Il s'agit de mener une réflexion argumentée et développée sur l'impossibilité de toute politique de sécurité et de défense commune européenne et même, comme l'indique le titre, du danger qu'il peut y avoir à engager la France et l'Europe dans une telle voie. Ainsi, bien que le mot apparaisse assez peu dans le livre, L'Europe vers la guerre fait figure de véritable 'bible souverainiste'
[...] Ce livre est donc le livre à lire pour celui qui ambitionne de connaître le courant souverainiste et, plus largement, la "nébuleuse républicaine". A l'image de L'Illusion économique de Todd qui appelle à un recentrage de l'économie autour d'une croyance collective raisonnable, la nation, L'Europe vers la guerre appelle à une renationalisation des diplomaties contre les illusions de la "sécurité collective". C'est ainsi une véritable doctrine "souverainiste- républicaine" qui se met en place, preuve s'il était nécessaire, que le "républicanisme" n'est pas cette "auberge espagnole" que J. Amalric, dans l'article déjà cité, prétendait avoir démasqué. [...]
[...] Une politique étrangère et de sécurité commune à l'Europe (PESC, qui s'inscrit dans la continuité des tentatives de sécurité collective) ne peut, en outre, que soumettre la politique étrangère de la France aux intérêts d'une Allemagne puissante car réunifiée. Par ailleurs, la PESC globalement, la construction européenne telle qu'elle s'est faite jusqu'alors) inscrivent la France et l'Europe dans une logique impérialiste, c'est-à- dire une logique de bloc qu'à travers les siècles la France a toujours combattu. Compte-rendu En guise d'introduction, trois dates sont à retenir dans l'histoire récente pour leur impact sur "ordre mondial" chute du Mur de Berlin et prélude à la réunification allemande ; puis 1990, indépendance des nations d'Europe centrale ou comment, par un Traité de Versailles à l'envers, "une Allemagne unie se réinstallait au cœur d'une Europe morcelée" ; 1991, l'effondrement de la Russie qui met fin à l'équilibre planétaire au plein bénéfice du seul empire américain. [...]
[...] Ainsi, bien que le mot apparaisse assez peu dans le livre, L'Europe vers la guerre fait figure de véritable "bible souverainiste". Même si l'humour et la polémique ne sont jamais absents, le propos de P.-M. Coûteaux est réfléchi, précis et argumenté, et l'auteur puise nombre de ses démonstrations dans l'histoire de l'Europe. Ce n'est donc pas à proprement parler un pamphlet contre la construction européenne comme peut l'être Le coup d'Etat invisible de Jean- Claude Barreau, autre eurosceptique notoire. Si ce livre peut être considéré comme une "bible" du courant souverainiste c'est parce qu'il tend à démontrer que la paix ne peut reposer que sur la souveraineté des nations et leur équilibre subtil ; le sentiment de l'auteur est que tous ces principes sont ceux qui ont présidé à la politique étrangère de De Gaulle mais aussi de tous les grands souverains de la France depuis Philippe le Bel. [...]
[...] Car, affirme PMC, la politique étrangère est d'abord un instrument de cohésion intérieure, un moyen de rassembler les français. Mais qu'on ne se méprenne pas ou qu'on n'essaie pas de faire passer PMC pour ce qu'il n'est pas tant il est habituel pour les européistes de diaboliser les euro-critiques Il ne s'agit pas de "tuer l'Europe" mais bien au contraire de remédier à la mondialisation non pas par la disparition des frontières (ce qui est voué à l'échec comme le montre la hausse constante du chômage depuis que l'Europe s'est lancée dans ce rêve de "construction") mais au contraire de "renationaliser" les stratégies nationales et leurs équilibres et que les pays d'Europe coopèrent enfin entre voisins raisonnables. [...]
[...] Il va sans dire que le choix de PMC se porte tout entier sur la seconde méthode : selon lui ce qui fait l'Europe c'est sa "diversité conflictuelle". Ceux qui, comme Charlemagne, Charles-Quint, Napoléon ou Hitler, ont voulu mettre fin à cette diversité par leur rêve d'unité continentale ont entraîné l'Europe vers la guerre Le second chapitre de cette première partie est en fait le récit des illusions mondiales (notamment françaises) consistant à instaurer une sécurité collective à l'encontre de l'équilibre des puissances, de Wilson à Maastricht en passant par Schuman, Briand et Védrine. [...]
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