L'Europe a toujours été investie de contenus multiples, dont les poids respectifs, les manifestations et les effets ses transforment dans le temps et varient dans l'espace. L'histoire de l'Europe est celle de ses frontières et de leurs contenus imposés. Elle est donc une histoire des conflits entre l'Europe et l'extérieur, mais aussi à l'intérieur même de l'Europe, entre les tendances qui la poussent vers l'unité et l'uniformisation et celles qui la divisent et la diversifient
[...] Commentaire Dans l'Europe et ses nations, K. Pomian ne tente pas de nous faire le récit de l'histoire de l'Europe, mais plutôt d'étudier sa construction progressive en tant que concept historique, sur une période très longue (plus de deux mille ans). Ainsi, sa démarche ne situe pas dans une perspective événementielle et factuelle (le livre ne contient que très peu de références historique datées), mais dans une perspective de longue durée historique. Il tente en effet de mettre en évidence les grandes tendances qui jalonnent l'histoire européenne et qui pourraient constituer la base lointaine d'une volonté d'unification européenne, préalable à une identité européenne. [...]
[...] A cette division Nord - Sud s'ajoute une séparation des chrétientés d'Orient et d'Occident au sein même de la civilisation romaine. L'intégration par l'Empire des migrations issues des grandes invasions barbares du Vème siècle donna naissance à une nouvelle civilisation, ainsi qu'à un nouvel espace latin, fermé au sud par la présence arabe et au sud- est par l'Empire byzantin, ouvert au nord vers la mer nu Nord et la Germanie. Sur cet espace naît la culture du christianisme latin. [...]
[...] A la culture européenne des élites, les populations opposent les cultures nationales et locales, traditionalistes et chrétiennes. Au cours du VIIème et XVIIIème siècle, l'Europe est composée de raisons d'Etat qui justifient leurs prétentions en faisant appel au droit et les appuient, le cas échéant, par la guerre. La guerre devient le moyen le plus répandu pour les Etats modernes d'acquérir de nouveaux territoires et de nouvelles richesses. La modernisation de l'armée, toujours plus coûteuses au gré des innovations techniques, est directement liée à la modernisation de l'Etat, qui passe par des réformes en matière de fiscalité, diplomatie ou enseignement. [...]
[...] III) La fin de l'unité religieuse: Si l'Eglise a réussi à endiguer les mouvements de réformes entre le XIème et le XVIème siècle, elle échoue face au mouvement initié par Martin Luther au début du XVIème siècle, mouvement qui se diffusera rapidement en Suède, en Finlande, au Danemark, en Prusse, en Norvège et en Islande. La Réforme luthérienne constitue le bouleversement le plus profond qui affecte l'Europe depuis sa conversion au christianisme. La lutte pour la Réforme, qui jouit d'un fort appui populaire, se présente comme un conflit entre la "haute" et la "basse" culture. [...]
[...] L'unité de l'Europe cesse donc d'exister. IV) La deuxième unification européenne: Malgré les déchirements engendrés par la Réforme, les élites intellectuelles de la chrétienté latine appartiennent toujours à une même culture caractérisée par ses deux pôles scolastique et humaniste. Ceux qui la propagent, en latin et en français, se réclament, sous l'autorité d'Erasme, de la République des Lettres. L'Edit de Nantes mettant fin aux guerres de religion, c'est Paris qui devient la capitale intellectuelle de l'Europe. Lorsque Louis XIV le révoque à la fin du XVIIème siècle, les élites protestantes émigrent et participent à la diffusion de la culture et de la langue française en Europe. [...]
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