Philippe Moreau Defarges, né en 1943, est un politologue français, chercheur à l'institut français des relations internationales (IFRI), conseiller des affaires étrangères et enseignant. C'est l'un des grands spécialistes français des questions internationales, de la géopolitique, de la construction européenne et de la mondialisation. Tous ces domaines de réflexion se retrouvent dans le chapitre que j'ai choisi d'étudier, l'Europe pour quoi faire ?.
L'ouvrage qui comprend cet article est intitulé L'Europe et le monde. Il présente une redéfinition du statut de l'Europe dans un monde en mutation où elle semble peiner à trouver sa place. La réflexion s'articule autour des missions européennes, et des défis multiples qu'elle aura à relever pour fonder une union économique, politique, socio- culturelle et sécuritaire ; nécessaire pour être audible sur la scène internationale…
Le chapitre étudié, quant à lui, traite de la nécessité européenne de sortir de la tentation immobiliste due à un passé glorieux, et s'articule autour de la problématique de la refondation géopolitique, sociale et territoriale de l'idée d'Europe.
[...] Pour le couple franco- allemand, il importe de préserver la souveraineté des Etats, pour assurer la puissance. La vision britannique, quant à elle, insiste sur la nécessité européenne de s'adapter à la mondialisation De la même façon, il n'existe pas de vision unique de la démocratie européenne. Si les souverainistes souhaitent que celle-ci s'exerce dans la coopération d'Etats membres, les européistes désirent bâtir une véritable citoyenneté européenne supranationale. Ces désaccords se retrouvent dans le débat concernant les limites de l'Europe. [...]
[...] La géopolitique de l'Europe tiendrait alors à cette opposition historique, politique et juridique fondamentale ; cette idée me semble intéressante et pose des questions dépassant de loin le cadre du sujet d'étude. Le parallèle réalisé avec d'autres organisations internationales, tendant à expliquer le caractère inabouti de l'Europe, représente également une clé de compréhension efficace. Je trouve aussi qu'il était nécessaire de distinguer explicitement l'égalité des individus, et celle des Etats. C'est en effet une réalité porteuse d'implications, mais qui est malheureusement souvent éludée dans les ouvrages spécialisés. [...]
[...] Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide, la situation géopolitique s'est ainsi considérablement complexifiée ; menaçant de laisser une Europe parfois autiste, sur le bord du chemin. Aujourd'hui, elle apparaît donc tiraillée entre le désir de se renforcer par l'élargissement, et la volonté de rester à l'abri de la position internationale des Etats-Unis. Au sortir de la seconde guerre mondiale, Jean Monnet, instigateur de l'idée d'une Union européenne, prévoyait la construction d'une entité supranationale, gérant les relations intergouvernementales sans recours aux volontés et projets de chaque Etat. [...]
[...] Cependant, la construction européenne a été le fait d'accords entre populations, motivées, du moins au début, par un réel désir de construire ensemble. Peu nombreux au départ, les Etats membres se sont accordés sur des principes progressistes, rapidement enviés par les pays de l'Est à la fin de la guerre froide. Mais aujourd'hui, une partie importante de ces principes semble dépassée, et il importe de combler la grande part de flou artistique qui demeure. Ainsi dans le domaine économique, primordial à la pérennité de l'UE, l'aboutissement commun reste grandement inachevé : comment, par exemple, parler de monnaie unique quand seulement douze des Etats la partagent ? [...]
[...] Ces valeurs sont en effet, pour certaines, battues en brèche par une menace concurrentielle, de plus en plus affirmée, des nouveaux pays industrialisés. Cependant, si l'Europe paraît relativement consciente de la nécessité d'un virage économique favorisant la compétitivité et l'insertion dans une mondialisation en mutations constantes, il est un domaine traditionnel sur lequel elle ne veut transiger : celui de la démocratie. C'est en effet le principe fondateur de l'idée même d'une Europe fédéraliste, et la définition des garanties démocratiques institutionnelles y est particulièrement aboutie. [...]
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