Depuis la fondation de l'Union européenne, les intérêts capitalistes ont accaparé le devant de la scène dans la réalisation du grand marché commun, alors que le projet était né d'une volonté commune de paix. Autrement dit, les enjeux des idéalisations fortes qui ont alimenté le projet européen ont été vidés de leurs sens, nous menant à parler du « désenchantement de l' Opni » (objet politique non identifié) européen.
Sa fondation, au contraire de l'imaginaire politique moderne que représente l'épisode révolutionnaire français, s'avère donc apolitique. Or la construction européenne semble passer un nouveau cap : elle n'est plus le sujet des techniciens, elle est devenue un véritable enjeu politique, ce qui réactive la perspective d'une union politique européenne.
Le philosophe J.M Ferry prend donc le parti de dépasser cet apolitisme généralisé et de mener une réflexion sur la forme que pourrait prendre cet État européen : c'est la « question de l'État européen ». Il s'agit donc pour l'auteur de redémontrer la pertinence de la construction d'un tel État en pointant les manques réels qui freinent la construction européenne dans son projet cosmopolitique, et ce, afin de lui donner une substance politique confortée par le projet solidaire de l'Union.
[...] Cela ne s'est pas réalisé, dû à l'esprit utilitariste au sein des institutions communautaires dont le maître mot est l'adaptation au marché, et donc à l'encontre des politiques d'éducation publique aux visées humanistes, alors qu'elles auraient dû favoriser un programme philosophique de civilisation de sorte que soit mise en place une éthique à l'âge de la science Cet honnête homme n'existe donc pas encore. Et c'est en refusant ce projet pédagogique que les instances communautaires et gouvernementales se fatiguent dans la faible puissance régulatrice des réglementations sans pouvoir mettre en place des médiums de formation d'un citoyen européen. Sans ce citoyen, l'État européen, et l'Union politique n'existeront pas. Or les instances européennes ne se posent pas comme un État, mais comme un système politico-administratif qui n'épousera pas la forme de l'État de droit. [...]
[...] Il s'agit de permettre dans la pratique une meilleure confrontation et une concertation publique. Pour achever l'espace public européen, les espaces nationaux doivent s'ouvrir les uns aux autres en mobilisant les ressources de civilité et publicité précitées qui font aussi partie du citoyen européen. Une constitution cosmopolitique forte d'une stratégie postnationale Une constitution : subordination du droit communautaire aux droits fondamentaux Ils seraient rendus positifs s'ils sont intégrés dans l'ordre juridique interne avec une hiérarchisation constitutionnelle des normes : c'est l'intégration nationale et métanationale des droits fondamentaux. [...]
[...] Il s'est en effet produit l'assignation entrepreunariale de l'État au nom de la société civile depuis la Seconde Guerre mondiale et l'État des services publics rentre dans une phase décroissante de nos jours le coût marginal aurait dépassé l'utilité marginale. C'est donc la perte d'une éducation inculquant une culture générale, un savoir général et les formations généralistes. C'est donc l'abandon des ressources symboliques dans la sphère publique. Cela est la cause du scientisme, de l'instrumentalisme et du pragmatisme du marché. L'humanisme est alors vu comme un luxe par l'État utilitariste. Du point de vue de l'intégration sociale, l'école est alors en perte de vitesse. [...]
[...] Ainsi, il apparaît clairement la nécessité d'un renforcement de cet espace public européen afin d'assurer la pérennité de l'État cosmopolitique. La voie proposée par J.M Ferry pour un tel renforcement est fondée sur la conception traditionnelle de l'espace public à savoir celle qui repose sur les systèmes de représentation nationale l'espace public manifeste le principe des démocraties représentatives, et sa cohérence est généralement tenue dans les limites de la nation Ainsi, il propose un système des parlements européens chapeauté par le Parlement européen qui serait pris uniquement comme instance de synthèse. [...]
[...] On en vient donc à la dialectique de reconstruction et pacification : la justice répressive s'imposant par la force ne prouve pas pour autant sa légitimité. Autrement dit, tant que des États refuseront la prétention d'un ordre légal à valoir légitimement de façon universelle, la guerre constitue pour ceux-là une alternative. Or la guerre a été dans l'histoire des États européens le moyen premier de la reconnaissance. Et prétendre installer un ordre légal universel peut conforter les peuples en mal de reconnaissance à utiliser la violence, c'est un des effets pervers. [...]
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