Communauté Européenne de Défense (CED), Dumoulin Michel, patriotisme européen, Plan Pleven, mission Bruce
Le premier objectif de ce colloque est de pallier au manque d'études sur les conséquences de l'échec de la CED.
Le deuxième objectif est politique : il s'agit de se pencher, à l'occasion de la CED, sur les causes structurelles de l'absence de politique commune de défense afin de pouvoir espérer, demain, la construire. Pour Michel Dumoulin, les causes de ce déficit sont doubles :
Sur le plan symbolique, le patriotisme européen exige des opinions publiques qu'elles renoncent à des chapitres importants des patriotismes nationaux (mémoire des guerres pour la nation et le drapeau).
Sur le plan politique, tout projet de défense commune efficace suppose des éléments de supranationalité d'autant plus difficiles à mettre en place qu'ils touchent au domaine relevant le plus excellemment de la souveraineté des Etats.
[...] En 1991, Kohl et Mitterand prennent l'initiative de la création d'un corps d'armée franco- allemand, embryon d'une future force européenne au sein de l'UEO, pilier européen de l'OTAN. En 1992 à Maastricht, le compromis avec les atlantistes aboutit à la création en 1992 du Corps Européen, corps mécanisé opérationnel en 1995 (Eurocorps) comprenant des divisions françaises, allemandes, belges et espagnoles, un état-major multinational, soit une sorte de CED en moins ambitieux, et peu fonctionnel dans le cadre des objectifs d'une guerre moderne qui réclament plutôt le déploiement rapide de forces aériennes Continuity and change in Italian defence policy, 1945-1995 Leopoldo Nuti, Université de Catania La politique de défense italienne fit le choix constant des États-Unis aux dépens des efforts de défense européenne. [...]
[...] De Gaulle quitte alors le commandement intégré de l'OTAN en 1966 et infléchit sa politique, privilégiant le dialogue avec l'Est et le couple franco- allemand. Giscard poursuit la politique gaullienne, quoiqu'amendée ; son engagement européen porte sur l'économie, l'Europe des Neuf, mais pas la défense. Miterrand engage une évolution réelle. En 1983, la sécurité devient partie intégrante des relations franco-allemandes avec la constitution de la FAR (Force d'Action Rapide) qui permet à France d'engager très vite ses forces en Allemagne en cas de conflit. [...]
[...] Ce sont cependant les détracteurs qui se font le plus entendre ; ils critiquent notamment la règle des selon lesquelles chaque pays recevrait des commandes équivalent à plus ou moins de sa contribution au budget ; d'où la crainte que l'industrie allemande n'inflige une perte de production à l'industrie française. Cette crainte n'est pas justifiée concernant l'armement proprement dit, avion, tank, navires, dont la production n'aurait pas baissée ; mais la menace était vraisemblable pour les producteurs d'uniforme, de munitions, d'infrastructures, dont les commandes auraient été concédées selon toute vraisemblance aux alliés en échange des armes françaises. Cela explique opposition flamboyante de Michel Broussac par exemple, roi du coton français. [...]
[...] Le deuxième objectif est politique : il s'agit de se pencher, à l'occasion de la CED, sur les causes structurelles de l'absence de politique commune de défense afin de pouvoir espérer, demain, la construire. Pour Michel Dumoulin, les causes de ce déficit sont doubles : - Sur le plan symbolique, le patriotisme européen exige des opinions publiques qu'elles renoncent à des chapitres importants des patriotismes nationaux (mémoire des guerres pour la nation et le drapeau). - Sur le plan politique, tout projet de défense commune efficace suppose des éléments de supranationalité d'autant plus difficiles à mettre en place qu'ils touchent au domaine relevant le plus excellemment de la souveraineté des États. [...]
[...] Ce revirement s'explique aussi par l'analyse faite par les Italiens, en particulier par l'ambassadeur Quaroni, du climat intérieur français ; à rebours des Allemands qui y ont cru jusqu'à la fin, il a rapidement perçu que la France se sentait dépassée par sa créature, et que la CED avait de forte change de n'être pas ratifiée. Par la suite, leur fidélité aux USA n'est jamais prise en défaut. Ils sont les premiers à accueillir les Américains pour le déploiement des missiles Jupiter en 1958. Ils refusent le plan Fouchet non par principe, mais pour ses aspects anti-américains ; pour eux le renforcement de l'intégration n'est concevable que dans le lien atlantiste. [...]
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