L’européanisation des groupes d’intérêt : fiction ou réalité ?

Résumé du document

Ce mémoire s'attachera à analyser le rôle des groupes d'intérêt dans l'intégration européenne et dans le processus décisionnel communautaire. L'objectif est de décrypter la position d'intermédiaires entre citoyens et institutions qu'ont acquise les groupes dans le système politique européen. A travers l'analyse des transformations des groupes d'intérêt, dans leur forme d'organisation et leurs stratégies de mobilisation, mais aussi de leurs relations avec les institutions, et principalement la Commission européenne, on interrogera les processus de légitimation et d'interdépendance qui ont vu le jour depuis le milieu des années 1980.

Dans la perspective de la gouvernance multi-niveau actuelle, les groupes d'intérêt ont également investi les scènes politiques infranationales ou supranationales et ont développé des stratégies d'action alternatives pertinentes au regard des objets défendus. Enfin, dans une seconde partie, nous nous interrogerons sur l'émergence d'une conscience civique européenne et d'une communauté politique unifiée et plus précisément sur l'influence des groupes d'intérêt sur la construction d'une société civile européenne.

Extraits

[...] Leurs capacités à acquérir une visibilité auprès des institutions dépend à la fois du capital financier et social mis en œuvre. Le facteur des ressources que ce soient des ressources financières, sociales ou juridiques est effectivement extrêmement important dans le sens où il influe sur la capacité des acteurs à exercer une pression efficace sur les institutions. A la suite de Sabine SAURUGGER, nous reprendrons l'exemple de la politique relative à la sécurité nucléaire dans les pays de l'ex-URSS et du poids des industries nucléaires de l'UE dans les négociations[47]. [...]

[...] L'acquisition de nouveaux droits, l'adhésion à des institutions, à des procédures, à des valeurs communes représentent déjà en soi une première forme d'identité politique européenne. Dans un premier temps, cette identité est plus juridique que culturelle : on se reconnait comme citoyen européen à travers la reconnaissance d'un espace commun, d'institutions et de l'application du droit communautaire. Dans un second temps, la participation à cette nouvelle entité politique et juridique contribue à la naissance d'un sentiment de reconnaissance mutuelle des populations entre elles. [...]

[...] Présentement la question de l'européanisation des groupes d'intérêt, de sa réalité et de ses effets ne peut être (et ne doit pas être) totalement tranchée. La problématique principale, qui n'est pas épuisée par les travaux actuels en sociologie et en sciences politiques, est, à mon sens, celle de l'importance des groupes d'intérêt comme acteur politique pertinent. Le questionnement sur la légitimité de l'intervention des groupes d'intérêt dans l'arène politique mérite une analyse politique claire et l'application à une Union européenne dont les évolutions sont constantes rend l'étude complexe. [...]

[...] Enfin, nous aborderons la gouvernance multi-niveau et les stratégies des groupes d'intérêt dans cette optique. Dans une seconde partie, nous aborderons plus précisément la problématique de l'européanisation de l'action collective. Nous verrons en quoi les groupes d'intérêt se sont imposés comme des relais nécessaires, des intermédiaires entre les citoyens et les décideurs politico- administratifs. La problématique de l'expertise et de la légitimité démocratique sera l'un des enjeux de cette partie au cours de laquelle nous aborderons, en guise de conclusion, la question de l'émergence d'une conscience civique européenne et d'une communauté politique unifiée. [...]

[...] Des groupes d'intérêt européens nés avec la construction européenne Dans cette partie, qui se veut davantage historique, nous déroulerons les analyses qui ont été produites parallèlement à la construction européenne quant au rôle des acteurs non étatiques, et plus particulièrement des groupes d'intérêt, dans l'intégration européenne et la participation au processus de décision communautaire. S1. Les groupes d'intérêt au cœur des travaux fondateurs : l'analyse néo- fonctionnaliste Les premiers travaux scientifiques autour de l'intégration européenne s'inscrivent dans le giron de l'école libérale des relations internationales. [...]