« L'avenir est notre affaire », ouvrage que Denis de Rougemont écrit en 1977, est considéré sa dernière grande contribution, summum de sa pensé « mure ». L'auteur aborde le thème du fédéralisme européen lié à la question de l'écologie, problématique qui trouve une place de premier plan dans sa pensée à partir des années soixante, et critique âprement l'état de crise de la société occidentale dont le direct responsable est l'Etat nation, son grand ennemi de toujours. D'autre part, cet ouvrage peut être aussi considéré une critique implicite à l'intergouvernementalisme qui s'était imposé du temps du Congre de La Haye et qui, au moment de la publication, n'avait pas encore donné des résultats significatifs sans oublier l'échec du projet de la mise en place d'une défense commune (CED), la politique française de la chaise vide, le Parlement européen sans pouvoir et pas directement élu.
L'auteur développe principalement le concept de régions transfrontalières. Or pour rendre compte de la conception fédéraliste de Denis de Rougemont il est nécessaire, à notre sens, de penser sa vision de l'être humain, élément principal à partir duquel découle toute sa contribution philosophique et politique. Ce travail s'articulera, donc, autour de ces deux grands sujets en gardant à l'esprit qu'il y a une sorte de symbiose entre son vécu et sa pensée.
[...] Il est aussi très actif dans la promotion d'une culture européenne, nécessaire à la création des Européens. Il participe notamment à la fondation du Collège d'Europe à Bruges, du Centre européen de la Culture, du Conseil européen de la recherche nucléaire et de la Fondation européenne de la culture. La conclusion sera réservée à rendre compte de l'actualité de ses propos et à quelques réflexions personnelles. L'auteur propose sa vision politique qui résume en trois vœux : des régions pour l'Europe fédérée, une Europe fédérée pour le Monde, le tout au bénéfice de la personne La clef de voûte pour traduire ces vœux en réalité est la constitution d'une fédération des régions, issue d'un processus par étapes. [...]
[...] Or pour rendre compte de la conception fédéraliste de Denis de Rougemont il est nécessaire, à notre sens, de songer à sa vision de l'être humain, élément principale à partir duquel découle toute sa contribution philosophique et politique. Ce travail s'articulera, donc, autour de ces deux grands sujets en gardant à l'esprit qu'il y a une sorte de symbiose entre son vécu et sa pensée. Autrement dit, l'image que nous voulons relever à travers l'analyse de ces quelques lignes concerne le fait que Denis de Rougemont est ce qu'il écrit et vice-versa en étant, en même temps, un homme d'action. Cette action est représentée par et dans son existence. [...]
[...] François Saint-Ouen à l'IEUG. GOUZY, Jean-Pierre, Denis de Rougemont, l'Europe et la crise du XX siècle L'Europe en formation, septembre 2006, pp. 33-63. SAINT-OUEN, François, Denis de Rougemont : introduction à sa vie et à son oeuvre, Genève, Georg SAINT-OUEN, François, Les grandes figures de la construction européenne, Genève, Georg, 1997. [...]
[...] Ce qui importe concerne l'innovation sur le fond : l'Etat nation comme unité de référence disparaît à l'avantage d'une formation à base régionaliste et les décisions prises trouvent d'autant plus une application immédiate car elles sont sollicitées par les régions pour répondre à la satisfaction des besoins de la Personne. Cela constitue le premier pas pour accomplir la révolution européenne qui s'achèvera quand la relation verticale entre chaque région et sa capitale nationale, propre du système des Etats nations, sera remplacée par la relation horizontale entre régions. Le processus fédératif ne sera pas pour autant accompli. Il d'après Denis de Rougemont, une vocation universelle. [...]
[...] Or, il faut souligner que Denis de Rougemont ne présuppose pas nécessairement la disparition de l'Etat nation ou encore moins des formes de sécession immédiates et violentes : il s'agit de suivre la seule voie praticable aujourd'hui, celle que les Etats nation ne sauraient empêcher sans s'avouer franchement totalitaire Avec le temps et la pratique, cette organisation régionale s'imposera sans fortes secousses et un beau jour on s'apercevra que l'Europe est virtuellement faite D'autre part, entre les régions et la fédération des régions, l'auteur n'exclut pas que certaines régions puissent continuer à renouveler entre elles des liens particuliers dans une sorte de fédérations nationales des régions, dès lors que cela ne bloque plus l'évolution fédérative et peut même lui servir, cas échéant, de relais de concertation écologique ou énergétique ou d'instance d'arbitrage économique Or, pour comprendre cette foi dans l'idéal fédéraliste qui l'accompagne tout le long de sa vie il faut retracer quelque aspect biographique et la conception de la Personne de Denis de Rougemont. Suisse du canton de Neuchâtel, il a comme point de référence l'Etat fédéral suisse. Ensuite, jeune garçon, au lendemain de la Grande Guerre, il voyage en Europe et découvre que les Etats issus des traités de paix qui viennent d'être constitués connaissent déjà des problèmes liés aux minorités. Cette expérience le convainc que chaque peuple a des spécificités mais aussi des ressemblances qui ne peuvent trouver d'espace dans la forme de l'Etat nation, pour sa nature centralisatrice et uniformisatrice. [...]
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