Les « non » français et néerlandais au projet de constitution européenne rappellent que la construction européenne est une suite de crises et de relances. Robert Frank écrivait ainsi en 2001 : « l'histoire de l'Europe n'est en aucune façon une histoire de certitudes ; elle est l'histoire de la construction européenne, l'histoire d'un questionnement que l'historien doit constamment renouveler ».
Le programme de l'agrégation lie l'Europe-idée à l'Europe-construction sur une période assez large allant des traités de paix de 1919-1920 au traité de Maastricht de 1992. Il s'agit ici de dépasser l'approche institutionnelle. Il faut étudier les différents projets d'unité européenne, qu'ils aient abouti ou non.
« Penser l'Europe » ce n'est pas seulement élaborer des projets d'union politique ou économique mais aussi réfléchir à l'ordre européen, rechercher les racines et les caractéristiques de l'identité culturelle européenne et réfléchir au rôle de la civilisation européenne dans le monde.
« Construire l'Europe », c'est faire de l'idée européenne une réalité. Il s'agit d'un processus complexe qui fait appel à des méthodes diverses : fédérales, confédérales, intergouvernementales, communautaires et à une multitude d'acteurs : décideurs politiques, experts, groupes de pression, milieux économiques.
Il ne faut pas exclure les projets d'Union européenne en Europe centrale et occidentale : Mitteleuropa, Europe danubienne ou Europe balkanique. Même pendant la guerre froide, l'idée européenne est présente à l'Est : plans paneuropéens de sécurité, processus d'Helsinki, regard des opposants sur la construction européenne à l'ouest, projet de « maison commune » de Gorbatchev (discours devant le conseil de l'Europe à Strasbourg en 1989). Le rôle des Etats-Unis dans la construction européenne ne doit pas être négligé, de même que les relations particulières avec certaines parties du monde : projets d'Eurafrique et relations avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Concernant les bornes chronologiques, 1919 est marquée par une Europe affaiblie par une guerre fratricide qui s'interroge sur son déclin. L'Europe repose sur le nouvel ordre établi par les traités de paix et voit dans la naissance de la Société des Nations une nouvelle organisation internationale destinée à s'européaniser de plus en plus. 1992 marque la fin d'une période décisive pour l'Europe marquée par la chute du mur de Berlin (1989), l'unification allemande (1990) et l'implosion de l'URSS (1991). C'est surtout l'année de la ratification difficile du traité de Maastricht et le début d'une vague d'europessimisme.
[...] Il souligne l'absence de rôle des mouvements fédéralistes dans ce processus guidé essentiellement par les intérêts nationaux. Dans un ouvrage postérieur, The European Rescue of the Nation-State (1992), Alan Milward développe l'idée que la construction européenne est un processus essentiellement économique.Il affirme aussi qu'il est possible de concilier la délégation de pouvoir à des institutions européennes et la préservation des prérogatives des Etats nations. Il s'attaque à l'idéalisation des Pères de l'Europe. Selon lui, Spaak, Schumann, Adenauer, de Gasperi et Monnet ont agi avant tout par intérêt national. [...]
[...] A Londres, Willi Eichler demande une fédération européenne dans Vers l'unité de l'Europe (1925). Le Parti Socialiste Ouvrier Allemand (SAPD), auquel appartient Willy Brandt, plaide pour les Etats-Unis d'Europe. Le Parti Ouvrier Belge (POB) est fondé en 1885. Il se caractérise par une allergie aux grandes idéologies et réclame avant tout le suffrage universel. Dominé dans les années 1930 par Henri de Man, défenseur d'un socialisme national, il s'intéresse tardivement à l'Europe. Le Mouvement socialiste pour les Etats-Unis d'Europe : crée en 1947. Gauche européenne à partir de 1959. [...]
[...] De plus, il existe une clause de sauvegarde : si un Etat membre connaît des difficultés financières, il peut obtenir l'assistance de la CEE via une procédure communautaire. Le vote à la majorité doit s'imposer au fur et à mesure des trois étapes dans un nombre croissant de domaines. La CEE vise à établir une coopération très poussée entre un petit nombre d'Etats. Le Traité de la CEE représente le modèle du libéralisme organisé. Le libre-échange est à la base de la dynamique du Traité de Rome. [...]
[...] Affaibli par la crise de la chaise vide il démissionne en 1967. Jacques Delors dispose en 1985 de plusieurs atouts. C'est d'abord un expert, spécialiste des dossiers sociaux et financiers. Ensuite, il a travaillé avec des responsables politiques de gauche et de droite. Enfin, il bénéficie d'une expérience européenne récente mais importante : député européen en 1979, président de la commission économique et financière du Parlement européen de 1979 à 1981, ministre français de l'Economie et des Finances de 1981 à 1985. [...]
[...] L'Europe des socialistes Entre européisme et internationalisme Le socialisme est une des sources de l'européisme : Pierre-Joseph Proudhon conclut ainsi le Manifeste du Parti communiste (1848) de Karl Marx et Friedrich Engels par Prolétaires de tous pays, unissez-vous Des socialistes se prononcent en faveur d'une Europe unie : Léon Blum, André Philip, Marceau Pivert, Bob Edwards, Altiero Spinelli, Paul-Henri Spaak Mais depuis sa naissance, le socialisme est tiraillé entre l'idée de nation et l'idéal internationaliste. Le socialisme allemand depuis Ferdinand Lassalle (1825-1864) maintient un courant social-démocrate qui prône un socialisme national. Son héritage est important au sein du SPD. Edouard Bernstein : les engagements de la classe ouvrière sont aussi bien nationaux qu'internationaux Double tradition : nationale d'abord, internationale ensuite. Pendant la Première Guerre mondiale, la plupart des socialistes ont rejoint des mouvements d'union sacrée. [...]
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