Peut-on dire que l'Union Européenne a répondu réellement cette définition à la fois poétique et problématique de L. Febvre ? Rien n'est moins sûr. Le territoire européen varie en effet selon les moments et les organisations. Il inclut la Turquie et la Russie si l'on se fixe sur la composition du Conseil de l'Europe, et va même plus loin en incluant Israël ou l'Azerbaïdjan si l'on se réfère à des activités plus « culturelles », comme la coupe d'Europe de Football, ou le concours Eurovision de la Chanson. Face à cette diversité, la question des frontières de l'Union Européenne est de fait désormais l'une des principales préoccupations tant des institutions que des citoyens européens, et l'absence de réponse semble aujourd'hui encore être l'attitude dominante face à ce sujet brûlant et objet de toutes les polémiques.
Longtemps objet d'un d'une relative hypocrisie entre les discours de la majorité des acteurs politiques qui considère qu'il faudra bien un jour fixer les frontières de l'Europe, et la solution généralement adoptée, consistant à repousser à plus tard la définition de celles-ci ; la question des frontières de l'UE devient un problème majeur à l'heure où l'UE cherche à apparaître comme un acteur politique à l'échelle mondiale.
[...] Ce point chaud, qui implique nécessairement une définition des frontières de l'Europe, n'a pas été envisagé. Après tout, si les frontières de l'UE ne sont pas obligées de correspondre à ses frontières géographiques pures ou culturelles, comme peut le laisser penser une éventuelle adhésion turque, l'UE pourrait s'étendre plus largement encore en Asie avec la Russie. Elle prendrait une identité plus multiforme encore. Elle deviendrait de fait un acteur mondial évident, plus qu'une Union politique. Surtout, la question russe pose aussi la question des rapports UE- OTAN, l'UE étant largement dépendante de l'OTAN actuellement pour la défense, et la Russie s'opposant à cette vision. [...]
[...] Ces critères prennent un caractère strictement politique et économique, et n'aborde donc la question des frontières qu'en termes de valeurs non partagées. Les critères de Copenhague ont été inclus dans le TUE (Art après le traité d'Amsterdam, et sont par ailleurs complétés comme conditions nécessaires à toute adhésion par l'art 49 TUE. Tout Etat candidat doit donc : la mise en place institutions stables garantissant l'état de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection ; une économie de marché viable ainsi que la capacité de faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l'intérieur de l'Union ; la capacité ( . [...]
[...] Il paraît donc aujourd'hui utopique pour l'UE de continuer une politique de poursuite des adhésions de nouveaux Etats membres sans fixer des règles plus précises, et des limites à celle-ci. Dans cette optique, il convient de s'interroger sur la pertinence que revêtirait la définition de frontières à l'Union, et sur sa nécessité dans le cadre d'une UE ayant désormais l'ambition de devenir un acteur mondial. Au fond, faut-il en plus du numéro de téléphone et du nom réclamés par H. [...]
[...] L'Union Européenne a-t-elle des frontières ? Introduction Europe, un nom flottant qui pendant longtemps n'a pas su sur quelles réalités se poser. (Lucien Febvre, l'Europe, Genèse d'une civilisation, 1999). Peut-on dire que l'Union Européenne a répondu réellement cette définition à la fois poétique et problématique de L. Febvre ? Rien n'est moins sûr. Le territoire européen varie en effet selon les moments et les organisations. [...]
[...] Par ailleurs, la poursuite de l'intégration politique a rencontré parfois quelques réticences fortes au sein des nouveaux membres, peu désireux de laisser des prérogatives fraîchement retrouvées à un nouveau grand ensemble (Cf : cas extrême de la Pologne). L'élargissement n'a donc pas seulement contribué à une réunification du continent européen, mais aussi plus ardemment posé la question de ses frontières, et partant, de son efficience politique dans ce cadre élargi. Il ne suffit pas en effet d'être plus nombreux pour être plus efficace. L'UE a jusqu'ici abordé la question de ses frontières de manière très limitée Les critères de Copenhague (1993) fixent des frontières fondées sur la politique pour l'Europe. Peut-on s'en contenter ? [...]
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