“We always come back to the same dilemma: in or out of Europe. To be in or out of Europe, that is the question.” Ces quelques mots prononcés par Tony Blair le 27 juillet 1999 expriment parfaitement l'ambiguïté de la relation qui existe entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne aujourd'hui composée de 25 membres.
Depuis son adhésion à la CEE (communauté économique européenne), la Grande-Bretagne n'a cessé d'être considérée comme le partenaire « réticent » et « difficile » de l'Union. En effet, entrée dans la communauté fautes d'autres solutions, elle a ensuite fait obstacle à la plupart des politiques susceptibles de renforcer la dimension fédérale de l'Europe : union économique et politique, charte sociale, approfondissement des instituions…Cette attitude à suscité de nombreuses critiques chez les partisans de l'Union Européenne qui continuent de voir en la Grande-Bretagne l'image de la « perfide Albion », la stigmatisant comme le pays de l'euroscepticisme ou le « mauvais élève de l'Europe ».
Cette conception traduit-elle une réalité ou bien ne constitue-t-elle qu'une expression du « malentendu entre britanniques et européens » comme le suggère le titre du livre de Pauline Schnapper ? De fait, il faut reconnaître que contrairement à beaucoup d'idées reçues, la Grande-Bretagne ne s'est pas toujours montrée rétive aux exigences de l'Union et qu'elle représente parfois même l'archétype de l'intégration réussie.
Nous verrons ainsi que si la singularité britannique entraîne une certaine réticence de la Grande-Bretagne à l'égard de l'Union Européenne, cette prudence ne peut empêcher l'européisation progressive des institutions et des attitudes britanniques.
[...] La politique européenne de la Grande-Bretagne depuis 1973 : conversion ou résignation ? Une stratégie défensive Globalement, la participation du Royaume-Uni à la CEE a été marquée par une série de réflexes frileux et défensifs entraînant une demande régulière de dérogations, d'accommodements et d'exceptions. A l'élaboration d'une politique à long terme est préférée une recherche d'avantages à court terme. La stratégie défensive de la Grande-Bretagne consiste d'abord en une ambiguïté des gouvernements face à l'opinion publique. En effet, tout en affirmant à maintes reprises l'irréversibilité de l'adhésion à l'Union, les gouvernements n'ont jamais réellement pris position en faveur de l'UE. [...]
[...] Au moment de l'adhésion, seuls quatre ministères étaient concernés : le ministère de l'agriculture, des pêches et de l'alimentation, le ministère du commerce et de l'industrie et le ministère des finances. Désormais, avec l'élargissement des compétences de la communauté, quasiment tous les ministères sont concernés. Malgré l'existence du Secrétariat, le ministères des Affaires étrangères (Foreign and Commonwealth Office) joue un rôle central dans la politique européenne. Le ministre des Affaires étrangères accompagne le Premier ministre lors des conseils européens. En outre, lorsque la Grande-Bretagne assure la présidence de l'Union, il préside en général le conseil des ministres. Il est également responsable des relations directes avec les autres partenaires de l'Union. [...]
[...] C'est surtout le cas de la PAC (politique agricole commune) et de la politique budgétaire. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni a mis en place une politique agricole permettant aux consommateurs de bénéficier de prix très bas alignés sur les prix mondiaux sans léser les agriculteurs qui profitent du système de deficiency payments Les ajustements requis par la PAC sont exigeants puisque ils imposent à la Grande-Bretagne d'ouvrir ses frontières aux produits agricoles communautaires et de rapprocher progressivement ses prix internes de ceux de l'Union. [...]
[...] De fait, le poids de la Grande-Bretagne dans le monde tend à diminuer dans les années 60 et elle est confrontée à une faiblesse de son économie avec un lourd endettement. L'intégration à la communauté européenne lui fournit alors des perspectives plus favorables avec des débouchés supplémentaires et un rôle politique international renforcé. Pourtant, ce revirement inattendu de la Grande-Bretagne n'est pas accueilli de manière enthousiaste puisque sa première et sa deuxième candidature à la CEE sont refusées à cause du veto français (1963 et 1967), De Gaulle accusant le Royaume-Uni d'être le cheval de Troie des Etats- Unis De gré ou de force, la Grande-Bretagne semble condamnée au soutien sans participation. [...]
[...] La présidence anglaise a parfois privilégié l'intérêt national que le compromis communautaire, notamment sur le dossier concernant la pêche. Enfin, la Grande-Bretagne fait souvent preuve d'un européanisme anti-européen en voulant à tout prix préserver sa souveraineté nationale. Cette politique cherche à maintenir l'autorité des gouvernements nationaux, à contrôler plus intensément les parlements nationaux de l'activité communautaire et à appuyer l'élargissement aux pays méditerranéens pour se garantir contre la supranationalité. Une stratégie minimaliste Pour la Grande-Bretagne, l'appartenance à la communauté paraît plus subie qu'acceptée, plutôt minimisée que valorisée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture