« There is no closer bilateral relationship in the world than that between France and Germany ». Ce constat fait par un spécialiste des questions européennes montre la spécificité des relations franco-allemandes depuis la fin de la Seconde Guerre. Même si ce jugement est à nuancer, il est évident que l'entente entre la France et l'Allemagne s'éloigne des relations diplomatiques classiques en relations internationales. Ennemis héréditaires d'antan, nos deux pays se sont tant rapprochés que certains spécialistes, dont Michel Korinman, n'hésitent pas à parler d'une Union franco-allemande ou d'un « axe franco-allemand ».
Ce sujet s'inscrit très clairement dans l'actualité, puisque depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de la France en mai 2007, une nouvelle ère semble s'ouvrir concernant les relations entre les dirigeants. Le temps des embrassades et autres gestes forts entre les deux chefs d'État semble en effet révolu. Si Jacques Chirac et Gerhard Schröder n'hésitaient pas à se serrer affectueusement dans les bras, la bise de N. Sarkozy à Mme Merkel semble déjà déplacée. Pourtant du même bord politique, les deux actuels dirigeants se montrent relativement distants l'un de l'autre, malgré les rencontres régulières progressivement institutionnalisées, notamment grâce à l'adoption du traité de l'Élysée de 1963, véritable tournant dans le partenariat entre les deux pays. Ces derniers temps au contraire, l'approche devient beaucoup plus directe et plus pragmatique, au point que cela arrive à ne plus être une affaire de coeur. Les projets en commun deviennent de moins en moins nombreux, ce qui amène le quotidien allemand « Rheinische Post » du mardi 11 septembre 2007 à parler d'« une crise profonde » entre nos deux pays.
Et pourtant, même si les deux pays semblent rencontrer des difficultés, pour M. de Montbrial « les relations franco-allemandes sont plus importantes que jamais ou aussi importantes que toujours » et nous allons tenter de comprendre pourquoi cette entente paraît si primordiale pour nos pays, mais aussi pour l'Union européenne. Les relations franco-allemandes sont en effet bien singulières et s'inscrivent dans un cadre qui
n'est pas seulement bilatéral. Dès les premières années de rapprochement entre les deux pays,l'accent est mis sur un caractère européen fort. En effet, est écrit dans le texte officiel de 1963 que « la coopération entre les deux pays constitue une étape indispensable sur la voie de
l'Europe unie qui est le but des deux peuples » soulignant ainsi une phase indispensable dans le processus européen.
Sans faire ici un historique complet des relations franco-allemandes, nous pouvons néanmoins déjà constater que le projet régionaliste n'était pas imaginable sans ce rapprochement entre ces deux pays, culturellement assez proches. L'Europe était à construire, mais pour des raisons différentes. Ainsi, pour Zbigniew Brzezinski « À travers la construction européenne, la France vise la réincarnation, l'Allemagne la rédemption ». Les raisons ne sont certes pas les mêmes, mais l'objectif est bien de mettre sur pied ce projet si noble. Nombre d'acteurs vont alors s'engager en faveur de ce rapprochement, notamment toute une génération qui a connu la montée du nazisme, la guerre et ses atrocités. Leur travail va porter ses fruits puisque cette relation va progressivement s'institutionnaliser, jusqu'à parler d'un « couple ».
Mais pourquoi, justement, parle-t-on d'un « couple » franco-allemand ? Cela n'est pas neutre, sans signification. Selon les acteurs et les époques, les termes varient ayant des conséquences nettes sur la conception des relations franco-allemandes. Depuis 1963, les auteurs tentent ainsi de définir cette relation si particulière entre les deux pays.
[...] Ouvrages: A. Ouvrages généraux : N. BEAUPRE et C. MOINE (sous la direction L'Europe de Versailles à Maastricht, Visions, moments et acteurs des projets européens, Edition Seli Arslan, janvier pages BEA C. BOUVET, J. DELORS, D. KLUXEN-PYA, K. LAMERS, J. ROVAN, FranceAllemagne : le bond en avant, Notre Europe, Editinos Odile Jacob, mars pages FRA D. [...]
[...] Le Conseil est en outre constitué par des personnalités de haut rang (déléguées par les Länder de la République fédérale d'Allemagne) et des hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères des deux pays et parfois d'autres hauts fonctionnaires ou experts occasionnellement. Ce Conseil a pour mission d'harmoniser les politiques environnementales des deux pays et d'expliquer au niveau bilatéral les problèmes environnementaux que l'on connait. Il est également chargé de coordonner les positions en matière de politique de l'environnement dans le cadre de l'Union européenne et sur le plan international ainsi que de développer des initiatives communes sur les questions environnementales internationales. Le Conseil se réunit une fois par an, en alternance en France et en Allemagne. [...]
[...] Concrètement, l'imbrication commerciale franco-allemande est nette. En Allemagne, les importations françaises et les exportations vers la France représentent plus de 12% du total. La part de l'Allemagne dans les exportations françaises est encore plus grande de même que dans les importations La France exporte cinq fois plus en Allemagne que dans toute l'Asie. Quant à l'Allemagne, elle exporte autant en France que dans tous les pays d'Europe centrale et orientale réunis, y compris la Russie38. Bien que les rapports en matière d'investissements soient moins intenses, la destination privilégiée des investissements directs allemands est la France (après les USA). [...]
[...] Du 2 au 8 juillet 1962, le chancelier Konrad Adenauer se rendit en France pour un voyage officiel en France au cours duquel le couple se rapprocha, notamment avec l'office religieux à Reims et une parade militaire commune au camp de Mourmelon68. Le 5 juillet 1962, à l'occasion d'une série d'entretien, C. de Gaulle demanda à K. Adenauer s'il acceptait de conduire avec la France une union politique qui serait, en fait et par la force des choses, limitée à deux 69 ce à quoi Adenauer répondit par la phrase suivante, après un court silence : Oui, nous serions prêts à accepter cette union, en laissant la place ouverte aux autres membres »70. [...]
[...] C'est un combat politique de longue haleine. La réconciliation entre Paris et Bonn prend un réel tournant le 9 mai 1950. A cette époque, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, lance l'idée d'une Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). Cinq ans après la Seconde Guerre mondiale, alors que les ressentiments sont encore vifs, le plan Schuman amorce le rapprochement franco-allemand. La déclaration de Robert Schuman témoigne du rôle historique central et de la responsabilité de la coopération bilatérale à l'égard du processus d'intégration en Europe. [...]
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