La construction européenne s'est réalisée sur la base d'une volonté de rapprochement d'Etats dont l'histoire et les valeurs (christianisme, démocratie, économie de marché surtout) avaient conduit à une certaine « convergence », convergence qui se caractérisait aussi par un certain nombre de confrontations souvent très douloureuses. L'Europe unie s'est donc édifiée sans se poser dans un premier temps la question de son identité ou de la détermination de ses frontières. Ce n'est qu'après la chute du mur de Berlin et dans le cadre d'une dynamique d'élargissement que le besoin d'une définition, notamment celle de conditions d'admission, est apparu. Or la Méditerranée est, à cet égard, un cas à part puisque par l'histoire, les échanges de marchandises, le tourisme et les migrations, les économies méditerranéennes sont depuis longtemps déjà fortement intégrées à l'espace européen. L'élargissement de l'Union a donc naturellement appelé à une redéfinition de ses relations avec ses plus proches voisins du Sud. C'est dans ce cadre que le choix d'un partenariat, instaurant de nouvelles règles du jeu dans les rapports entre l'Union Européenne et les pays méditerranéens, s'est imposé.
[...] Quelles perspectives pour le partenariat euro-méditerranéen ? La critique d'un nouveau pacte colonial : le nouveau partenariat qui se voulait un engagement réciproque basé sur la concertation et la coopération des différents acteurs a été paradoxalement remis en cause très rapidement par un certains nombres d'observateurs qui ont dénoncé une tentative néocolonialiste. Selon eux, le partenariat vise surtout à conserver des intérêts stratégiques des Européens en Méditerranée (hydrocarbures, main d'œuvre bon marché la préoccupation du développement des pays associés masquant en réalité le besoin de sécurité de l'Europe forteresse Ils avancent de plus que les pays du Maghreb et du Machrek ont acceptés ce partenariat sous une double menace : la marginalisation d'un espace économique mondial ayant tendance à se régionaliser et l'effet d'éviction lié à l'intégration des PECO (en terme d'investissement et d'échange commercial notamment). [...]
[...] C'est dans ce cadre que le choix d'un partenariat, instaurant de nouvelles règles du jeu dans les rapports entre l'Union Européenne et les pays méditerranéens, s'est imposé. Les facteurs et les enjeux de l'élaboration d'un partenariat euro- méditerranéen Tout d'abord, le rapprochement entre l'Union Européenne et les Etats méditerranéens n'est absolument pas arbitraire puisqu'il s'imposait comme une évidence géographique et historique. En effet, selon J.L Bourlanges, la frontière sud de l'Europe est historique puisque avant l'invasion arabe puis turque, la Méditerranée était une mer intérieure de l'Empire romain. [...]
[...] La Méditerranée constitue donc une frontière politique depuis peu. Mais l'histoire n'étant pas irréversible, elle n'est absolument pas étanche. En effet, concernant les flux économiques et humains, la Méditerranée demeure une passerelle privilégiée entre deux continents. Ainsi, sur le plan commercial, la Méditerranée représente un grand marché pour l'Europe puisque c'est la région du monde où les Douze réalisaient leur plus fort excédent en 1993 (18 milliards de dollars) car l'excédent massif sur les produits manufacturés l'emporte structurellement sur le déficit énergétique. [...]
[...] Cependant, à court terme, un certains nombre de défis se dressent, notamment pour les pays Méditerranéens les plus fragiles. En effet, tout l'enjeu consiste à parvenir à une accélération de la croissance et à une modernisation des structures économiques et sociales, dans un environnement beaucoup plus concurrentiel, devant déboucher sur l'instauration du libre échange (qui paraît relativement précoce compte tenu du niveau de développement industriel des pays méditerranéens ce qui se traduit inévitablement aujourd'hui par un creusement du déficit commercial. [...]
[...] Le partenariat euro-méditerranéen Les 27 et 28 Novembre 1995 à Barcelone, lors de la conférence euro- méditerranéenne, les Quinze et 12 pays méditerranéens adoptent la Déclaration de Barcelone. Les 12 pays méditerranéens : L'Algérie, Chypre, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie + l'autorité Palestinienne (représentée par Yasser Arafat). Les pays participants à la Conférence euro-méditerranéenne de Barcelone :soulignant l'importance stratégique de la Méditerranée et animés par la volonté de donner à leurs relations futures une dimension nouvelle, fondée sur une coopération globale et solidaire, qui soit à la hauteur de la nature privilégiée des liens forgés par le voisinage et l'histoire ] décidés à créer pour leurs relations, un cadre multilatéral durable, fondé sur un esprit de partenariat, dans le respect des caractéristiques, des valeurs et des spécificités propres à chacun des participants ] convaincus que l'objectif général consistant à faire du bassin méditerranéen une zone de dialogue, d'échanges et de coopération qui garantisse la paix, la stabilité et la prospérité exige le renforcement de la démocratie et le respect des droits de l'homme, un développement économique et social durable et équilibré, la lutte contre la pauvreté et la promotion d'une meilleure compréhension entre les cultures Le partenariat est multilatéral et se concentre sur trois volets : - le partenariat politique et de sécurité : définir un espace commun de paix et de stabilité L'objectif principal est de mettre en place un dialogue politique renforcé et régulier. [...]
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