L'Union européenne demeure une entité fortement fragmentée dans ses relations extérieures ; le défi de la cohérence entre tous ses membres, entre les différentes politiques extérieures, entre l'action de la Commission, celle des Etats membres et celle du Parlement reste l'un de ses principaux problèmes. Néanmoins, ces difficultés de « gouvernance externe » n'empêchent pas de considérer l'UE comme un acteur international, même si, de la guerre froide à la guerre en Irak, en passant par les guerres en ex-Yougoslavie, les défaillances incontestables concernant des évènements internationaux sont venues alimenter le scepticisme concernant le poids de l'UE sur la scène internationale. Mais alors, dans quelle mesure peut-on parler de politique européenne commune en matière de politique étrangère ? Comment l'objectif de mise en place d'une politique commune concernant la paix et la sécurité s'articule-t-il par rapport aux politiques étrangères nationales des pays membres de l'Union européenne ? Peut-on réellement définir l'UE comme un « acteur » essentiel sur la scène internationale ?
[...] Cette évolution générale est à relier à l'ambition de puissance que l'on peut déceler depuis Maastricht. Du début des années 1970 au début des années 1990, le cœur de l'activité extérieure européenne était avant tout économique et la politisation des relations extérieures était tout à fait occasionnelle. Il a fallu près de deux décennies avant que les Européens puissent se prévaloir d'un champ d'intérêt planétaire au niveau politique. Le continent européen, la région méditerranéenne et le Proche-Orient, l'Afrique, ont été pris en considération dans les années 1970. [...]
[...] Les guerres de Yougoslavie devaient servir de test à l'instauration d'une politique étrangère européenne. Mais la faiblesse politique de l'UE va être très largement dénoncée. Bien que ces conflits soient survenus à ses frontières, l'intervention de l'UE est restée seconde par rapport à celle des USA, tant au plan diplomatique que militaire, même elle prendra des mesures restrictives à l'égard de la Yougoslavie (embargo sur les armes et le matériel de répression policière, interdiction de nouveaux investissements en Serbie L'Union est apparue davantage capable de contribuer à la reconstruction, que d'imposer une cessation des conflits. [...]
[...] Au-delà de la rencontre entre les diplomaties des Etats membres et l'objectif européen d'une politique commune, ce sont les nouveaux circuits cette fois purement européens, à partir de Bruxelles, qui conduisent au dépassement des schémas classiques des politiques étrangères européennes. On assiste à la mise en place d'une nouvelle politique étrangère européanisée, caractérisée par ses propres acteurs, ses propres moyens et contenus. La PESC a ses acteurs propres, même si leur efficacité et leur autorité sont parfois contestées. Du Haut Représentant pour la PESC aux représentants permanents, des fonctions et des individualités ont acquis de l'importance. [...]
[...] L'Europe menace peu, se bat encore moins, et sanctionne rarement. Mais l'Europe paye après les combats, accompagne des processus (électoraux par exemple, en Palestine ou en Russie), s'efforce de refonder des sociétés civiles, voire d'administrer des territoires. On peut estimer qu'il ne s'agit là que d'une politique étrangère de proximité qui s'intéresse aux populations à défaut d'être présente aux tables de négociation. Cela reste néanmoins une politique étrangère, qui s'efforce de transformer des problèmes politiques en problèmes techniques, avec des moyens importants à l'appui, mais sans déclaration ostentatoire. [...]
[...] L'effondrement du bloc communiste a donné une impulsion sensible en poussant la CE à utiliser son poids économique à des fins politiques. L'évolution de l'UE vers la puissance globale est en germes, dans la foulée de Maastricht et d'Amsterdam. La politisation des relations extérieures est beaucoup plus systématique qu'elle ne l'était et en plus, phénomène plus nouveau, l'UE a ébauché des stratégies globales qui, au lieu d'une simple greffe politique posée sur des relations prioritairement économiques, s'efforcent de placer sur un pied d'égalité l'économique et le politique. [...]
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