]
[...] La convergence du système sur le plan des diplômes ne peut pas en rester au plan formel. Des stratégies concrètes sont nécessaires afin de rendre les établissements européens aussi concurrents que leurs homologues américains ou japonais. L'Espace européen de l'éducation, de la formation et de la recherche ne peut se fonder que sur la qualité. Et ce doit être une qualité à la hausse, à partir d'une évaluation constante de l'organisation, des coûts de gestion, tout en respectant l'autonomie de chaque établissement. [...]
[...] -Commission de Réflexion sur l'avenir des personnels de l'Enseignement Supérieur, présidée par Rémy Schwartz. Rapport à Madame la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Juin 2008. -Rapport d'information déposé par la Commission des finances, de l'Economie Générale et du Plan, et présenté par M. Alain Claeys. N°2357 du 03 mai 2000. Annexes Annexe 1 : comparaisons européennes Quelques exemples de gouvernance en Europe : En Allemagne : Les universités dépendent des Länder. Leur autonomie est devenue croissante au fur des années. [...]
[...] L'augmentation des droits universitaires doit avoir un sens et être justifiée auprès des étudiants et de leurs familles : à la fois en terme de couvrement des besoins de financement et en terme de justice sociale. Il faut cependant noter au préalable que le produit actuel des droits d'inscription ne bénéficie pas aux universités, puisqu'il est défalqué de la dotation de fonctionnement de l'Etat. Il conviendrait dans un premier temps de rendre à l'université ces recettes, en plus de la dotation. [...]
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