L'Europe peut-elle parler d'une seule voix sur la scène internationale ? Il s'agit là du défi majeur auquel elle est aujourd'hui confrontée. La Communauté a été un succès économique incontestable. En comparaison et malgré la création de l'Union européenne en 1992, la politique reste le parent pauvre du processus d'intégration. La politique étrangère l'est d'autant plus qu'elle représente l'un des éléments essentiels du pouvoir régalien d'un Etat auquel il est par conséquent très difficile de renoncer. Même si le sujet invite plutôt à s'interroger sur l'avenir, il me semble fondamental d'étudier la question en partant de la fin de la guerre froide afin de comprendre au vu des évolutions passées si l'UE pourrait dans les années à avenir parler d'une seule voix. Sans cet ancrage historique, mon exposé ne serait que de la prospective. Ainsi, nous verrons dans une première partie que l'Europe, devenue une puissance internationale potentielle avec la fin de la guerre froide, a pris conscience de la nécessité de parler d'une seule voix à la suite de la tragédie des Balkans. Puis, nous étudierons l'évolution de la politique étrangère européenne face à la guerre en Irak, au grand élargissement et à l'échec du traité constitutionnel. Enfin, nous tenterons de voir dans quelle mesure l'Europe peut parler d'une seule voix et être un acteur dans un monde à terme multipolaire
[...] L'Union européenne : un soft power ? Dans ces conditions dans quelle mesure l'Europe peut-elle parler d'une seule voix ou en d'autre terme, quelle acteur peut-elle être sur la scène internationale ? Evoquer le syndrome japonais géant économique mais nain politique pour qualifier l'Europe semble à la fois justifié et exagéré. Les moyens économiques restent ses principaux leviers d'action. Plus grand pourvoyeur d'aide au développement, l'UE exerce une diplomatie du chéquier Pensez à l'exemple du conflit israélo-palestinien où l'Union est bien peu influente comparée aux Etats-Unis pour tenter d'imposer le respect de la feuille de route mais constitue le premier contributeur de l'autorité palestinienne. [...]
[...] Plus que militairement, c'est politiquement que l'Union européenne fut impuissante car elle-même divisée. L'Allemagne, qui renaissait sur la scène internationale, a soutenu les proclamations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie tandis que la France se refusait à aller à l'encontre des Serbes. Comme vous le savez c'est en Bosnie-Herzégovine que l'impuissance de l'Europe a eu le bilan humain le plus lourd morts et près de 2 millions de réfugiés. Les accords de Dayton en 1995 ont été le fait des Américains. [...]
[...] Le secrétaire général du Conseil et haut représentant pour la PESC, Javier Solana a accru la représentation de l'UE sur la scène internationale. L'Europe s'est présentée unie pour intervenir au Kosovo et en Afghanistan même si on pourrait objecter que ces deux interventions de l'OTAN ont une fois de plus rappelé la faiblesse militaire de l'Europe. La défense européenne qui ne date, je le répète que de 1999, dans le cadre de l'UE a réalisé ses premières interventions en Macédoine et en République démocratique du Congo en 2003 puis en Bosnie-Herzégovine en 2004. [...]
[...] Les Etats membres continuent à vouloir jouer un rôle prédominant, en particulier ceux qui ont une longue tradition diplomatique, comme la France ou le Royaume-Uni. Si l'Union européenne se veut un soutien majeur de l'Organisation des Nations Unis et cherchent le plus possible à y apparaître unie, ses divisions transparaissent malgré tout. La France et le Royaume-Uni restent attachés à leurs sièges de membres permanents du Conseil de Sécurité, la Belgique et l'Espagne se sont récemment illustrées en se présentant l'une contre l'autre pour un poste de membre du Conseil de sécurité en 2007. [...]
[...] La fin du monde bipolaire a ouvert à l'Europe la possibilité d'exister sur la scène internationale C'est en effet la chute du bloc soviétique qui, en mettant fin à la dichotomie manichéenne est-ouest, a permis à l'Europe d'envisager d'être un acteur influent sur la scène internationale et non plus seulement le second des Etats-Unis. Que l'Europe parle d'une seule voix n'a de sens que si sa voix a une certaine portée. D'une certaine manière, l'Europe a souvent parlé d'une même voix durant la guerre froide mais sans aucune marge de décision, ne faisant que suivre la ligne des Etats-Unis. [...]
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