Construire l'Europe en résistant à l'UE, Le cas du processus de Bologne, Pierre Muller, Pauline Ravinet, dangers de l'aporie analytique
Pierre Muller, directeur de recherche au CNRS, analyste des politiques publiques, et Pauline Ravinet, docteure en science politique spécialiste des politiques publiques européennes, signent en 2008 « Construire l'Europe en résistant à l'UE ? Le cas du processus du Bologne » pour la Revue internationale de politique comparée.
Dans un contexte de dissensions entre les chercheurs dans l'analyse des débuts du processus de Bologne i, Pierre Muller et Pauline Ravinet tentent – une nouvelle fois ii – de défendre l'idée que la Commission européenne n'a pu influencer le processus que dans une moindre mesure, face au volontarisme des acteurs nationaux.
[...] Un renversement contre objectif de l'analyse génésiaque Constat : Les éléments mis en avant par les deux pôles d'analyse fournissent en fait les arguments aux soutiens ou aux rejets du processus de Bologne. Cela est d'autant plus observable pour le coin supérieur droit du graphique : ajoutée à l'analyse génésiaque de Bologne, l'analyse des effets du processus selon Sarah Croché souligne les changements radicaux de conception de l'Université, selon les logiques de compétition et les lois du marché déjà évoquées ci-dessus ; tandis que les effets soulignés par le coin inférieur gauche met en avant des réformes d'harmonisation correspondant à un consensus sur les objectifs globaux, ainsi qu'à une vision de la mondialisation partagée par les différents acteurs nationaux, lesquels restent libres dans leur conduite. [...]
[...] Ravinet Sarah Croché voit également dans le processus de Bologne un cadre dont la l'orientation est influencée par chacun des acteurs, mais ses analyses de ce cadre divergent fortement : Pour Croché, nul besoin de chercher dans la coopération internationale un partage de référentiels, dès lors que la Commission Européenne, au départ invitée comme consultante, disposait des moyens nécessaires à forcer l'orientation du cadre, par des interventions stratégiques souterraines d'abord essentiellement financières. À partir de 2009, S. Croché invoque la notion foucaldienne de dispositif, pour analyser dans les débuts de Bologne les rapports stratégiques entre acteurs étatiques, Commission Européenne, auxquels elle ajoute la stratégie de Lisbonne. S'étant accaparée petit à petit le système auquel elle participait et arguant d'une nécessité d'adaptation à la globalisation la Commission aurait ainsi remodelé le cadre bolognais de sorte à ce qu'il poursuive des objectifs compétitifs et des logiques de marché. [...]
[...] Le cas du processus de Bologne Revue internationale de politique comparée, vol p. 653-665. Pierre Muller, directeur de recherche au CNRS, analyste des politiques publiques, et Pauline Ravinet, docteure en science politique spécialiste des politiques publiques européennes, signent en 2008 «Construire l'Europe en résistant à l'UE ? Le cas du processus du Bologne pour la Revue internationale de politique comparée. Dans un contexte de dissensions entre les chercheurs dans l'analyse des débuts du processus de Bolognei, Pierre Muller et Pauline Ravinet tentent une nouvelle foisii de défendre l'idée que la Commission européenne n'a pu influencer le processus que dans une moindre mesure, face au volontarisme des acteurs nationaux. [...]
[...] On peut dores et déjà trouver ici une raison de l'aporie née des analyses génésiaques de Bologne : c'est le positionnement politique et non plus seulement scientifique des chercheurs qui se sont attribués l'objet d'analyse Bologne qui les empêche de converger. On peut y voir un phénomène inédit dans l'étude des politiques publiques européennes, lesquelles, si elles s'opposent ponctuellement, devraient au moins finir dix ans après leur apparition par se compléter. Conclusion À l'issue de cette réflexion, l'aporie analytique née de la confrontation Muller Ravinet/ Croché (qui ne sont que des reflets, parmi d'autres auteurs, des positions qu'ils représentent) peut être vue comme la conséquence néfaste de positionnements légitimes que nous ne nous permettrons pas de juger ici. [...]
[...] Aussi importe-t-il de comprendre dans quelle mesure le processus de Bologne est devenu ce objet d'analyse à part, prompt à créer entre ceux qui l'étudient une fracture depuis les années 2000. Nous verrons en ce sens pourquoi les débuts de Bologne peuvent s'analyser de manière polarisée ; puis dans un second temps comment ce tumultueux dialogue politiste fait émerger une limite dans les études relatives à l'Union Européenne, et à l'EEES en particulier Sarah Croché analyse les débuts du processus de Bologne à l'aune d'un accaparement de son cadre par la Commission Européenne, avec pour effet la convergence des politiques publiques nationales relatives à l'enseignement supérieur vers des logiques de compétition (Croché et 2009, voir bibliographie) I / De la genèse du processus de Bologne à la polarisation de ses analyses En quoi les débuts du processus de Bologne ont généré, chez ses analystes, des interprétations largement différentes malgré des méthodes similaires d'analyse des politiques publiques Volontarisme, harmonisation et résistance à la Commission Rappeler en préalable que pour Pierre Muller et Pauline Ravinet, parler de résistance à l'UE constitue un vocable euphémisant pour désigner la résistance à la Commission Européenne, laquelle est la seule à être citée dans l'article au nom de l'UE. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture