Taïwan, proclamation, construction européenne
Dans la présente contribution, nous allons tenter d'apporter des éclaircissements sur un événement relativement peu connu de la période récente de l'histoire contemporaine qu'est la proclamation de Taïwan du 7 décembre 1949.
Pour ce faire, ce dossier abordera la question du point de vue de l'historien et du politologue des relations internationales. Cela demandera un très bref aperçu de l'histoire des liens unissant l'île de Taïwan à la Chine continentale avant d'analyser plus longuement la période qui a suivi la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Dans un deuxième temps, ce travail analysera la manière dont la presse avait couvert la proclamation de Taïwan et les événements liés à la guerre civile chinoise qui l'ont précédée et suivie de près.
Quatre quotidiens distincts représentant, par hypothèse, des orientations – ou « couleurs » – différentes ont été sélectionnés : Le Drapeau Rouge, La Libre Belgique, Le Soir et finalement Le Monde.
[...] L'armée de Paï Tchoung Si est forte de 200.000 hommes. C'est, sans doute, la seule force organisée dont dispose encore le Kuomintang sur le territoire continental de la Chine Le Tonkin refuge des débris de l'armée du Kuomintang ? Le Drapeau Rouge décembre 1949, p Tchang-Kaï-Chek s'enfuit à Formose tandis que les armées populaires chinoises convergent vers Tchoung-Tou Le Drapeau Rouge décembre 1949, p La grande métropole chinoise Shanghaï est tombée mercredi matin au pouvoir des forces communistes La Libre Belgique mai 1949, p Chang Kaï-Shek se réfugie dans le sud de Formose La Libre Belgique juin 1949, p On peut citer par exemple Aux avant-postes de Nankin, les nationalistes sont pressés par les rouges qui ont franchi le Yang-Tsé La Libre Belgique avril 1949, p ; Les troupes communistes ont pénétré dans la capitale, abandonnée par la partie adverse La Libre Belgique avril 1949, p ; Les communistes progressent en direction de Canton La Libre Belgique août 1949, p ; La série ininterrompue de succès communiste La Libre Belgique, 1er novembre 1949, p ; etc Hong Kong, verrou de la Chine du Sud La Libre Belgique mars 1949, p Que peut Mao Tsé-Tung ? [...]
[...] Presque trois mois se sont écoulés depuis la chute de la métropole de Shanghai, ce qui offre une occasion de regarder de plus près les premiers changements introduits par les communistes. Force est de constater que dans tous les domaines de la vie de tous les jours, les communistes ont resserré la visse alors qu'au moment des prises des villes les choses se passaient dans le calme. Le quotidien français se préoccupe également des difficultés commerciales que provoque la guerre civile et laisse transparaître des positions inverses à celles des Américains quant à ce qui serait souhaitable pour Taïwan dans l'avenir[77] : En ce qui concerne la question de l'île de Formose, les Anglais estiment qu'après la chute de Canton il faut empêcher à tout prix que le blocus nationaliste ne continue à provenir de cette île : Formose doit être neutralisée. [...]
[...] Le 7 décembre 1949, Tchiang Kaï-Shek est obligé de fuir la Chine continentale pour Taïwan. Il emmène avec lui approximativement deux millions de personnes[21], dont environ un demi-million de soldats et plus d'un million de civils[22]. Le même jour le maréchal proclame Taipei capitale provisoire de la République de Chine et interdit tout lien avec la Chine continentale tenue par les communistes[23]. Le régime nationaliste de parti unique du Kuomintang, déjà autoritaire à l'origine, a vu renforcer son caractère autoritaire[24] avec le retrait à Taïwan[25]. [...]
[...] En face, l'Armée populaire de libération était soutenue par l'Union soviétique par le biais de conseillers militaires expérimentés et de livraisons d'armes, dont certaines provenaient de Mandchourie où l'Armée rouge avait mis les Japonais en déroute en 1945. Du reste, les communistes pouvaient également compter sur de grandes quantités d'armes américaines que les nationalistes abandonnaient dans leur retraite. La proximité entre Mao Tsé-Tung et l'Union soviétique renforçait la conviction américaine qu'une Chine communiste ne serait pas un pays indépendant, mais bien un satellite de plus victime de l'impérialisme soviétique[9]. [...]
[...] De documents américains divulgués plusieurs années après les faits il ressort que, compte tenu de la faiblesse du régime nationaliste replié sur l'île de Taïwan, les Etats-Unis envisageaient sérieusement de reconnaître la République populaire de Chine[31]. La condition sine qua non d'une telle reconnaissance aurait été que la Chine populaire honore les obligations et les dettes contractées par les nationalistes et surtout qu'elle ne s'allie pas à l'Union soviétique[32]. Les événements ont montré que, percevant la Chine maoïste comme un domino de plus dans le jeu impérialiste de l'Union soviétique, les Etats-Unis ont étendu leur stratégie du containment celle-ci[33]. [...]
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