Doctrine fédérale européenne, Christophe Réveillard, groupe de pression, CECA, CED, axe franco-allemand, relation franco-britannique, abandons de souveraineté, fonctionnaires européistes
Constatant que la doctrine fédérale européenne a connu son apogée entre les débuts de la Résistance et l'échec du traité de CED, Christophe Réveillard s'attache à analyser son élaboration et ses réalisations concrètes durant cette période.
Ses conclusions peuvent être résumées ainsi : jusqu'en 1954, les tenants du fédéralisme organisés en un groupe de pression autour de Jean Monnet et soutenus par les Etats-Unis ont imprimé leur marque aux premières réalisations institutionnelles – traités de CECA et de CED. Celles-là s'inscrivaient pour leurs rédacteurs dans un schéma précis et graduel devant mener à moyen terme à la fédéralisation des États européens et à la disparition des États nationaux souverains. De plus, ce sont les fédéralistes qui ont imposé l'axe franco-allemand au détriment de la relation franco-britannique que la classe politique semblait privilégier. À cette aune, l'opposition du Parlement français à la ratification du traité de CED, le 30 août 1954, est à interpréter comme la traduction des inquiétudes des partis face aux abandons de souveraineté prévus et face à la menace que ferait peser une Allemagne réarmée disposant d'une égalité de considération dans un ensemble politique unifié. Les hommes politiques, relativement réservés sur la question européenne, auraient alors mis un terme aux audaces du « milieu créateur » de techniciens et hauts fonctionnaires européistes.
[...] Le traité de ced reconstitue un véritable appareil défensif allemand, comprenant l'équivalent d'un ministre de la Défense, de corps d'armée et de divisions. Des généraux français expriment leur méfiance (Juin sanctionné à ce titre de Gaulle, Weygand, Kœnig, Billote). III. La tentative de fédération par la communauté politique III.1 Origine de la communauté politique européenne La communauté politique devait coiffer l'édifice fédératif et intégrer en son sein l'ensemble des domaines couverts par les traités de ceca et de ced ainsi que des prérogatives propres. [...]
[...] I.3 Jean Monnet et la méthode fonctionnelle La fréquentation du milieu financier américain a permis à Monnet d'approcher de près des hommes politiques influents qui ont exercé sur lui une réelle influence. Sa méthode consiste, au niveau institutionnel, à préparer des projets globaux que l'on applique, au moment jugé opportun c'est-à-dire quand les circonstances sont dramatiques à des domaines choisis pour produire un effet d'entraînement. De plus, la méthode de Monnet se caractérise par un culte de la discrétion et des rencontres informelles. [...]
[...] Les résistants I.1 Les acteurs Les journaux clandestins clament de manière vague l'ardente obligation d'une construction européenne Lorsqu'il unifie la résistance intérieure, de Gaulle impose comme objectif le rétablissement de l'indépendance et de la puissance nationales, ce qui s'oppose à toute organisation supranationale. Les deux plus fervents fédéralistes, André Philip et Henry Frenay mettent dès lors de côté leurs convictions afin de sauver la résistance. Walter Lipgens a qualifié ce renoncement de tragédie des fédéralistes européennes À la Libération, les idées fédéralistes sont marginalisées : l'heure est à la reconstruction de l'État français. I.2 Leurs analyses L'identité dans l'analyse de causes de la décadence européenne La pensée fédéraliste (J. [...]
[...] Le parlement n'a pas le contrôle du montant des contributions nationales. Le commissariat contrôle les exportations d'armes. II. Étude des aspects politico-diplomatiques résultant du caractère fédéral du projet II.1 Une forte présence américaine Le Congrès américain est exaspéré de devoir reconduire pour trois ans à l'issue du plan Marshall une aide massive en destination des pays européens. Il met l'accent sur l'unification politique et militaire de l'Europe. L'armée européenne serait utile dans la guerre de Corée : elle dissuaderait la France de rechercher une éventuelle entente bilatérale avec l'Union soviétique, arrimerait la rfa au camp atlantique et, surtout, allégerait le fardeau militaire américain en Europe. [...]
[...] Les gaullistes sont entièrement préoccupés par la restauration du rang de la France sur la scène internationale. Jusqu'en 1950, de Gaulle fonde ses espoirs sur une entente franco-anglaise et ne considère l'organisation européenne [que] comme une prolongation des intérêts de la France. Après 1951, les gaullistes prennent résolument leurs distances avec une Europe trop allemandes et, surtout, malmenant les États-nations. Enfin, le pcf a pour objectif de n'accepter aucune unification ou aucun regroupement qui renforce les pays non communistes de la sphère d'influence américaine face aux Soviétiques. [...]
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