L'élection du Parlement Européen au suffrage universel direct, à partir de 1979, avait vocation à favoriser l'émergence et le renforcement de partis politiques européens aptes à structurer un espace public européen, sur le modèle du processus observé auparavant dans les démocraties occidentales.
Ces partis européens existent, en théorie, depuis 1976, date de la création du Parti Populaire Européen. Francisco Roa Bastos les définit « comme des organisations qui rassemblent des partis nationaux de pays européens en une association extra parlementaire sur la base d'affinités partisanes et d'un programme d'action politique centré sur l'Union Européenne ». Sept partis européens répondent à cette définition : le Parti Populaire Européen (PPE), le Parti Socialiste Européen (PSE), le Parti Européen des Libéraux, Démocrates et Réformateurs (ELDR), le Parti Démocratique des Peuples d'Europe – Alliance Libre Européenne (PPDE-ALE), le Parti de la Gauche Européenne (PGE), le Parti Vert Européen (PVE), et le Parti Démocrate Européen (PDE). Ils sont évidemment en lien avec les partis politiques nationaux qu'ils fédèrent, mais aussi avec les groupes politiques qui leur font écho au Parlement Européen.
L'existence de ces partis européens est justifiée par leur rôle de démocratisation de l'Union Européenne. Ils sont censés permettre un débat politique européen plus lisible, car libéré des interférences avec des débats purement nationaux.
Les partis européens peuvent-ils structurer un débat politique européen ?
Les questions européennes sont encore très largement l'apanage des partis politiques nationaux (A). Les partis européens ont toutefois acquis une dimension symbolique non négligeable au niveau européen (B). Cette importance symbolique semble être le préalable à un accroissement de leur pouvoir politique réel, qui leur donnerait la possibilité de structurer un débat politique européen (C).
[...] La faiblesse des partis européens est particulièrement tangible lors des votes sur les questions européennes. Ainsi, lors des élections européennes, les candidats sont choisis par les partis politiques nationaux, et les stratégies électorales sont souvent dessinées à partir d'enjeux nationaux. De même, lors de la campagne référendaire française de 2005, l'intervention des partis européens s'est limitée à l'apparition de quelques personnalités non françaises lors de meetings. ( Une telle suprématie des partis politiques nationaux s'explique aussi par un jeu institutionnel qui leur est favorable Les partis politiques nationaux ont un rôle qui outrepasse celui des partis européens à l'échelle européenne, puisque le Conseil des ministres et le Conseil de l'Union Européenne sont essentiellement composés d'acteurs politiques nationaux. [...]
[...] Enfin, les partis politiques nationaux peuvent faire pression sur les partis européens. En effet, le financement des partis européens est géré par le Parlement Européen, et donc par les groupes parlementaires en son sein. Or, les partis politiques nationaux choisissent leur groupe parlementaire d'appartenance. Les partis européens ont toutefois acquis une dimension symbolique non négligeable au niveau européen ( Les partis européens ont réussi à se donner une certaine visibilité Les sept partis européens ont franchi un pas symbolique important en assumant tous l'intitulé parti Ils se sont également dotés de logos, en vue de davantage de lisibilité. [...]
[...] Dès lors, les partis européens pourraient proposer une grille de lecture claire des enjeux politiques européens, notamment en les dissociant des enjeux nationaux. Ils structureraient de fait un véritable débat politique européen. Bibliographie ( Francisco Roa Bastos, Des fédérations européennes de partis aux europartis : une approche du phénomène partisan au niveau européen, s. [...]
[...] Les partis politiques au niveau européen sont importants en tant que facteur d'intégration au sein de l'Union. Ils contribuent à la formation d'une conscience européenne et à l'expression de la volonté politique des citoyens de l'Union. (Article 138A) Cet article du traité de Maastricht est repris par l'article 191 du traité de Nice, qui rajoute un second alinéa : Le Conseil ( ) fixe le statut des partis politiques au niveau européen, et notamment les règles relatives à leur financement. [...]
[...] Cela marque une volonté de structurer le débat politique européen. Les partis européens insistent sur une communauté de valeurs (par exemple démocrates-chrétiennes au PPE) entre les partis nationaux membres pour montrer que ce désir de visibilité se fonde sur une identité véritable. Cette communauté de valeurs permet des prises de position communes, et ainsi une politisation des décisions prises par le Parlement Européen. Lors des élections européennes, une plate-forme programmatique commune est proposée aux partis politiques nationaux. Si sa portée politique réelle est faible, sa valeur symbolique est importante. [...]
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