Si Raymond Aron évoque les termes de « pollution de la démocratie » pour qualifier l'action des groupes d'intérêts, on pourrait penser qu'il s'agit au contraire d'un moyen de pallier aux manques ou aux excès de la classe politique. En effet par définition le groupe d'intérêt cherche à exercer une influence sur le pouvoir et les décideurs politiques. Il se différencie du parti politique dans la mesure où son but ultime n'est pas la représentation mais plutôt la promotion et la défense de leurs intérêts propres. Le groupe d'intérêt est donc un regroupement organisé de personnes dont l'action est d'informer, d'influencer et de contribuer à la réalisation d'une décision ou au contraire l'empêcher. De par sa définition le groupe d'intérêt apparaît donc plutôt comme un élément du pluralisme démocratique, le fonctionnement de la démocratie européenne étant basé sur la participation directe des citoyens européens. L'influence des groupes d'intérêts sur la démocratie européenne demande de se poser la question de savoir si ceux-ci seraient une source de légitimité autre que celle exprimée par les élections au suffrage universel des députés européens, qui est un autre marqueur de la démocratie européenne. Mais en même temps, face à l'augmentation exponentielle des groupes d'intérêts européens, on peut se demander si l'Europe qui se crée n'est pas avant tout celle des intérêts avant d'être celle des citoyens européens.
[...] Surreprésentation des intérêts les plus puissants Les critiques adressées aux groupes d'intérêts sont connues : seuls les intérêts les plus puissants, tels économiques ou ceux de la grande industrie sont en mesure de s'organiser efficacement et de faire valoir leurs idées. Ainsi la plupart des associations européennes sont des groupes d'intérêts économiques. Et des associations reconnues par la Commission européenne appartiennent à des organisations professionnelles d'employeurs ou de syndicats des intérêts défendus par les acteurs de la société civiles sont sectoriels. [...]
[...] Les groupes d'intérêts économiques ont toujours une longueur d'avance. C'est par exemple presque toujours le cas dans le combat entre groupes écologistes et industriels. Il est tout de même nécessaire de relativiser mon propos car la tendance actuelle de la construction européenne va de plus en plus vers la reconnaissance des préoccupations citoyennes. Aujourd'hui, sont représentés à Bruxelles le Forum Jeunesse, le lobby européen des femmes, le lobby écologiste et celui de défense des consommateurs. B. Manque de transparence dans le fonctionnement et les actions des groupes d'intérêts européens Thierry Lefebvre dans son article l'art et la manière d'être lobbyiste qualifie ainsi le lobbying : c'est l'art et la manière d'influencer les décideurs. [...]
[...] Les groupes d'intérêts, éléments déterminants du pluralisme démocratique dans l'Union Européenne A. La construction européenne facteur de convergence des intérêts nationaux Actuellement, selon les estimations il y aurait 3000 groupes d'intérêts exerçant leurs activités auprès des institutions européennes. Cependant le développement de ces groupes à l'échelle de l'UE est un phénomène récent. En effet, c'est à partir de l'Acte Unique de 1986 qui réaffirme la réalisation du marché intérieur et l'élargissement des compétences communautaires que l'UE doit faire face à la confrontation d'intérêts de plus en plus nombreux et contradictoires qui s'organisent au niveau européen. [...]
[...] Le fonctionnement interne des groupes d'intérêts est également critiquable. D'une part, l'intérêt des individus ou des minorités se retrouve fortement marginalisés lorsque le groupe est du plus important du point de vue du nombre. D'autre part, les interventions de ces groupes échappent à la régularité juridique et au respect des règles. De plus le choix d'actions se voulant spectaculaires par les acteurs de la société civile sont la cause de débordements lors de manifestations et ne contribuent pas vraiment à améliorer l'image de ces acteurs dans l'opinion publique. [...]
[...] De plus le nouveau traité de constitution européenne consacre la démocratie participative et exige que les institutions de l'Union entretiennent un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile Les groupes d'intérêts constituent ils une phase transitoire vers la mise en place d'une Europe politique. ? Bibliographie Michel OFFERLE, Sociologie des groupes d'intérêts. Montchrestien 1998. Bertrand VAYSSIERE, Groupes de pression en Europe, Privat 2002. Jacques BASSO, les groupes d'intérêts, les groupes de pression et le fonctionnement de la démocratie en société civile européenne in Pouvoirs Les groupes d'intérêts et l'UE in Politique européenne printemps 2002. Fondation Robert Schuman : www.robert-schuman.org. [...]
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