« Un projet européen ne peut se dessiner, en dehors du mondialisme et de l'atlantisme, que si l'on revient aux réalités géopolitiques. De celles-ci découlent les besoins d'identité, d'unité et de sécurité, qui dessinent les divisions naturelles de l'Union, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur » .
Le projet d'Union Européenne s'inscrit dans une double perspective, en rupture avec le passé et confiante dans le progrès. Cette rupture se traduit par l'affirmation à peine cachée du dépassement de l'Etat national, concept pourtant légitimé par l'histoire et constante géopolitique de référence , au profit d'une UE économique, bientôt sociale et politique, mais hybride et utopique. Le nationalisme ayant été l'une des causes de l'horreur des guerres et des crimes du XXième siècle, on a voulu substituer aux égoïsmes nationaux des biens matériels communément désirables et source de paix par leur abondance partagée en faisant de la prospérité le moyen principal de la paix en Europe. Cette idée est à la base même de la société matérialiste de consommation et sous ce rapport, nous pouvons constater que la construction européenne entre dans la mise en place de la perte de sens et d'un immanentisme total. Parce que l'on ne pourrait apparemment pas revenir en arrière sous peine de régression, l'UE doit aller de l'avant dans le sens du dépassement national. La construction européenne est un processus, une œuvre en perpétuel mouvement, cherchant une voie dans une multitude de futurs possibles . Si tout est possible et en mouvement, on ne peut pas s'appuyer sur des déterminations géopolitiques, mais bâtir de manière hypothétique un nouveau modèle politique déterritorialisé. Entre, les partisans de la thèse de Jürgen Habermas qui souhaite la création à l'échelle de l'Union européenne d'un Etat post-national reposant sur des fondements civiques, et un patriotisme constitutionnel ; et les nationaux-civiques, tout aussi favorables à l'UE, mais la concevant comme elle l'est actuellement, c'est-à-dire comme un processus d'intégration vers un Etat multinational, il se trouve une troisième voie. La voie que nous proposons est salutaire. Elle est un retour vers la méthode intergouvernementale, mais un retour porteur de sens. Et c'est de sens que l'Union européenne a le plus besoin.
[...] Vers un retour au réalisme politique A. Éloge de la frontière Les frontières, enveloppes externes des États, délimitent l'espace étatique et s'affermissent au fil de l'histoire, suivant les conquêtes, les guerres ou les traités. Elles protègent la communauté vivant en son sein et garantissent la souveraineté étatique. Les frontières de l'argent et de la force La mondialisation s'accompagne aujourd'hui de la montée en puissance des acteurs transnationaux au détriment des États. Les ATN sont un ensemble composite regroupant les ONG, les firmes multinationales, les opérateurs financiers, les migrants, les terroristes, mafias, et autres acteurs privés. [...]
[...] Quid de la frontière : le périmètre introuvable Un projet européen ne peut se dessiner, en dehors du mondialisme et de l'atlantisme, que si l'on revient aux réalités géopolitiques. De celles- ci découlent les besoins d'identité, d'unité et de sécurité, qui dessinent les divisions naturelles de l'Union, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur Le projet d'Union Européenne s'inscrit dans une double perspective, en rupture avec le passé et confiante dans le progrès. Cette rupture se traduit par l'affirmation à peine cachée du dépassement de l'État national, concept pourtant légitimé par l'histoire et constante géopolitique de référence[2], au profit d'une UE économique, bientôt sociale et politique, mais hybride et utopique. [...]
[...] Les mots Europe et Union européenne ne peuvent être utilisés de façon identique dans le même contexte. L'Europe en tant que continent renvoie à une définition purement géographique, délimitée par le Bosphore, l'Oural, la Méditerranée et l'Atlantique. L'Europe en tant qu'entité culturelle se définit de façon plus subjective, renvoyant à une histoire partagée, à des valeurs et une identité commune aux pays reconnus européens. Enfin, l'Europe politique se rapproche le plus de ce qu'est la construction européenne actuelle manifestée par l'UE. [...]
[...] Les conséquences de la perte de l'enracinement à une patrie, au sens de terre des pères, sont la perte d'une identité propre. Nous parlons aujourd'hui d'une crise identitaire, parce qu'elle touche l'essence même de la personne en tant que membre du corps social. Déterritorialisée, en pleine crise identitaire, l'UE fait de ses membres des individus solitaires, qui se sentent paradoxalement solidaires de l'humanité toute entière. La personne et ses cercles d'inclusions L'amalgame idéologique qui nourrit la théorie du dépassement de l'État national ne peut mener nulle part, comme nous le prouve aujourd'hui la crise que traverse l'UE depuis les refus français et néerlandais de ratifier le Traité constitutionnel et l'opacité autour de la ratification du Traité de Lisbonne. [...]
[...] Avec la Turquie c'est impossible. La Turquie est surtout asiatique. Je refuse d'expliquer aux citoyens que l'UE est aux frontières de la Syrie ou que le problème kurde est un problème européen. La Turquie aura 100 millions d'habitants en 2025, c'est-à-dire la plus grande représentation au Parlement européen, le plus de voix au Conseil S'ajoutant au problème institutionnel, la question de la reconnaissance de Chypre paraît être un argument majeur contre l'adhésion de la Turquie. Or, quand bien même la Turquie reconnaîtrait Chypre, cela n'en ferait pas une nation européenne. [...]
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