Depuis la fin des années 1990, les politiques d'intervention en Afrique européennes ont évolué en même temps que se sont développées les initiatives d'intervenants africains pour régler eux-mêmes les problèmes du continent. L'Union Européenne a décidé de développer ses liens avec l'Afrique notamment en ce qui concerne la défense et la prévention des conflits, même si les liens économiques d'aide au développement restent très importants. L'UE aide ainsi les organisations africaines régionales et sous-régionales dans leurs tentatives pacificatrices. Elle semble en effet de plus en plus consciente de l'effet très négatif des conflits sur les efforts de développement déployés en Afrique, et sur l'essor de la criminalité organisée et des réseaux de migration, et elle prend de plus en plus en compte la nécessité d'une action par régions plutôt que par pays pour s'attaquer à la source des conflits.
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[...] Les EU n'étaient pas vraiment favorables quant à eux à une opération autonome européenne, mais leurs priorités étaient en Afghanistan, dans les Balkans et en Irak, et ils n'étaient pas prêts à intervenir en Afrique. L'opération Artemis a été une image de volonté politique européenne et a donné une certaine place à l'UE dans le domaine de la sécurité Internationale. Elle a aussi montré à l'UE elle-même à quel point elle devait organiser ses capacités. Il s'agirait en effet de mettre au point une structure de commandement unique, bien que le système de la nation- cadre ait fonctionné. Mais le concept de nation-cadre trouve ses limites dans le problème du financement. [...]
[...] La France a accepté d'intervenir, mais à condition d'avoir l'autorisation d'un recours à la force (Chapitre 7 de la Charte de l'ONU), d'être soutenue par l'Ouganda, la RDC et le Rwanda, et de voir sa mission limitée dans le temps. On retrouve donc les principes ambiants de la politique africaine européenne et occidentale. L'UE, quant à elle, s'inquiétait depuis longtemps de la région des Grands Lacs, elle avait même déjà nommé un représentant spécial pour cette région (en 1996). Artemis est à la base une opération d'urgence, qui se transforme en mission de maintien de la paix. Cette opération a eu une assez grande importance dans la cohésion interne des états-membres, base d'une possible politique externe. [...]
[...] Seize autres pays ont participé aux opérations, dont onze européens. En revanche, la majorité des hommes envoyés étaient français, alors que les décideurs étaient d'origine plus mitigée. L'armée française a apprécié l'homogénéité des hommes sur le terrain. L'armée française a d'ailleurs été très satisfaite d'Artemis. Ce type d'opération est en effet une occasion de puissance, en quelque sorte. D'une manière générale, les institutions de l'UE ont également fait un constat positif sur Artemis : la sécurité a augmenté à Bunia, beaucoup de réfugiés ont pu rentrer chez eux, la vie économique et l'aide humanitaire ont pu reprendre. [...]
[...] La sécurité en Afrique n'est jamais assurée. Le chapitre VII de la Charte des Nations Unies confie la sécurité aux organisations, mais les organisations régionales africaines restent très faibles, et ce en partie à cause de la méfiance conservatrice et de la rivalité des élites africaines entre elles. Des progrès récents importants ont cependant eu lieu au sein de ces organisations. L'ensemble des pays occidentaux qui programment une aide à l'Afrique a commencé depuis quelques années à prendre en compte la nécessité d'un soutien aux initiatives africaines de maintien de la paix et le caractère régional des conflits, considérés auparavant dans une optique purement nationale. [...]
[...] RECAMP dispense également une formation de terrain et fournit du matériel. La France a à part ça effectué plusieurs opérations aux côtés de l'ONU ou d'organisations sous-régionales. Le problème est que, alors qu'elle désire prendre la place d'un médiateur neutre depuis quelques années, elle peut encore souvent être accusée de se constituer partie prenante, par exemple en Côte d'Ivoire avec l'opération Licorne. Les interventions sont encore parfois justifiées par les arguments classiques de menaces extérieures ou de protection des ressortissants français. [...]
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