Un banal constat s'impose : l'existence dans le cadre d'un État moderne d'une part politique et d'une part administrative.
L'administration et le pouvoir politique coexistent dans un État moderne. Leur séparation est une garantie démocratique mais leur parfaite indépendance est inconcevable. L'administration est une ressource pour le politique, de même que la politique peut être un atout pour le fonctionnaire. Comment dès lors penser les rapports entre administration et politique? Comment les organiser pour éviter certaines dérives?
Sans se limiter à une vision générale de l'administration et de la politique, il est possible d'élargir la question hors des simples rapports entre haute administration centrale et pouvoir politique exécutif. La réflexion sera donc enrichie des rapports entre administration et politique au niveau d'un côté de la fonction publique territoriale et de l'autre à celui du pouvoir législatif, des partis voire des lobbies.
[...] Réformer est également une méthode pour redistribuer les cartes, les ressources, entre l'administration et les politiques et entre les fonctionnaires eux-mêmes (déconcentration et décentralisation). Le choix par les politiques des transferts de compétences de l'administration centrale aux administrations décentralisées, ou de leurs simples délégations en est une bonne illustration. Réformer l'administration, c'est recomposer les positions des fonctionnaires et les amener, au moins en partie à revoir leurs plans de carrière et à reconduire leurs trajectoires. De même, Philippe Bezes note que la réforme de l'État a été fabriquée selon ses termes, au cours des années 1990. [...]
[...] s'accompagnant d'une gestion neutre des carrières des fonctionnaires L'indépendance entre l'administration et la politique est très forte en Europe du Nord et notamment au Royaume-Uni ou en Suède. Ceci est beaucoup moins le cas en Grèce, mais aussi en Allemagne ou en Belgique où le recrutement est certes dépolitisé, mais à l'inverse la carrière nécessite une très forte politisation. Le passage par un cabinet ministériel n'est pas nécessaire, mais a souvent un effet accélérateur. Le cabinet ministériel apparaît comme une ressource majeure et indispensable au fonctionnaire souhaitant faire une belle carrière Ce vers quoi un haut fonctionnaire veut tendre détermine son intérêt à entrer ou non dans les cabinets ministériels. [...]
[...] Ce ne serait pas uniquement dû aux réseaux peu administratifs de Nicolas Sarkozy. Les fonctionnaires semblent en effet selon Jacques Attali déserter la politique, privée de ces pouvoirs et de moins en moins attractive, au bénéfice du pantouflage ou de l'administration locale. Il en va de même dans le reste de l'Europe avec le recul de l'Etat-Providence, qui n'a pas échoué, mais, comme le démontre Pierre Rosanvallon, a été confronté à l'augmentation de l'information et du niveau d'études qui ont permis aux contribuables de comprendre ce qu'ils payaient, pourquoi ils le payaient et de comparer avec ce qu'ils recevaient. [...]
[...] Cette étude concerne cependant la haute administration, au profil sociologique radicalement différent du reste de l'administration. Par ailleurs, un marché des idées se développe (think tanks) dans lequel les politiques vont chercher ce qui leur permettra de prendre la posture de la rupture, de la réforme. ce qui pose la question de l'existence d'un pouvoir administratif L'administration a l'atout de la stabilité L'administration résiste en grande partie aux changements politiques. Elle sert donc de lien entre les gouvernements et ministres. [...]
[...] Ils peuvent cependant nuire à l'image d'une administration neutre envers le public. III . ce qui n'est pas sans susciter quelques problèmes ni réclamer certaines réformes La crainte d'une dérive bureaucratique L'administration serait-elle en train de prendre le pouvoir? Selon Georges Dupuis, l'administration serait confrontée à une concentration croissante des compétences, une segmentation croissante (cloisonnement des services, clans) et à une technocratisation croissante (recours à l'expert). L'administration tendrait à tout englober, à multiplier les tâches et les personnels. A cet égard, on notera la critique portée en France sur la décentralisation et les propositions de suppression de l'échelon départemental jugé inadapté. [...]
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