Ainsi, il semble intéressant d'étudier en détail le rôle de l'Union Européenne dans la régulation du conflit au Proche-Orient depuis les années 1991-1992, jusqu'à aujourd'hui. Doit-on accepter la thèse qui ferait de l'Ue un simple acteur de soutien économique à la région, attitude expliquée par l'histoire même du processus d'intégration européenne, marquée jusqu'à aujourd'hui par sa dimension économique ? Comment l'action de l'Ue a évolué vis-à-vis de cette région, ainsi que les perceptions des deux parties en conflit par rapport à elle ? L'action européenne s'est-elle inscrite en complément de l'implication américaine, ou bien un facteur compétition n'est-il pas l'élément clé pour comprendre les initiatives des uns et des autres ?...
[...] Les accords de Taba de 1995 (premier accord international signé par l'Union européenne en tant que tel) agrandissent le territoire de l'autorité palestinienne, qui possède désormais une autorité partielle en Cisjordanie. Les accords d'Hébron (1997) permettent le retrait partiel des troupes israëliennes d'Hébron, ainsi que le renforcement de la force de police palestinienne. En 1998, les accords de Wye Plantation voient principalement le retrait de l'armée israëlienne Tsahal d'une partie de la Cisjordanie, ainsi que la libération de centaines de prisonniers palestiniens détenus en Israël. [...]
[...] Le monde arabe en général était satisfait de voir l'Union européenne s'affirmer enfin dans le processus de paix. Quant aux israéliens et américains, leur méfiance initiale se transforma en considération plus pragmatique : l'idée d'un effort commun, sous leadership américain no leadership sharing pour partager le fardeau cost sharing d'un conflit inextricable faisait son chemin, sans doute renforcée depuis la co- présidence franco-américaine du Comité de surveillance du Sud-Liban (1996). Car l'introduction de l'ue dans le processus de paix apporte un élément d'équilibre bienvenu, alors que les Américains passent de plus en plus comme un interlocuteur partial pro israélien, notamment par ses veto continus au Conseil de Sécurité de l'onu concernant des résolutions dénonçant les colonisations israéliennes L'affirmation de l'ue comme un acteur stratégique sur qui il faut compter, et disposant d'une autonomie de décision, ne se démentira pas, bien au contraire : la récente visite de Dominique de Villepin en Palestine, insistant sur le rôle de l'Ue au sein du Quartette comme acteur impartial pour la paix future, poursuivait en cela la tournée de Jacques Chirac au Proche-Orient de 1996. [...]
[...] Cet engagement économique n'est pas nouveau : déjà en 1993, à la Conférence des Donateurs de Washington, l'Union européenne contribua en grande partie à l'octroi de 24 Milliards de dollars à un fond dédié à l'actualisation du processus de paix entre les années 1994 et 1998. A ce propos, il est éclairant de remarquer l'attitude américaine de défiance envers toute participation économique massive, ceci malgré son poids diplomatique incomparable : sur les d'aides économiques promises aux Palestiniens, ces derniers n'en reçurent que Ainsi, le rôle européen de moteur économique economic engine selon l'expression de Alison Lamont ) ne semble guère faire de doûtes. [...]
[...] Le choix de Moratinos fut (et reste) sans doûte judicieux : celui-ci fut en effet directeur général espagnol du département Afrique et Moyen-Orient du ministère des affaires étrangères (1993-1996), prit dans ce cadre une part active à l'inauguration du processus de Barcelone, puis fut nommé ambassadeur en Israël. Doté d'un mandat lui laissant une capacité d'initiative non négligeable, il s'en servira notamment au cours des six premiers mois de son mandat, où il fera pas moins de 66 voyages dans différents endroits de la région. [...]
[...] Malgré les efforts du président Clinton à la fin de son second mandat, l'échec du sommet de Camp David en 2000, et l'avènement de la seconde intifada montrent toutes les limites actuelles d'un processus de paix sans cesse remis en cause par les surenchères de violence des deux camps. Dernièrement, le rapport Mitchell (2001) et la constitution d'une feuille de route appuyée par ce qu'on appelle le Quartette (USA, UE, Russie, ONU), visent à permettre une reprise du dialogue entre israëliens et palestiniens, grace à la coopération et à la pression internationale. [...]
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