Onze ans après les accords de Dayton (novembre – décembre 1995) qui mirent fin aux combats inter-ethniques qui ravageaient la Bosnie-Herzégovine en ex-Yougoslavie depuis trois ans, et sept ans après l'intervention de l'OTAN pour mettre fin aux violences au Kosovo, les guerres de succession yougoslaves paraissent aujourd'hui terminées. Pour l'Union européenne, principal partenaire politique, économique et commercial des pays des Balkans occidentaux, le moment est opportun de faire un point sur les rapports qu'elle entretient avec ces pays, « entre l'Est et l'Ouest » (Georges Castellan) et à l'histoire mouvementée. En effet, le processus de désintégration auquel nous avons assisté depuis quinze ans semble toucher à sa fin, et l'on assiste désormais probablement à l'avènement d'une phase de réintégration des Balkans dans l'Europe.
Mais les Balkans, « artichaut politique et social » selon l'expression de Serge Sur dans la revue Questions Internationales, correspondent à des Etats-nations encore en construction, et n'ont dépassé les dérives autoritaires que tardivement. Ainsi, comment passer d'une logique d'intervention (cf. les « semi protectorats » européens en Bosnie, et au Kosovo, etc.) à une logique d'intégration européenne ?
[...] Conclusion : Les Balkans = une (dés)intégration européenne ? On peut dire en conclusion que l'avenir de cette région est plus qu'incertain : comme nous l'avons déjà dit, le 3 juin, la grande famille des Balkans s'est agrandie d'un Etat de plus puisque le Monténégro a proclamé son indépendance. Ultime acte d'un mouvement de désintégration des Balkans entamé avec l'éclatement de l'URSS, suivi de près par celui de la Yougoslavie, cette naissance marque-t-elle le début de la stabilisation de la région ? [...]
[...] Les conflits dans les Balkans remontent à la période du réveil des différents nationalismes lors du déclin de l'Empire ottoman au XIXe siècle. Plusieurs nations virent alors le jour, la plupart étant sous domination austro-hongroise jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Plusieurs de ces états attachaient peu d'intérêt à l'homogénéité ethnique, religieuse et linguistique de la population : les Albanais islamisés se sont ainsi retrouvés incorporés en grand nombre à la Serbie et à la Macédoine, deux pays chrétiens, et des Serbes orthodoxes, le peuple le plus dispersé de tous ceux de la région se retrouvèrent en Croatie et dans l'actuelle Bosnie- Herzégovine. [...]
[...] Les Balkans peuvent surtout devenir un atout pour l'Union européenne. Richesses naturelles et culturelles, rôle de carrefour cette zone ne doit pas être isolée du reste de l'Europe. Georges Castellan parle ainsi de l'extraordinaire richesse humaine dont ils sont les dépositaires Le sommet de Zagreb de novembre 2000 a de toute façon confirmé que l'intégration graduelle des Balkans était le but de la politique européenne, car c'est finalement aussi sur ses marches balkaniques que l'Union peut contribuer à la paix et la prospérité européennes. [...]
[...] l'intervention de M. Philippe Douste-Blazy sur France Inter le 7 février 2007, disant que si les Balkans veulent intégrer l'UE, ils doivent procéder à des réformes économiques et à une réforme de l'Etat de droit), et à l'acquis communautaire d'environ 80.000 lois. Or, par bien des côtés, les guerres de succession yougoslaves s'analysent d'abord comme le rejet brutal de ces valeurs et de ces méthodes, et donc comme un éloignement de celles- ci. La fin du communisme en Yougoslavie a en effet correspondu à une poussée de fièvre nationaliste comme nulle part ailleurs en Europe. [...]
[...] Certains ont déjà rallié l'Union européenne, tous aspirent à le faire. Aujourd'hui, quatre pays balkaniques appartiennent à l'Union Européenne : la Grèce (admise en tant que dixième membre des Communautés européennes en 1981), la Slovénie (admise le 1er mai 2004 avec neuf autres adhérents), la Roumanie et la Bulgarie (depuis le 1er janvier 2007). La transition des autres anciens pays socialistes vers les critères de Copenhague de 1993 n'a pas été considérée comme suffisante pour qu'ils puissent rejoindre l'Union. Seuls quatre pays ont vocation à adhérer à l'Union actuellement : la Croatie, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. [...]
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