Le 12 juin 1985, soit à peu près quatre ans après la Grèce, le Portugal et l'Espagne font leur entrée dans la Communauté économique européenne (CEE). Onze ans auparavant, ces trois pays européens étaient en marge des relations internationales, et leur régime présentaient des caractéristiques parfaitement dictatoriales : Francisco Franco en Espagne, Marcello Caetano au Portugal et les colonels de Papadhópoulos en Grèce.
Tous avaient établi un pouvoir fort s'appuyant sur l'armée ou la police politique et ne tolérant pas la contestation. Comme l'indique l'intitulé du sujet et l'appellation commune d'Europe méridionale, ces trois pays connaissent à peu près simultanément le passage d'un régime dictatorial et autoritaire à un régime démocratique et même parvenir à quelques années d'intervalle à intégrer la communauté européenne.
Si la concordance temporelle de la démocratisation des institutions politiques de ces pays est pour le moins intrigante dans la mesure où leur histoire n'est pas commune, Samuel Huntington sa typologie des "vagues" de démocratisation les insère dans la même "vague", la troisième après celle des 1828-1926 et de 1943-1962.
Le rapprochement de l'évolution de ces trois pays incite à s'intéresser aux modalités de leur changement politique, et donc à la manière dont chutent les régimes autoritaires et dont s'établissent non seulement les institutions mais également la pratique démocratique.
Quelles convergences peut-on mettre en évidence entre ces trois pays ?
[...] Car bien que depuis 1976 les élections soient démocratiques, celles de 1991 sont les premières qui ont lieu après un mandat complet de quatre ans prévu par la Constitution et non après une dissolution de l'Assemblée. Or le plus grand défi auquel le Portugal se voit confronté pendant la phase de consolidation est précisément la stabilisation du système politique. Une autre étape importante de la consolidation démocratique fut l'effacement de la Constitution de 1976 de la clause de la transition envers le socialisme par une révision constitutionnelle en 1989, signe clair de la fin d'un possible régime communiste et déclaration définitive en faveur des principes démocratiques. [...]
[...] De plus, la volonté des colonels d'instaurer une société épurée de la corruption, mais aussi d'un certain nombre de valeurs considérées comme décadentes était cohérente avec les attentes d'une société grecque fortement influencée par une philosophie orthodoxe traditionaliste. C'est pour cette raison que la population, dans une considération large, ne montre jamais réellement d'opposition claire ou du moins traditionnelle envers le régime durant les cinq premières années. Le point de rupture est sans doute le virage pris par Papadhópoulos en 1973 suite au coup d'Etat manqué par les officiers de la marine. [...]
[...] La situation s'améliore ensuite grâce à la baisse des prix pétroliers, au maintien de l'apport touristique et à l'afflux d'investissements étrangers. La politique en ce qui concerne l'OTAN constitue le deuxième pan de l'ouverture extérieure. Les socialistes y voient l'opportunité d'en finir avec l'isolement séculaire du pays dans l'ordre international et font de l'entrée dans l'OTAN et dans la CEE un seul et même moyen pour atteindre l'objectif de retour de l'Espagne comme force diplomatique de premier plan Le Portugal de même que l'Espagne - est très rapidement soutenu par les Etats Unis et la RFA, ce qui conditionne la vie politique nationale et fait pencher le nouveau système politique vers une démocratie dans le style ouest-européen et non vers un système communiste tel que le voulaient le PCP et le MFA. [...]
[...] Ce risque se diluant peu à peu, il reste à stabiliser une administration portant encore les traces soit du régime dictatorial, soit de la corruption. Avant 1981, celle-ci n'est pas réellement inquiétée, compte tenu de la prudence sage de Karamanlis d'éviter un nouveau basculement. Mais dès 1981, le P.A.S.O.K entame une épuration en bonne et due forme, qui même au service d'une considération partisane, renforce l'ancrage de la démocratie. L'ouverture à la scène internationale 1. Les exemples d'insertion espagnol et portugais En Espagne, l'ouverture sur l'extérieur et plus particulièrement à la Communauté Economique Européenne est considérée comme un élément de solution à la crise. [...]
[...] Au début de la décennie 1970, la nécessité d'introduire en Espagne une certaine rationalisation dans le domaine politique et de faire disparaître les obstacles institutionnels à un bon fonctionnement de l'économie de marché se fait ressentir chez les élites politico-administratives. Elles envisagent même la possibilité d'établir lentement et prudemment les institutions semi-parlementaires d'une démocratie contrôlée. Mais des tensions se font sentir entre l'élite technocratique réformatrice d'une part, et l'administration, l'appareil de répression et la vieille garde phalangiste conservatrice, d'autre part. [...]
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