Alan Mayhew a occupé différents postes au sein de la Commission européenne et a notamment été en charge des relations économiques avec l'Europe centrale et orientale dans la Direction générale pour les relations économiques extérieures. Il a aussi été conseiller du gouvernement polonais pour l'intégration européenne en 1996-1997. Il semble donc particulièrement bien placé pour s'intéresser à la politique de l'Union européenne (UE) vis-à-vis des pays d'Europe centrale et orientale (PECO). Dans son ouvrage Recréer l'Europe, Mayhew se propose d'analyser en détail les accords qui lient l'UE et les PECO afin de mieux comprendre les relations entre les deux régions ; il se penche également sur les perspectives et les problèmes d'un possible élargissement de l'UE à ces pays. Il s'attache à montrer que toute l'Europe serait gagnante de cet élargissement, que ce soit l'UE ou les PECO. Il s'agit d'un processus politique, mais qui se base essentiellement sur des données économiques, ce qui justifie, selon l'auteur, que la dimension économique soit très présente dans son ouvrage. L'élargissement revêt pour lui une importance majeure ; son succès permettrait au continent européen de vivre en paix, dans la prospérité, alors que son échec entraînerait le déclin économique de l'Europe.
Il semble nécessaire de souligner que Mayhew a achevé son livre avant l'ouverture des négociations avec les PECO, décidée fin 1997 ou fin 1999 selon les pays. Quant à l'élargissement à dix nouveaux membres, il a été approuvé en décembre 2002 lors du sommet de Copenhague.
[...] L'adoption de l'acquis communautaire est une condition centrale pour l'adhésion. Pour guider les PECO, l'UE a élaboré en 1995 un Livre blanc sur l'acquis communautaire dans le marché intérieur qui liste les principales directives à transposer et établit un ordre pour leur adoption. Le marché intérieur formant la pierre angulaire de la construction européenne, il est indispensable de transposer les directives qui le régissent, alors que les directives sur la politique sociale ou environnementale sont moins prioritaires. Les PECO sont confrontés à des problèmes importants pour l'adoption de cet acquis. [...]
[...] L'application de la législation s'avère encore plus difficile que sa transposition et nécessite la création de nombreuses institutions. Le transfert d'une souveraineté retrouvée récemment pourrait aussi être problématique. De plus, si l'adhésion apparaît à long terme comme un facteur de prospérité, elle ne l'est pas forcément à court terme et pourrait déboucher sur une déception voire un rejet de l'adhésion. Certains secteurs posent particulièrement problème, en premier lieu desquels l'agriculture et l'industrie agroalimentaire, qui souffrent de graves faiblesses structurelles et restent peu compétitives ; des réformes sont donc nécessaires pour les adapter à la PAC mais elles ne sont pas aisées. [...]
[...] Pour l'auteur, les avantages l'emportent largement sur les coûts. L'élargissement sera profitable à l'UE car il renforcera son prestige sur la scène internationale, permettra de développer son commerce, d'agrandir le marché unique. Il se traduira plus largement par un renouveau de l'UE et incitera les Etats membres à se réformer. Pour les PECO, les avantages semblent encore plus évidents : l'adhésion garantira leur stabilité politique et les fera appartenir à un bloc qui pèse dans les négociations internationales, Au plan économique, l'élargissement favorisera les investissements dans ces pays, les ancrera dans l'économie de marché et empêchera la remise en cause du libre-échange. [...]
[...] Les objectifs principaux sont de supprimer les surplus et de réduire la part des dépenses agricoles dans le budget. Le deuxième problème auquel est confronté l'UE concerne le budget et les différents fonds structurels. Ces fonds ont essentiellement pour but le développement des régions en retard économiquement. A leur adhésion, tous les PECO auront droit de bénéficier de ces fonds alors qu'ils contribueront peu à leur financement. Les Etats membres craignent donc que l'élargissement ne conduise à une explosion du budget européen si le niveau d'aide reste le même, alors que beaucoup veulent diminuer leur contribution budgétaire pour réduire leurs déficits. [...]
[...] Il plaide entre autres pour un engagement clair de l'UE en faveur de l'élargissement et pour une adhésion rapide, pour des réformes dans les Etats membres et l'UE avant l'élargissement, pour une accélération des changements dans les PECO, pour une période de transition dans certains domaines. Pour lui, l'élargissement doit être l'objectif central des politiques européennes. Dans Recréer l'Europe, Mayhew réalise une analyse très complète des relations entre les PECO et l'UE, dont il ressort que celle-ci a souvent eu tendance à défendre ses intérêts. Cette étude reste malheureusement inachevée, étant donné qu'elle a été publiée bien avant l'élargissement. Mayhew est convaincu qu'il s'agit d'un processus gagnant-gagnant, même s'il a conscience que certains n'en profiteront pas et qu'il suscite des oppositions. [...]
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