L'Union européenne (UE) entretient un rapport singulier avec la notion de puissance. Ainsi, dès 1973, lors de la déclaration de Copenhague sur l'identité politique de l'Europe, la CEE rejette la puissance au sens classique du terme et fait de ce rejet un élément fondamental de sa construction : « L'Europe des neuf est consciente des devoirs internationaux que lui impose son unification. Celle-ci n'est dirigée contre personne ni inspirée par une quelconque volonté de puissance ». Cependant, lors de la déclaration de Laeken en 2001, l'UE s'interroge sur sa place dans le nouvel ordre planétaire mondial : « l'Europe ne doit-elle pas jouer le rôle d'une puissance qui est à même de jouer un rôle stabilisateur sur le plan mondial ? »
Ainsi, l'UE se cherche en tant que puissance. Mais quelle définition donne-t-elle au terme de puissance ? Une puissance économique, politique et militaire ? Une puissance à l'échelle régionale, mondiale ? De plus, l'UE est composée de pays ayant une ambition gigantesque due à cette volonté de retrouver la place centrale aussi bien géopolitique, géoéconomique, militaire et même idéologique occupée jusqu'au premier conflit mondial.
[...] L'UE, grâce à l'action de la PAC depuis 1962, constitue la deuxième puissance agricole au monde après les États-Unis. Par ailleurs, le G8, groupe de discussion et de partenariat économique qui regroupe les principales puissances économiques du monde compte dans ses rangs la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie. La puissance économique de l'UE peut être illustrée par la victoire à l'OMC face aux États-Unis dans le dossier Boeing-Airbus. Ce poids géoéconomique de l'UE composée de ses pays membres contribue en partie à donner à ces derniers un poids géopolitique à l'échelle mondiale. [...]
[...] La crise de l'UE : une puissance impossible L'UE subit de plein fouet une myriade de crises : crise démographique avec la perspective de perdre près de 54 millions d'habitants d'ici à 2050 ; crise économique et sociale avec une croissance inférieure à depuis 1990 et un chômage de masse touchant plus de 20 millions de personnes ; crise financière avec la crise de la dette ; crise scientifique avec la non- maîtrise des NTIC et des flux mondiaux du brain drain ; enfin, au-delà de la crise institutionnelle qui touche l'Union depuis 2005, une crise de reconnaissance de la puissance européenne au niveau mondial. Ces crises ne posent plus la question de la puissance de l'UE, mais bien de son avenir. Dans ces conditions, l'Europe ne peut en aucun cas être considérée comme une puissance traditionnelle. (Ainsi, l'UE ne peut pas être qualifiée de puissance traditionnelle, car elle ne possède pas tous les éléments que doit avoir une telle puissance. [...]
[...] Par ailleurs, les États-Unis, dans le cadre du plan Marshall, ont clairement montré leur vision : l'Europe constitue un simple rempart face à l'URSS. Dans ces conditions, l'Europe est passée sous le parapluie nucléaire américain sans cherche à se bâtir dans le domaine militaire. Enfin, la CEE puis l'UE se construisent par des compromis. Par conséquent, toute volonté hégémonique d'un pays sur les autres est impossible. Cette approche pragmatique fonctionne aussi dans la vision mondiale de l'UE, approche contraire à celle d'une puissance classique. [...]
[...] Mais c'est aussi l'espace européen qui est un facteur de la puissance de l'UE par son intégration. L'UE : un espace intégré L'intégration est l'un des objectifs fondamentaux de l'UE (et de la CEE à partir de 1957). C'est ainsi que l'UE a créé le FEDER en 1975 suite à la demande du Royaume-Uni pour moderniser les anciennes régions minières anglaises. Avec les élargissements successifs, l'intégration est confrontée à des défis toujours plus grands, mais l'UE devient dans le même temps plus puissante. [...]
[...] Mais ce n'est pas pour autant que l'UE abandonne sa volonté d'être une puissance totale. Des progrès dans le domaine de la défense Depuis le traité de Maastricht en 1992, l'UE dispose d'une nouvelle politique communautaire : la PESC : politique européenne de sécurité et de coopération. De plus, après le traité de Saint-Malo en 1998, l'UE se dote de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) en 1999, instrument de la PESC. Par la PESD, l'UE peut déployer une capacité militaire d'environ 60000 hommes. [...]
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