En France, on a coutume de se méfier des lobbies et encore plus s'ils ont un lien quelconque avec les Eglises. Pourtant, au sein de ce que l'on pourrait appeler l'opinion publique européenne, les lobbies et particulièrement les groupes de pensée à caractère religieux sont appréciés.
Quelle est la réalité de ces rapports ? Quelles interrogations ils suscitent ? Est-il acceptable que les Eglises influencent les décisions des élus du peuple ? La participation des groupes religieux et de pensée dans les institutions européennes est-elle une réponse une réponse au déficit démocratique de l'Union, que l'on décrie si souvent, ou est-ce au contraire la marque d'un retour inquiétant et regrettable du religieux dans les affaires politiques ? En toile de fond se pose naturellement la question de la laïcité ou non de l'Europe ?
2 grandes questions lancinantes sclérosent l'activité européenne :
- la première question est celle du déficit démocratique de l'UE : comment rendre l'UE plus proche des citoyens ? Est-ce que l'expression de ces groupes issus de la société civile répond à ce déficit ? Peut-on considérer que la participation de groupes religieux dans les institutions est un progrès pour la démocratie communautaire ? Faut-il réglementer ces relations ?
- la deuxième question est celle de l'identité européenne : qui dit religion, dit héritage religieux. Faut-il voir dans la participation accrue des groupes religieux le début d'une reconnaissance de la place prépondérante des Eglises en Europe ? Ou faut-il considérer cette participation comme une tentative d'influencer la politique européenne dans le sens d'un retour du religieux ? En toile de fond se pose naturellement la question de la laïcité ou non de l'Europe ?
Je vais donc tenter de répondre successivement à ces questions, en n'oubliant néanmoins pas d'expliquer les enjeux, les moyens, et les modes d'actions de ces groupes.
Ma première partie s'intitule « la participation des groupes religieux et de pensée à Bruxelles ou la démocratie associative au secours du déficit démocratique européen » : j'évoquerai dans cette partie l'histoire récente des groupes religieux au niveau communautaire, je tenterai de donner une définition de ces groupes avant d'expliquer les modes d'action de ces groupes auprès de la Commission et du Parlement.
Ensuite, dans une deuxième partie, je m'interrogerai sur le bien fondé, la légitimité et les éventuels dangers d'une telle participation religieuse au niveau communautaire en soulignant les dérives possibles et m'interrogeant pour finir sur la finalité de cette participation.
[...] Les groupes religieux, un parasite pour la politique communautaire ? Au cours des dix dernières années, on note une dynamique d'institutionnalisation des rapports religions/Union européenne, mais non une officialisation garantie par le droit et ce, pour deux raisons : d'abord, comme je l'ai déjà dit, parce que les institutions veulent laisser une entière liberté d'expression à la société civile, ensuite, et c'est là le point essentiel, c'est qu'une officialisation des rapports entre politique et religieux poserait le problème de la définition des groupes religieux. [...]
[...] Enfin, l'actuel président de la Commission Romano Prodi a relancé le débat. En 2000 il a lancé le livre blanc sur la gouvernance dans l'Union européenne, qui vise à rendre le travail des institutions européennes plus transparentes : il souhaite entre autres une participation accrue de la société civile Dans la réalité, cette volonté d'ouverture et de rapprochement du citoyen européen, correspond à une ouverture des institutions à divers groupes de pression, ou d'influence dont les groupes religieux et de pensée font partie Définition des groupes religieux et de pensée Intéressons nous maintenant au côté pratique des choses : comment s'organisent ces groupes ? [...]
[...] Les groupes religieux et de pensée et les institutions européennes En France, on a coutume de se méfier des lobbies et encore plus s'ils ont un lien quelconque avec les Eglises. Pourtant, au sein de ce que l'on pourrait appeler l'opinion publique européenne, les lobbies et particulièrement les groupes de pensée à caractère religieux sont appréciés. Quelle est la réalité de ces rapports ? Quelles interrogations ils suscitent ? Est-il acceptable que les Eglises influencent les décisions des élus du peuple ? [...]
[...] On commence à parler ça et là d'un retour du religieux, la thématique de l' âme européenne témoigne ainsi de la quête d'une identité européenne qui passe par un réinvestissement du passé et une meilleure connaissance des racines religieuses de notre culture.A cette fin a été mis en place le programme communautaire Culture 2000 adopté par le Parlement européen en 1999, visant la promotion de la connaissance mutuelle de l'histoire, des racines et des valeurs culturelles communes aux peuples de l'Europe, ainsi que de leur héritage culturel commun De plus, le fait que le prix Robert Schuman, qui récompense une personnalité connue pour son activité en faveur de l'unité européenne, ait été décerné à des personnalités religieuses (au cardinal Poupard en 1988 et au frère Roger de Taizé en 1992) montre que la contribution d'Eglises ou de mouvements religieux à la construction de l'unité européenne est reconnue. Tous ces mouvements vont dans le sens d'une reconnaissance de l'influence et de l'héritage religieux européen. Cependant, reconnaître cet héritage, c'est implicitement lancer le débat sur la place que doivent occuper aujourd'hui les religions dans les institutions. [...]
[...] Officiellement, les groupes d'intérêts qu'ils soient religieux, de pensée ou à caractère économique ont deux modes d'actions sur la Commission. - ils peuvent siéger dans des comités ad hoc créés pour répondre à une problème précis (c'est le cas par exemple pour le groupe OCIPE (Office catholique d'information sur les problèmes européens) qui a participé au groupe de réflexion, le Forum des migrants, à l'initiative de la Commission) - ils peuvent se faire entendre au moment des consultations, que ce soit par l'intermédiaire des livres verts (documents consultatifs effectués avant la rédaction des livres blancs de la Commission), par l'envoi de rapports aux Commissaires sur certaines questions relatives au programme de travail de la Commission. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture