La question du bouclier antimissile est extrêmement ancienne et récurrente pour chaque administration américaine depuis la fin de la 2nde Guerre Mondiale et en particulier depuis le développement des missiles intercontinentaux, confirmé par le lancement du satellite Spoutnik. Au tournant du 21e siècle, l'Administration Bush a décidé de relancer le projet de défense antimissile, arguant des nouvelles menaces de prolifération. Au projet purement national, s'est ajoutée l'extension du système de sécurité que les Etats-Unis espéraient implanter en Europe centrale.
Le projet a été relativement controversé en Europe. La Russie s'est vigoureusement opposée à ce qu'elle percevait comme une atteinte à sa sécurité et a menacé à plusieurs reprises de représailles. Les Etats de l'Union européenne tergiversaient et les débats internes ne parvenaient qu'à dégager difficilement un consensus au niveau national et encore plus au niveau européen. La défense antimissile est un sujet, tel que le définit François Géré, « techniquement aride et politiquement subtil ».
Dans quelle mesure le débat sur la défense anti-missile a-t-il été importé depuis les Etats-Unis et quel est le rapport, souvent conflictuel, de la défense anti-missile avec la dissuasion nucléaire ?
[...] Il correspondait également davantage aux attentes et besoins des Européens, sans remettre en cause comme dans le cas de la défense antimissile globale la dissuasion nucléaire. Le système antimissile américain en Europe centrale, technologiquement possible mais dont l'efficacité peut être en partie remise en cause, est avant tout une arme politique. On peut noter un débat tout à fait similaire en Asie où le développement du bouclier antimissile est tout aussi majeur, irrite Pékin et se sert comme excuse du régime nord-coréen. [...]
[...] L'augmentation de la portée des radars a pour effet de diminuer la précision du positionnement, ce qui nécessite de nombreux radars tout le long de la course du missile pour constamment rafraîchir l'image et recalculer la trajectoire et la position, pour essayer de l'arrêter. Enfin, le système Airborne Laser équipe un avion pour affaiblir le blindage d'un missile le rendant ainsi vulnérable à son passage dans l'atmosphère. Il est surtout efficace en phase ascendante, puisqu'il ne peut agir en phase de mi-course et difficilement en phase descendante. Le terme de défense multicouche, fréquemment utilisé, est faux. [...]
[...] Selon André Dumoulin, on a assisté à une large cacophonie de la part des Etats européens sur la question du bouclier anti-missile. Les Etats européens ont adopté des positionnements assez divers mais toujours empreints d'une certaine ambiguïté. Le projet de bouclier antimissile en Europe centrale a irrité une partie des Etats européens, principalement la France et l'Allemagne pour deux raisons majeures. En premier lieu, l'installation du bouclier a consisté en une négociation bilatérale d'accords directs entre les Etats-Unis, la Pologne et la République tchèque, qui s'est faite en contournant les organisations régionales que ce soit l'Union européenne, l'OSCE et même l'OTAN. [...]
[...] Ainsi la Pologne préfère utiliser des sites de Patriots pour défendre ses villes et ses sites sensibles contre les missiles à courte et moyenne portée de la Russie plutôt que des systèmes destinés à défendre les USA contre des missiles provenant d'Iran, qui survoleraient son territoire. Il y a eu une forte opposition des Etats qui s'investissaient dans le projet de l'OTAN (Pays-Bas) et dans la PESC en ce qui concerne la lutte contre la prolifération ou la protection contre les missiles balistiques (France, Allemagne, Italie). L'Espagne soutient de la défense antimissile, elle a également équipé certains de ses navires du système AEGIS. Parler de défense antimissile européenne dans l'OTAN interrogerait inévitablement le futur de l'organisation. [...]
[...] Chirac, ainsi que la création en 2002 du Conseil OTAN/Russie au cours du Conseil de Prague a réduit la marge de manœuvre des Etats-Unis sur le continent. Les controverses soulevées en Europe Une contestation de son efficacité L'efficacité du bouclier anti-missile a été largement contestée. Elle était jugée faible ou inopérante face aux armes dont disposaient actuellement les Rogue States et peu appropriée dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. Pour certains, il s'agirait d'une erreur dans la définition de la menace. [...]
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