Grèce, zone euro, crise de la dette, sortie de l'Euro, déficit de compétitivité, Trojka, mise sous tutelle de l'Etat, retour à la Drachme
Une sortie de la Grèce de la Zone Euro apparaît au premier abord comme une solution simple à deux problèmes majeurs : d'une part un niveau d'endettement public insoutenable - qui aujourd'hui implique de fait une mise sous tutelle de l'État grec de la part de la « Trojka », d'autre part un déficit de compétitivité élevé. Une sortie de l'Euro permettrait à la Grèce de dévaluer massivement, ce qui se traduirait par un défaut sur ses anciennes dettes - désormais libellées dans la nouvelle monnaie ou tout simplement effacées - tout en résorbant le différentiel de compétitivité vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. Il s'agit d'une hypothèse politiquement séduisante alors que les opinions publiques européennes, d'après un certain nombre de sondages relayés par la presse française comme allemande, semblent y être largement favorables tant dans les pays créditeurs qu'en Grèce.
[...] D'un point de vue des créditeurs de la Grèce, il faut considérer que la dette du secteur privé vis-à-vis de l'étranger s'élève à du PIB du pays. Deuxièmement, l'éventualité d'une conversion des dépôts bancaires en Nouvelle Drachme posera le problème d'un collapse du système bancaire dès l'annonce de la sortie du pays de l'Euro. Le poids d'une recapitalisation du système bancaire sera avec toute probabilité porté par les épargnants. Troisièmement, un tel scénario exposerait la Grèce à un arrêt considérable de ses relations économiques avec l'étranger. [...]
[...] Une sortie de la Grèce de la Zone Euro est-elle envisageable ? I. Une hypothèse politiquement attrayante Une sortie de la Grèce de la Zone Euro apparaît au premier abord comme une solution simple à deux problèmes majeurs : d'une part un niveau d'endettement public insoutenable - qui aujourd'hui implique de fait une mise sous tutelle de l'Etat grec de la part de la Trojka d'autre part un déficit de compétitivité élevé. Une sortie de l'Euro permettrait à la Grèce de dévaluer massivement, ce qui se traduirait par un défaut sur ses anciennes dettes - désormais libellées dans la nouvelle monnaie ou tout simplement effacées - tout en résorbant le différentiel de compétitivité vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. [...]
[...] Avant même d'en peser les conséquences économiques, il faut en effet considérer la portée politique d'un tel événement. Les précédents historiques dans des pays aux institutions bien plus solides, l'Emergency Banking Act voulu par Roosevelt en 1932 comportant par exemple la nécessité de mesures de police relevant de l'autoritarisme, ne plaident pas en faveur d'une sortie de l'Euro sans effet sur les institutions démocratiques grecques. Un retrait de la zone monétaire représenterait au contraire une dénonciation de fait des Traités de l'Union ce qui priverait la Grèce du garde-fou démocratique que constituent les institutions européennes. [...]
[...] Une note de recherche publiée par UBS en septembre 2011 a chiffré les conséquences de la sortie d'un pays périphérique de la Zone Euro. En faisant l'hypothèse d'une dévaluation de suite à la sortie d'un de ces pays de l'UEM, la banque suisse estime une augmentation de la prime de risque d'au moins 700bp (en excluant l'hypothèse d'une paralysie totale du crédit), une diminution du commerce international de et une perte sèche à hauteur de des dépôts bancaires pour les épargnants. [...]
[...] La mise en place probable, dans ce scénario, de mesures draconiennes de contrôle des mouvements de capitaux et des dépôts bancaires y compris par une suspension de l'État de droit alors que des protestations de masse dans les rues sont à prévoir et que le pouvoir grec se sentirait dès lors déresponsabilisé par rapport aux obligations démocratiques garanties par l'UE, devraient nous amener à considérer un tournant autoritaire comme probable. Le débauchage de la monnaie rêvé par Lénine constituerait une menace de tailles pour des institutions libérales relativement jeunes. Une période de transition déflationniste sous l'égide de l'UE avec une éventuelle restructuration partielle de la dette souveraine semblerait en effet pouvoir garantir, au prix d'une impopularité chronique des exécutifs grecs successifs et d'une réduction temporaire du niveau de vie, une issue politique et sociale plus stable. Qu'en est-il alors du point de vue strictement économique ? [...]
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