Depuis la fin des années 50, on voit se développer les programmes d'armement en coopération, marquant ainsi une rupture avec le mode de fonctionnement jusqu'alors utilisé : un développement national autonome, dans lequel le poids du secret et le sentiment de souveraineté nationale pesait beaucoup. Les pays qui, en Europe occidentale, avaient l'habitude de n'échanger que du matériel ou des technologies, se sont vite rendu compte de la nécessité de mettre en place des programmes d'armement en coopération. Cette nécessité est de plus en plus présente dans le contexte post Guerre Froide, et est aujourd'hui de plus en plus encouragée par les Etats-Unis. Les enjeux de cette coopération, multiples, s'inscrivaient alors dans le rapprochement des pays d'Europe occidentale, soucieux de construire un nouvel ensemble plus fort pouvant faire face à d'éventuelles querelles entre les pays européens, marqués au vif par les deux premières guerres mondiales et lancés dans de vastes programmes de reconstruction. Cette nouvelle conception des choses dans un domaine aussi important que la défense nationale et l'armement est passée par plusieurs phases. La mise en place de programmes bilatéraux, essentiellement soutenus par la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, puis des partenariats avec les autres pays de la Communauté économique européenne (CEE), puis de l'Union européenne (UE), pour en arriver à des programmes multilatéraux, incluant trois pays ou plus. Les années 90 ont été marquées par la création de nouvelles structures ad hoc permettant une meilleure gestion des programmes lancés en coopération, telles que l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) ou le Groupe d'armement de l'Europe occidentale (GAEO), rattaché à l'Union de l'Europe occidentale.
Depuis leurs débuts, les programmes de coopération en matière d'armement ont du faire face à de nombreux problèmes, qu'ils soient d'ordre financiers, managériaux, industriels ou politiques, bien souvent résultant d'un manque de consensus entre les différents acteurs européens, tous très attachés à des revendications nationales et divergeant sur le plan stratégique. Les intérêts stratégiques et la politique d'acquisitions sont en effet conditionnées par la culture militaire des pays, leurs zones d'influences internationales, les budgets militaires nationaux et, très souvent, des préoccupations strictement industrielles.
Ce débat, d'une Europe de la défense, est très vif et animé à l'heure où la volonté politique de créer une Europe solide et structurée connaît des problèmes. Car il faut admettre que la défense, et la sécurité commune de l'Europe, appartient aux trois critères nécessaires à la création d'une Europe fédérale qui sont : politique, économie et défense communes. L'avenir de l'Europe de l'armement est indissociable de l'évolution de la défense européenne. Mais cette défense doit aussi s'inscrire dans un projet commun pour l'Europe, qui respecte les intérêts des Etats et atténue leurs craintes d'être lésés par « plus d'Europe ».
Afin d'aller plus loin dans l'analyse, il est important de se demander quels sont les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre des programmes d'armement en coopération et quelles sont les solutions envisagées ou déjà appliquées pour résoudre ces problèmes dans le cadre de la construction de l'Europe de la défense ?
Pour cela nous étudierons dans une première partie les difficultés auxquelles doivent faire face les projets en coopération, tant sur le plan politique que sur le plan économique. Puis, dans une deuxième partie, nous verrons comment la création d'une Europe de l'armement peut aider à mettre en place l'Europe de la défense, et les moyens politiques mis en place pour la consolider et en améliorer la gestion.
[...] Au niveau de la par exemple, cela entraîne des redondances dans les dépenses, car chacun fait de son côté, et donc n'est pas très efficace. L'harmonisation budgétaire et des dépenses communes dans les programmes de recherche intéressant tous les Etats permettraient de réduire les prix. Par ailleurs, le fait que certains pays s'engagent sur des commandes, et ne les honorent finalement pas, notamment à cause de l'évolution des menaces sur des projets à long terme, entraîne une hausse des prix à l'unité, l'industriel voulant entrer dans ses frais. [...]
[...] C'est un problème récurrent dans le cadre d'une coopération à plusieurs Etats. De plus, le système en vigueur jusqu'à présent, qui était de prendre les décisions à l'unanimité, a très vite montré ses limites, car il entraînait des retards considérables dans la réalisation des programmes, et donc une obsolescence des technologies utilisées. Pour pallier à ces problèmes il faut mettre en place des institutions supraétatiques prenant le relai des Etats dans la maîtrise d'œuvre des programmes. Toujours à cause du protectionnisme des Etats européens, il existe des problèmes de maîtrise d'œuvre dans les programmes. [...]
[...] Ceci demande alors une ouverture des marchés concernant l'armement en Europe et passe par la création de grands groupes européens tels que EADS, Thalès ou encore BAé Systems. On peut tenter de sauvegarder les différentes entités nationales en favorisant les coopérations, puis les fusions, tout en laissant aux Etats l'espace suffisant pour que les lois du marché ne conduisent pas à l'éradication des tissus industriels nationaux. Cette coopération aurait pour but de diminuer les coûts globaux, tout en augmentant l'efficacité industrielle des projets, dans un contexte où les budgets d'armement diminuent de plus en plus. [...]
[...] L'avenir de l'Europe de l'armement est indissociable de l'évolution de la défense européenne. Mais cette défense doit aussi s'inscrire dans un projet commun pour l'Europe, qui respecte les intérêts des Etats et atténue leurs craintes d'être lésés par plus d'Europe Afin d'aller plus loin dans l'analyse, il est important de se demander quels sont les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre des programmes d'armement en coopération et quelles sont les solutions envisagées ou déjà appliquées pour résoudre ces problèmes dans le cadre de la construction de l'Europe de la défense ? [...]
[...] Les problèmes rencontrés dans le développement des programmes d'armement en coopération : permanences et changements Depuis la fin des années 50, on voit se développer les programmes d'armement en coopération, marquant ainsi une rupture avec le mode de fonctionnement jusqu'alors utilisé : un développement national autonome, dans lequel le poids du secret et le sentiment de souveraineté nationale pesaient beaucoup. Les pays qui, en Europe occidentale, avaient l'habitude de n'échanger que du matériel ou des technologies, se sont vite rendu compte de la nécessité de mettre en place des programmes d'armement en coopération. [...]
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