Remarques liminaires sur l'auteur et ses publications :
Licencié en droit en 1997, puis titulaire d'un DEA en sciences politiques, Marc Joly débute sa thèse de doctorat en 2000 à l'Université Marc Bloch de Strasbourg et la poursuit actuellement à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sous la direction de Gérard Noiriel. Ses travaux portent sur la réception française de l'œuvre du sociologue Norbert Elias.
Marc Joly occupe parallèlement la fonction de conseiller national du Mouvement des Citoyens présidé par Jean-Pierre Chevènement.
Il est l'auteur, entre autres, de ces deux ouvrages :
- JOLY Marc, Le Souverainisme : pour comprendre l'impasse européenne, Paris, François-Xavier de Guibert (éd.), 2001.
- JOLY Marc, Le retour du politique : journal de campagne, Paris, François-Xavier de Guibert (éd.), 2002.
[...] Ce processus fonctionnel de civilisation défendu par Monnet n'a donc pas pour ambition d'instituer un processus de civilisation identitaire qui serait l'approfondissement démocratique des Etats. Monnet, lui-même, ne voyait pas la finalité de son action et de sa méthode dans l'Europe millénaire, son projet s'adressait, en dernière instance, à tous les Etats démocratiques du monde. Le fait que le pouvoir-Europe attire de nombreux candidats tout en étant dans l'impossibilité de se définir des frontières civilisationnelles n'a, en soi, rien d'étonnant. [...]
[...] Or, Joly déclare parler de double légitimité, c'est admettre de facto que la construction européenne a eu pour conséquence de dissocier les représentants des Etats de leurs citoyens (page 17). En ce sens, il est admis que les représentants des Etats fondent une certaine souveraineté externe, un doublon virtuel de citoyenneté nationale, dont la fusion avec les autres souverainetés externes nationales des pays européens serait l'essence de la souveraineté communautaire de l'UE. Il existerait ainsi une souveraineté européenne auto-entretenue et possédée par le pouvoir- Europe et dont la caractéristique majeure serait d'être intrinsèquement dissociée des souverainetés populaires/nationales. [...]
[...] Selon lui, ce Comité Monnet est l'orchestration de la doctrine de la tutelle/contrainte externe. Pour l'auteur, le Comité a surtout été un lieu de socialisation élitaire (page 86) dont les objectifs doctrinaux et politiques ont échoué sans conteste. Ainsi, se débarrassant des postulats du mythe Monnet, Joly définit la logique de la construction européenne non pas comme celle d'un seul homme mais comme le fruit de l'interaction et des interrelations des différentes élites européennes. De là, il repère trois étapes de construction : l'établissement d'un consensus technique sur les questions économiques et juridiques, la recherche d'un consensus institutionnel relatif aux questions de système décisionnel et d'équilibre des pouvoirs, enfin, une phase d'exploitation du double consensus dégagé sur les plans juridico- économiques et politico-diplomatiques en prenant à témoin l'opinion publique. [...]
[...] A l'évidence, la civilisation est pensée par Monnet selon une acception normative qui est celle de l'organisation des sociétés humaines à travers des règles et des institutions. Monnet se montre tout à fait conscient que la civilisation, conçue, effectivement, comme un ensemble de règles et d'institutions communes aux individus d'une même société pacifiant leurs interrelations, est le fruit d'un lent processus. Néanmoins, Joly estime que Monnet fait dépendre ce processus de la volonté humaine à travers une philosophie de l'action trop volontariste qui oublie la socio- et la psychogenèse des règles et institutions communes. [...]
[...] Un de ces constats majeurs demeure la tendance des historiens à personnifier l'histoire de la construction européenne à travers l'action de grands hommes d'exception dont Monnet serait la figure archétypale. Joly remarque alors que l'historiographie et surtout les propres mémoires de Monnet remplissent les trois critères admis de la définition des mythes. On retrouve d'abord un récit des fondations avec l'idée du Père de l'Europe Puis, une représentation collective mettant en scène le caractère exceptionnel d'un grand homme Enfin, un ensemble de discours, de formules, de rites auxquels l'esprit et la méthode Monnet font écho. [...]
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