Le dilemme majeur auquel était confrontée l'Union Européenne en 1989-1990 était de concilier la poursuite de l'intégration européenne avec la gestion des rapports avec 'l'autre Europe', en voie de recomposition. La crise yougoslave a fourni un premier test à cette Europe de l'après-guerre-froide, avec cette question centrale : comment mettre en place et rendre crédible la Politique Etrangère et de Sécurité Commune ?
[...] Ces interlocuteurs n'étaient donc pas les mieux placés, ce sont eux pourtant qui ont été privilégiés. Surtout, l'erreur de l'Union Européenne fut d'annoncer, à la veille de la proclamation de l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, son refus de reconnaître ces mêmes indépendances, au nom du principe " d'unité et d'intégrité de la Yougoslavie Ce discours ne pouvait en aucun cas dissuader ces indépendances ; en revanche, il fut interprété par Belgrade comme une invitation à faire usage de la force contre la Croatie et la Slovénie. [...]
[...] Ce plan échoua à cause du rejet serbe en mai 1993 et de l'absence du côté de l'Union Européenne d'une volonté réelle de l'imposer. En juin 1993, le principe de la partition de la Bosnie était de fait accepté par l'Europe. Le choix d'une stratégie de realpolitik et d'acceptation du fait accompli pour obtenir la paix explique une telle attitude. Or l'annonce du partage ethnique de la Bosnie eut pour conséquence l'intensification de la guerre à l'automne 1993, chaque camp compris les croates contre les musulmans) espérant obtenir le découpage le plus favorable. [...]
[...] Aucune des mesures adoptées à Londres ne fut respectée (si ce n'est l'augmentation du nombre de casques bleus pour accompagner l'aide humanitaire), car aucun moyen de rétorsion ou d'imposition n'accompagnait ces mesures. A Genève, le débat s'est concentré sur le plan " Vance-Owen " pour la Bosnie, proposé par les représentants de l'UE et de l'ONU. La constitution bosniaque devait reconnaître trois groupes ethniques dont chacun serait dominant dans l'une des trois provinces, Sarajevo restant ville ouverte. Ce plan était discutable sur ses principes (reconnaissance tacite des conquêtes serbes)et surtout sa mise en oeuvre aurait nécessité un déploiement massif de troupes. [...]
[...] Le projet échoua en raison de l'intransigeance serbe et de l'absence de moyens de pressions pour obliger les belligérants à accepter le compromis. Surtout, c'est l'intensification de la guerre sur le terrain qui rendait l'effort de la conférence européenne assez illusoire. La reconnaissance C'est cette question de la reconnaissance qui a réellement affaibli la cohésion de l'Union Européenne. L'Allemagne, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas et l'Italie étaient favorables à la reconnaissance des républiques coopérant dans le cadre du processus de paix. La France, le Royaume-Uni, la Grèce, le Portugal et l'Espagne s'y opposaient. [...]
[...] L'intervention militaire La fin du conflit bosniaque suggère plusieurs constats concernant le rôle de l'Union Européenne. Tout d'abord l'arrêt de l'agression ne fut possible qu'avec l'engagement de l'OTAN et des Etats-Unis (ultimatum de février 1994 après le massacre du marché de Sarajevo, frappes de l'OTAN en Krajina, crise des otages, opération " force délibérée " en septembre 1995, envoi du contingent américain sous l'égide de l'ONU et dans le cadre des accords de Dayton). Puis c'est l'initiative européenne (et notamment française)qui est à l'origine de l'engagement américain dont la conséquence fut paradoxalement, l'éclipse de fait de l'Europe du jeu diplomatique (les européens n'ont pas participé aux négociations les plus importantes de Dayton en 1995). [...]
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