Le milieu des années 1970 voit trois pays méditerranéens se libérer du joug des dictatures : le 25 avril 1974, la dictature au Portugal est renversée par les militaires, en juillet de la même année, c'est au tour de la dictature des colonels en Grèce de s'effondrer ; la chute du régime franquiste en Espagne interviendra à la mort de Franco le 20 novembre 1975. En janvier 1981, la Grèce rejoint la Communauté Européenne. Cinq ans après, ce sera le tour de l'Espagne et du Portugal d'entrer dans l'Europe communautaire. Le 1er janvier 1999, ces deux pays adoptent l'euro comme monnaie avec neuf autres pays de l'Union Européenne. La Grèce, cette fois, attendra 2001 pour entrer dans la zone euro. Les trois pays méditerranéens sont désormais pleinement intégrés au Marché commun et ont atteint un niveau de développement comparable aux autres pays membres de l'Union (même si leur PIB/habitant reste inférieur à ceux des pays membres les plus riches de l'Union Européenne). Pourtant, en 1974-75, ces trois pays sortent de la dictature avec un retard considérable du point de vue politique et économique par rapport à leurs voisins européens. La transition puis la consolidation démocratiques et la modernisation de ces pays sont donc menées avec succès. Les facteurs internes à chaque pays jouent toujours un rôle primordial lors de telles transition post-dictatoriale. Mais ici, l'intégration européenne a suivi directement la chute des régimes dictatoriaux et la rapidité avec laquelle ces pays sont devenus des démocraties libérales stables et modernes pousse à considérer le rôle de cette intégration européenne dans le succès des transitions démocratiques en Grèce, en Espagne et au Portugal. En effet, les exigences démocratiques et le rattrapage économique impulsé par l'adhésion à la Communauté Economique Européenne peuvent probablement expliquer en partie le succès des transitions démocratiques dans ces trois pays. On peut dès lors se demander si l'adhésion à la CEE a représenté une solution post-dictatoriale pour la Grèce, l'Espagne et le Portugal. Pour éclairer cette question, nous étudierons la problématique suivante : dans quelle mesure l'adhésion à la CEE a-t-elle favorisé la transition de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal vers des régimes démocratiques stables et viables après la chute des dictatures dans ces pays? Le but de cette brève étude est de déterminer le rôle exact qu'a joué l'adhésion à la CEE par rapport aux facteurs internes dans la transition puis la consolidation démocratique des trois pays. Nous analyserons la période qui va de la chute des dictatures en 1974-75 à l'adhésion des trois pays à l'euro, qui vient couronner leur effort de modernisation économique. Nous nous intéressons d'abord au rôle qu'a pu jouer la perspective d'intégration européenne au lendemain de la chute des dictatures après avoir évalué l'ampleur du challenge démocratique et l'importance des facteurs internes permettant de le relever. Nous étudions ensuite à la période incertaine de transition vers la démocratie de ces pays pour mesurer là encore la place respective de l'intégration européenne et des facteurs internes dans le déroulement de cette étape du retour à la démocratie. Nous évoquons au passage l'opinion des institutions européennes par rapport à cet élargissement pour comprendre le défi politique et économique qu'il représente et la détermination des institutions communautaires à la relever malgré les difficultés. Enfin, nous considérons la phase de consolidation démocratique et de modernisation des trois pays pour compléter notre étude sur l'importance de l'adhésion à la CEE dans la transition de la Grèce, l'Espagne et le Portugal vers une démocratie stable et viable.
[...] De plus, la Communauté est en proie à la crise économique et cela risque logiquement de rendre plus difficile l'intégration de ces économies fragiles. L'afflux de main d'œuvre qui est à craindre ne favorisera pas un relèvement rapide des économies européennes. Aussi, l'irruption de trois agricultures européennes pose le problème de la concurrence et des excédents, ce qui explique les réticences françaises poussées par le lobby agricole. L'entrée de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal va aussi modifier l'équilibre établi entre la Communauté et ses partenaires commerciaux méditerranéens (Maroc et Tunisie), pour qui l'élargissement représente une perte des marchés européens[6]. [...]
[...] Le PASOK, parti socialiste, est contre une adhésion à la CEE, celle-ci revenant pour lui à se remettre sous la tutelle des Etats-Unis[4]. Ainsi, en Grèce la perspective d'adhésion est paradoxalement un facteur important de division. On comprend donc que l'intégration à l'Europe communautaire est choisie par ces trois pays dès la chute des dictatures car malgré des facteurs politiques internes favorables au changement et une amorce de démocratisation, l'ampleur du challenge démocratique est considérable et les retombées politiques et économiques du choix de l'Europe sont essentielles pour progresser sur la voie de la démocratisation. [...]
[...] L'élargissement aux pays méditerranéens est donc un défi pour la CEE qui reste méfiante à l'idée de les accueillir en son sein. Une préadhésion de facto Ainsi, malgré l'enthousiasme suscité par le retour des démocraties, les considérations économiques rendent l'Europe plus frileuse. S'il existe un relatif consensus au sein du Conseil des Ministres pour ouvrir le plus rapidement possible les négociations, contre l'avis de la Commission, celles-ci vont être difficiles. Les problèmes posés par l'adhésion de la Grèce sont moindres car son adhésion est isolée. [...]
[...] L'impact économique de l'adhésion à la CEE pour la modernisation de ces pays est cependant incontestable. Conclusion : évaluer le rôle réel de l'adhésion à la CEE dans la transition démocratique des pays Comme nous l'avons vu, la Grèce, l'Espagne et le Portugal se trouvent, au sortir de la dictature, dans un état d'instabilité politique et de retard économique qui ne facilitent pas leur transition démocratique. Et dès le départ, la perspective d'adhésion à la CEE favorise le changement vers la démocratie et le redressement de l'économie. [...]
[...] Enfin, nous considérons la phase de consolidation démocratique et de modernisation des trois pays pour compléter notre étude sur l'importance de l'adhésion à la CEE dans la transition de la Grèce, l'Espagne et le Portugal vers une démocratie stable et viable. Le challenge démocratique au lendemain de la chute des dictatures Au lendemain de la chute des dictatures en Grèce, en Espagne et au Portugal, la situation économique et politique laisse percevoir l'ampleur du changement à réaliser pour parvenir à la démocratie. [...]
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