Exsangue mais victorieux, le Royaume-Uni sort de la Seconde Guerre mondiale confiant dans sa stature internationale, grâce à la place qu'il a à la table des vainqueurs, que ce soit à Yalta ou au Conseil de Sécurité de l'ONU. Le monde, partout, a changé et la nostalgie de la grandeur de l'époque victorienne ne change rien au fait que le monde ne dépend désormais plus que des Etats-Unis et de l'URSS. Que ce soit en souvenir de son « Splendide Isolement » ou par une traditionnelle indépendance vis-à-vis des affaires du continent, le Royaume-Uni met longtemps avant de franchir le pas et de s'engager dans la construction européenne.
L'eurosepticisme, véhiculé en 2007 par le Sun ou le Daily Telegraph, montre que cette adhésion n'est pas complète. L'île semble avoir, au cours d'une relation complexe, gardé certaines distances vis-à-vis du continent. Il s'avèrerait pour cela intéressant de voir quels sont les facteurs pouvant expliquer cette relation entre le Royaume-Uni et l'Europe de 1945 à 2007.
[...] Preuve éclatante d'une grande dépendance du Royaume-Uni à l'égard des Etats-Unis dans le domaine militaire, les accords de Nassau (1962) sont en même temps un indicateur du relatif déclin du Royaume-Uni, qui ne peut assurer seul la dissuasion nucléaire. Le refus britannique de passer en 1999 à l'Euro n'est pas sans rappeler le Gold Standard Act de 1925, qui avait montré l'importance cruciale du prestige de la Livre Sterling pour redorer le blason du Royaume- Uni après la Première Guerre mondiale. L'idée du déclin de la nation britannique était alors déjà présente. Ce sentiment de déclin amène le pays à revoir ses relations avec l'Europe. [...]
[...] L'euroscepticisme, véhiculé en 2007 par le Sun ou le Daily Telegraph, montre que cette adhésion n'est pas complète. L'île semble avoir, au cours d'une relation complexe, gardé certaines distances vis-à-vis du continent. Il s'avèrerait pour cela intéressant de voir quels sont les facteurs pouvant expliquer cette relation entre le Royaume-Uni et l'Europe de 1945 à 2007. Un des principaux éléments d'illustration de ces relations est l'engagement mitigé dans la CEE puis dans l'Union Européenne, explicable notamment par un certain nombre de réflexes traditionnels. [...]
[...] Il faut attendre 1973 pour que le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark adhèrent à la Communauté européenne. La faiblesse de cette adhésion au processus de construction européenne, qui réapparaît avec la renégociation du traité d'adhésion en 1979-1980, le fameux rabais britannique arraché de haute lutte par Margaret Thatcher en 1984, est aussi le reflet de réflexes britanniques traditionnels. Le faible engagement britannique rappelle le splendide isolement de la fin du XIXe siècle et la distance du Royaume-Uni vis-à-vis des tensions qui se faisaient jour sur le continent dans les années 1930, illustrées par la force du courant pacifiste et de l' appeasement Coupé par la Manche des affaires du continent, le Royaume-Uni est aussi occupé par ses possessions outre-mer. [...]
[...] Ceci enlève au Royaume-Uni son caractère de Thalassocratie selon l'expression de P.Chassaigne. Il est intéressant de voir que le relatif retour en force économique et diplomatique du Royaume-Uni sous le règne de la Dame de fer correspond également à un regain de tension vis-à-vis de l'Europe, comme si le Royaume-Uni se retrouvait alors des réflexes d'autonomie. Cela se traduit notamment par le conflit qui l'oppose à l'Argentine autour des îles Falkland. Ce conflit anachronique et ultra-moderne à la fois met les Etats- Unis mal à l'aise en les forçant à choisir entre deux camps alliés. [...]
[...] Ceci ne saurait finalement nous faire oublier l'indéniable proximité qui s'est dans les faits tissée entre le Royaume-Uni et l'Europe au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Commencée en 1951 avec le traité de Paris, la construction européenne se fait bien longtemps sans le Royaume-Uni. Celui-ci crée d'abord une structure concurrente en 1959, l'Association Européenne de Libre Echange, avec notamment la Norvège, le Danemark et la Suisse. Fondée sur un marché commun de produits industriels, cette association résume bien la façon dont le Royaume-Uni conçoit son engagement européen : des clauses purement économiques ; l'absence d'organisme supranational et donc de remise en cause de la souveraineté. [...]
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