Dans un contexte international de mondialisation, l'Union européenne occupe une place de choix en matière économique. Les Etats qui la composent comptent parmi les plus riches de la planète et son territoire est un formidable marché d'échange. En revanche, force est de constater que l'Union, en tant qu'entité politique, n'a pratiquement aucun poids sur la scène internationale. On se trouve face à une certaine schizophrénie européenne : d'un côté, une Europe puissante économiquement, de l'autre, une Europe impuissante politiquement. C'est ce constat qui est au centre du livre de Nicole Gnesotto, La puissance et l'Europe
[...] De la nécessaire convergence des conceptions européennes Dans son analyse, Nicole Gnesotto considère que "l'un des plus grands obstacles à l'Europe politique se trouve à l'intérieur de l'Europe elle- même, dans ces vieilles nations européennes qui ont, historiquement, inventé puis érigé la souveraineté nationale en principe fondateur de l'ordre politique et qui hésitent, ou répugnent, à le transcender." (N. GNESOTTO, La puissance et l'Europe, La bibliothèque du citoyen, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, p. 69) On peut constater à ce propos, le décalage qui existe entre les visions économique et politique des Etats. [...]
[...] Les Etats membres de l'Union européenne ont pris conscience du défi qui attend la construction européenne dans les années à venir. Pour reprendre la déclaration de Laeken de décembre 2001, l'Europe est à un carrefour. Il faut renforcer l'intégration politique de l'Union pour qu'elle pèse sur un environnement façonné par la mondialisation et l'hégémonie américaine. Le sommet de Laeken a proposé, à juste titre, de réfléchir sur l'élaboration d'une constitution pour l'Europe. L'avenir de l'Europe politique nécessite la rédaction d'un tel document. [...]
[...] Le traité d'Union signé à Maastricht en 1992 révèle la volonté affichée des partenaires européens de privilégier l'intégration politique, avec trois grandes innovations. Tout d'abord, l'Union Européenne remplace la Communauté Economique Européenne, ce qui met en lumière le souci de ne pas cantonner la construction européenne dans la seule logique économique. La notion d'Union se veut plus politique qu'une simple coopération. Ensuite, la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) est prévue par le titre V du traité. Enfin, les trois piliers communautaire, PESC, affaires intérieures sont réunis dans un même ensemble cohérent. [...]
[...] En revanche, sur le plan politique, l'Union européenne se rapprocherait plutôt du modèle japonais que du modèle des Etats-Unis. En effet, force est de constater que l'Union, en tant qu'entité politique, n'a pratiquement aucun poids sur la scène internationale. Le règlement des conflits et des crises qui émaillent le globe n'est que rarement une œuvre européenne. Pourtant, l'Union y joue souvent un rôle en injectant des fonds ou en déployant des troupes sur le terrain. Dans ce dernier cas, ces interventions militaires sont souvent effectuées à titre national par un ou plusieurs des Etats membres. [...]
[...] Dans son livre, Nicole Gnesotto relève que la pratique du droit de veto, à la disposition de chaque Etat membre, fragilise la PESC. Si un Etat peut s'abstenir lorsqu'il est en désaccord avec une décision de l'Union, il peut également exercer son droit de veto et annihiler cette décision. Comment donner corps à une politique européenne, si elle peut être à tout moment compromise par la décision unilatérale d'un seul Etat ? En outre l'élargissement à venir renforce la difficulté. [...]
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