Les rapports à la religion comme objet et fait social ont structuré la construction des sociétés nationales et les États-nations qui composent aujourd'hui l'Union européenne. Que ce soit en accompagnant ou en se confrontant au changement social, la religion reste une ressource politique pour l'ensemble des États membres de l'Union européenne. Mais débattre, même succinctement de la religion comme une ressource politique, c'est d'abord s'interroger sur les moyens d'être « une ressource politique ».
[...] Boomgaarden et d'André Freire[2] en 2009 indique que la religion peut influer, mais de manière indirecte au rejet de l'intégration européenne. Ce sont avant tout des valeurs et des idées politiques (lutte contre l'immigration, droit à l'avortement) en complément de la religiosité qui vont être déterminantes pour le soutien ou le rejet du projet européen. La sécularisation des sociétés européennes, y compris dans les pays d'Europe de l'Est permet d'expliquer ses résultats bien que, l'émergence d'un vote antimusulman pourrait affecter selon les auteurs leurs résultats. [...]
[...] Plus proche de nous, on peut noter que la religion est aussi une ressource de conflits politiques au Parlement européen. Le 10 décembre 2013, l'hémicycle européen était farouchement divisé autour du rapport d'initiative de l'eurodéputée socialiste portugaise Edite Estrela[4]. Ce rapport d'initiative non contraignant proposait d'inscrire le droit à l'avortement comme un droit européen et a été rejeté par la droite (PPE, CER, EFD) et une grande partie d'ALDE (centre droit) et a été combattu par l'ensemble des groupes d'intérêts et organisations confessionnelles européennes au nom du respect de la subsidiarité, mais aussi contre le dogmatisme de gauche européenne contre le respect des traditions nationales et du droit à la religion inscrite dans la charte des droits fondamentaux[5]. [...]
[...] Si la religion est une ressource politique de l'UE, elle serait avant tout une ressource secondaire et complémentaire. Secondaire, parce que les structures sociales et les espaces publics nationaux ont tous des rapports uniques entre la religion et le pouvoir politique et donc une mise en cohérence de passés différents n'est pour l'instant pas possible au niveau européen. L'ersatz d'une sphère publique européenne n'est qu'influencé à la marge des questions et des organisations religieuses. Elle est aussi complémentaire, car c'est par l'immigration, l'action sociale, les valeurs familiales que l'argument religieux va servir comme ressource politique. [...]
[...] Maxime Lefebvre, La construction de l'Europe et l'avenir des Nations, Armand Colin Hajo G. Boomgaarden & André Freire (2009) “Religion and Euroscepticism: Direct, Indirect or No Effects?”, West European Politics, 32:6, 1240-1265 Eurobaromètre, La Constitution européenne: sondage post-référendum en France Flash 171, Commission européenne, juin 2005 disponible ici On peut consulter la Fiche de procédure du rapport d'initiative sur l'observatoire législatif européen disponible ici Cependant l'instrument juridique du droit à la religion n'est pas une ressource politique réellement utilisée par la Cour de Justice de l'Union européenne mais plus au sein du Conseil de l'Europe, de la Cour européenne des Droits de l'Homme. [...]
[...] La religion: une ressource politique dans l'Union européenne aujourd'hui? Les rapports à la religion comme objet et fait social ont structuré la construction des sociétés nationales et les États-nations qui composent aujourd'hui l'Union européenne. Que ce soit en accompagnant ou en se confrontant au changement social, la religion reste une ressource politique pour l'ensemble des États membres de l'UE. Mais débattre, même succinctement de la religion comme une ressource politique, c'est d'abord s'interroger sur les moyens d'être une ressource politique Est-ce une ressource politique pour le projet d'une Union justement politique ? [...]
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